Bien gérer son épargne

L’assurance-vie, le couteau suisse de l’épargne

Publié le 1 février 2022 à 9h00, mis à jour le 10 février 2022 à 9h55
L’assurance-vie, le couteau suisse de l’épargne

Source : iStock

L’assurance-vie permet de se constituer un petit capital sur du long terme.
Elle est exonérée d’impôts au bout de 8 ans, sa gestion est facile et ses placements nombreux.
Peu risquée, elle ne garantit néanmoins aucun rendement conséquent.

Près de deux mille milliards d’euros. L’assurance-vie reste plébiscitée par les Français, au point que l’encours total atteint presque la valeur du PIB ou de la dette hexagonale. Mieux, d’après une étude Ipsos-FFA de mars 2018, toutes les classes d’âge et toutes les catégories détiennent au moins une assurance-vie. Une diversité de profils qui n’étonne pas les conseillers en gestion : cette assurance répond à tous les objectifs, quelle que soit la période de vie dans laquelle on se trouve ou notre situation professionnelle. Elle permet de faire fructifier un peu d’épargne, disposer d’un complément de revenu, capitaliser pour bonifier sa retraite ou transmettre son capital à des proches.

Facile à ouvrir, y compris par des tiers, ce contrat offre une grande souplesse d’utilisation. Il s’appuie sur deux jambes qu’il faut muscler et équilibrer pour en tirer le meilleur rendement :

- Les fonds en euro : investissement du capital versé dans des produits ne présentant aucun risque (obligations d'État ou d'entreprises par exemple).

- Les Unités de compte : capital servant à acheter des actions, des obligations diverses, des parts de SCPI ou d’autres valeurs mobilières.

L’assurance-vie conquiert les Français pour plusieurs raisons. Il n’en reste pas moins que, selon le type de contrat, elle ne promet pas beaucoup de rendement qui reste actuellement en dessous de l’inflation.

Souplesse et liberté de gestion

L’assurance-vie demeure accessible à tous et simple à gérer. Ce qui fait l’attrait de ce contrat d’épargne reste indéniablement qu’elle ne pose aucune limite. Aucun frein ne limite vos dépôts d’argent, vous pouvez le clôturer à tout instant et souscrire à autant de contrats qu’il vous chante. Cette liberté vous permet de jongler par exemple entre des contrats risqués et d’autres davantage sécurisés. Notez encore que le capital que vous déposez sur les fonds en euro reste toujours retirable, quelques mois ou plusieurs années après la souscription, quelles que soient les sommes.

Autre avantage non-négligeable : vous gardez la main sur le mode de gestion de votre épargne. Plusieurs solutions s’offrent à vous :

- La gestion libre : vous avez une bonne connaissance du fonctionnement des marchés et du temps pour vous occuper de votre contrat, choisissez de gérer vous-même votre assurance-vie. Les banques et assureurs proposent des outils pour sécuriser vos placements au cas où.

- La gestion pilotée ou gestion sous mandat : au contraire, vous n’y connaissez rien, mais vous souhaitez vous lancer, ce mode de gestion consiste à confier toutes les opérations d’arbitrage et de choix de placement à un gestionnaire. Dans ce cas-là, le professionnel de la finance définira avec vous le profil d’investisseur que vous aimeriez suivre (défensif, équilibré, dynamique…) pour mesurer les risques que vous accepteriez de prendre.

- La gestion conseillée : bon compromis entre les deux précédents modes de gestion, elle vous fait bénéficier de préconisations de professionnels pour orienter votre épargne en fonction de la situation des marchés. Vous recevez des avis plusieurs fois par an, mais vous restez libre de les appliquer ou non.

Fiscalité avantageuse

Côté fiscalité, la Direction générale des Finances publiques fait preuve d’indulgence. Un prélèvement forfaitaire unique s’applique sur les intérêts issus des versements que vous avez effectués sur votre contrat d'assurance-vie au moment du retrait. Il s’élève à 7,5 % si la somme retirée n’excède pas 150 000 € et si vous l’avez laissée fructifier pendant 8 ans au moins. Pour les sommes supérieures, les impôts prélèveront environ 30 % si on y ajoute les prélèvements sociaux. Astuce : cette fiscalité s'applique après un abattement annuel de 4 600 euros pour une personne seule et de 9 200 euros pour un couple marié. Attention, l’État taxe durement les retraits effectués pendant les quatre premières années (35 % d’impôts) et de la cinquième à la huitième année (15 %).

S’agissant de la succession, si votre conjoint ou partenaire de PACS bénéficie du contrat, il ne devra aucun droit de succession, même si vous avez alimenté votre contrat après vos 70 ans. Pour les autres bénéficiaires, le traitement fiscal de l'assurance-vie varie selon l’âge de l’assuré :

- Pour les primes versées avant vos 70 ans, l’État prélève 20 % dans la limite de 700 000 €, puis 31,25 %.

- Pour les sommes versées après 70 ans, un abattement unique de 30 500 € s’applique, quel que soit le nombre de bénéficiaires ou le montant.

Notez enfin que quelle que soit la situation, tout retrait reste soumis aux prélèvements sociaux de 11 %.

En cas de décès du titulaire du contrat, les sommes placées reviennent aux personnes qu’il a désignées dans la clause bénéficiaire (conjoint, enfants, petits-enfants ou proches sans lien de parenté). Là aussi un gage de liberté offert par le contrat : vous pouvez modifier cette clause à tout moment. 

Entrée, gestion et arbitrage, de multiples frais

Ce contrat n’offre pas que des avantages. Des inconvénients entachent son bilan. Le premier d’entre eux revient à son coût : entre les frais d’entrée, de gestion et d’arbitrage, les dépenses engagées pour le faire vivre peuvent se multiplier rapidement.

- Les frais de gestion varient entre 0,6 et 1 % du capital total constitué.

- Des frais d’arbitrage s’appliquent lorsque vous décidez de modifier les supports sur lesquels vous investissez. Ils s’élèvent entre 0,5 et 1 % pour chaque montant transféré. Des institutions financières préfèrent prélever un montant forfaitaire pour chaque transfert.

- Les organismes financiers prélèvent des frais sur versement, appelés aussi frais d’entrée à l’ouverture du contrat, pouvant s’élever jusqu’à 5 % du montant versé.

Autrement dit, dans certaines conditions, l’ensemble de ces frais sont susceptibles d’annihiler vos gains. Renseignez-vous sur les modalités de votre contrat avant de retirer votre capital.

Essoufflement de l’assurance-vie

Depuis 2015, l’assurance-vie perd en régime. À cette date, elle affichait 55 % des collectes d’épargnes totaux, contre 7 points de moins aujourd’hui. Pas étonnant : le contrat ne rapporte plus d’argent. En 2021, le rendement moyen de ces fonds toutes compagnies confondues, tournait autour de 1 à 1,10 % nets de frais de gestion. Or, en octobre, l’INSEE évaluait l’inflation à 2,6 % sur un an.

Pire, près de 80 % des actifs détenus par les clients demeurent des fonds euros. Les Français privilégient la carte de la sécurité au risque. Les fonds en euros n’ont rapporté qu’à peine 1 % en 2021. Thibaut Cossenet, directeur de l’offre financière chez Le Conservateur, dévalorise l’assurance-vie qu’il n’estime plus capable de préserver le pouvoir d’achat. "C’est une sécurité trop chèrement payée. Ce n’est plus le meilleur placement pour se constituer à long terme une épargne complémentaire". C’est pourquoi de plus en plus de gestionnaires imposent à leur client d’investir entre 20 et 50 % en unités de compte, plus risquée.

Dernier hoquet qui peut repousser certains investisseurs : en cas de faillite de l’établissement à qui vous confiez votre épargne, vos fonds sont garantis à hauteur de 70 000 €. Méfiez-vous si vous envisagez de placer des sommes à cinq zéros.


Geoffrey LOPES

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