Immobilier : à Paris, les prix baissent... avant de mieux remonter ?

Publié le 10 mars 2022 à 18h20, mis à jour le 10 mars 2022 à 18h26
Immobilier : à Paris, les prix baissent... avant de mieux remonter ?
Source : Alexander Kagan @ Unsplash

En 2021, à Paris, les prix de l’immobilier ont baissé de 1,6% en moyenne.
Un léger reflux, en forme de correctif, qui ne remet pas forcément le marché sur le chemin d’un recul durable.

Une respiration en forme de répit pour le marché de l’immobilier parisien. En 2021, pour la première fois depuis 2014, les prix des appartements et maisons de la capitale ont légèrement fléchi de 1,6%. En moyenne, le prix du mètre carré (m²) se négocie désormais à 10600 euros. 

Ce mouvement touche tous les arrondissements parisiens, à l’exception des très chics 6e, 7e et 8e. La chambre des notaires du Grand Paris note que cinq arrondissements se situent encore en dessous de 10.000 euros le m² (12e, 13e, 18e, 19e et 20e), tandis que quatre dépassent 12.000 euros le m² (Paris Centre, 5e, 6e et 7e). Le 8e les tutoie avec 11.810 euros le m². Ainsi, au 4e trimestre 2021, les prix au m² variaient de 8270 euros (quartier Amérique dans le 19e arrondissement) à 15.470 euros (quartier Invalides dans le 7e).

Léger repli correctif

Cette baisse de prix parisienne étonne dans la mesure où les prix continuent de grimper ailleurs dans la région. En 2021, l’ascension atteint +0,6% avec un m² à 6730 euros en moyenne). En petite couronne, cette hausse reste plus marquée : +2% pour les appartements, de 6 à 8% pour les maisons. 

Plus surprenant, les volumes de ventes se maintiennent toujours à des niveaux élevés dans la capitale. Avec 36.410 ventes, le niveau d'activité reste toutefois inférieur au record historique de 1999 (43.000 ventes). Il se compare néanmoins aisément à celui de 2019, antérieur à la crise sanitaire.

Thierry Delesalle, président de la commission des statistiques de la chambre des notaires du grand Paris, relativise ce repli : "On a une demande en léger repli, moins de mouvements de l'étranger (70% des acheteurs viennent de Paris). Les prix ont tellement gonflé (entre 6 et 8% depuis 2015) qu’une correction s’imposait. On enregistre un atterrissage progressif et une forme de normalisation du marché." Il précise que les propriétaires vendeurs se séparent de leur bien s’ils doivent rembourser un emprunt. En 1960, d’après les notaires du grand Paris, le mètre carré coûtait en moyenne 870 euros à Paris. "Cette explosion a annulé l’écart de prix entre les quartiers et parfois même à l’intérieur", complète Thierry Delesalle.

Les Français cherchent de grands espaces

En réalité, Paris ne fait plus recette. Selon l’Insee, la capitale perd 12.000 habitants en moyenne par ans depuis 2011. La surpopulation, la pollution et les prix trop élevés effraient les Franciliens. Christine Fumagalli, présidente du réseau d’agences immobilières Orpi, constate que la crise sanitaire accélère ce phénomène : "Les familles avec enfant en particulier cherchent à quitter les hypercentres. Ils veulent un bureau et un espace extérieur au calme, quitte à s’éloigner d’un bon réseau de transport. 73% des potentiels acheteurs cherchent une maison. La priorité des clients devient le confort chez soi." Le phénomène touche également d’autres grandes villes françaises, à l’instar de Lyon, précise encore Christine Fumagalli.

Des conditions de crédit encore très favorables, une négociation d’au moins 2 jours de télétravail par semaine et une accumulation d’épargne ont permis aux Français de concrétiser leur projet. Une étude de l’association nationale des DRH, publiée en juin 2021, révèle que depuis le début de la crise sanitaire, 30% d’entre eux ont été confrontés à des collaborateurs ayant déménagé et sollicitant l'adaptation de leurs conditions de travail.

Paris demeure la ville où le nombre de départs progresse le plus depuis le premier confinement de mars 2020. Mais attention, la baisse ne semble pas se confirmer : d’après les indicateurs avancés sur les avant-contrats, les notaires du Grand Paris attendent un prix au m² de 10.550 euros en avril 2022, limitant la baisse annuelle des prix à 0,8%. "Si les prix varient entre -1 ou +1%, on ne peut pas enregistrer de baisse ou de hausse", conclut Thierry Delesalle.


Geoffrey LOPES

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