Etat, producteurs, distributeurs : qui touche quoi sur un litre d'essence vendu à la pompe ?

Publié le 25 novembre 2014 à 19h08

CARBURANT - Le prix du pétrole a chuté de 30% depuis le début de l'été. Le prix à la pompe a certes baissé mais dans des proportions bien moindres. Explications.

Vous dépensez 4 ou 5 euros de moins pour faire votre plein qu'il y a cinq mois. Cette bonne nouvelle pour vos finances est due à une chute de 30% du prix du baril de pétrole depuis le mois de juin. Mais cette dégringolade se répercute de façon bien plus timide sur les prix à la pompe.

Ceux-ci bénéficient en effet d'une baisse de 7% par rapport au début de l'été. Ce qui les amène à leur plus bas depuis quatre ans, selon les chiffres officiels publiés lundi 24 novembre. Comment cependant expliquer qu'une chute du brut si importante se manifeste par une baisse des prix si mesurée ?

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Le cours du pétrole chute de 30% 
Le baril de brut coûtait 80 dollars (64 euros) ce 25 novembre, contre 115 dollars à la mi-juin, soit une dégringolade de 30%. Notons toutefois que le dollar s'est affaibli face à l'euro. Ce qui donne finalement, dans notre monnaie, une chute du prix du baril de 26%. En cause une offre supérieure à la demande. La production mondiale est abondante et progresse plus rapidement que la demande moins importante que prévu, notamment en Europe et en Chine.

L'exploitation des nouveaux pétroles, tels que le noir bitumeux ou le pétrole de schiste, surtout aux Etats-Unis, viennent en outre gonfler l'offre. Si bien que la production américaine de brut a dépassé celle de l'Arabie Saoudite. L'or noir, cette ressource qu'on craignait voir s'épuiser à la vitesse grand V, semble finalement avoir un avenir devant lui.

► Le prix à la pompe baisse d'environ 7%
A la pompe, le litre de diesel revenait en moyenne à 1,22 euro pendant la semaine du 17 au 23 novembre 2014 , contre 1,31 euro en juin. Même bonne surprise pour le sans plomb 95 (SP95), qui a chuté de 1,53 euro à 1,41 euro et le sans plomb 98 (SP98), qui est passé de 1,59 euro à 1,48 euro : soit des baisses de respectivement 7,6%, 7,8% et 6,9%.

Et les économies à la clef sont économies appréciables. Concrètement, le plein de 50 litres de diesel passe à 61 euros (65,5 euros en juin), celui de SP95 à 70,5 euros (76,5 euros en juin) et celui de SP98 à 74 (79,5 euros en juin).

► Distributeur : des marges d'environ 1 centime
Une fois le pétrole brut acheté, il faut ajouter le coût du raffinage, puis le coût de transport de stockage et de distribution. Et c'est autant de camions, pipelines et cuves à acheter et à entretenir, sans oublier les salaires.

En fin de compte, la marge des distributeurs représente un centime d'euros par litre en moyenne. Ce qui est colossal quand on sait que la consommation de carburant s'est élevée à 50 milliards de litres en 2013 en France.

Les taxes représentent 50 à 60% du prix à la pompe
Le carburant hors taxe (HT) – 0,58 euros le litre de diesel, 0,56 euros le litre de SP95 et 0,62 euros le litre de SP98 à la mi novembre – est soumis à une fiscalité qui bouge peu et représente 50 à 60% du prix du litre vendu au particulier.

L'Etat prélève ainsi la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE). Elle est fixe mais son montant diffère selon la nature du carburant : 42,8 centimes pour un litre de diesel et 60,7 centimes pour un litre d'essence (plus une majoration de maximum 2,5 centimes dans la plupart des régions).

A cela s'ajoute une TVA de 20%, qui s'applique sur le produit hors taxe et sur le TICPE. C'est-à-dire environ 20 centimes de TVA par litre de diesel, 23 centimes par litre de SP95 et 24 centimes par litre de SP98.

La baisse annulée par de nouvelles taxes ?
C'est la TICPE que le gouvernement a décidé d'augmenter de 2 centimes par litre, sur le diesel, en janvier 2015. Cette mesure qui devrait rapporter 800 millions d'euros à l'Etat pour compenser l'abandon de l'écotaxe .

Puis en avril, le diesel subira une nouvelle hausse de la fiscalité de 2,4 centimes par litre et l'essence une hausse de 2 centimes, en raison, cette fois, de l'augmentation de la taxe carbone. En fin de compte cette augmentation en deux temps représentera 4,4 centimes pour le gazole et 2 centimes pour l'essence.


Laurence VALDÉS

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