ENERGIE - Une augmentation de 5,9 % du prix de l’électricité est prévue pour ce 1er juin. Deux associations de consommateurs vont saisir le Conseil d’État pour demander son annulation.
Un bras de fer s’annonce entre la Commission de régulation de l’énergie (CRE) et ses détracteurs. Le 31 janvier, cette administration indépendante censée veiller au bon fonctionnement des marchés de l'électricité et du gaz en France, a recommandé à l’Etat d’augmenter de 5,9% les tarifs réglementés de l’électricité. Une hausse significative qui sera applicable au 1er juin, date confirmée ce mercredi par un document du gouvernement consulté par l'AFP.
Suite à l’annonce de la CRE, un avis défavorable sur l'augmentation des tarifs a été émis par l’Autorité de la concurrence. L'Autorité y formule plusieurs objections d’ordre méthodologique et juridique quant à la méthode de calcul de la CRE pour élaborer leur proposition de hausse. Selon leurs estimations, le surcoût serait d’environ 600 millions d’euros TTC pour les clients d’EDF.
Une hausse "techniquement et juridiquement contestable"
C’est en s’appuyant sur cette analyse que l’association nationale de défense des consommateurs CLCV (Consommation, logement et cadre de vie) et l’UFC Que Choisir ont décidé de faire action commune contre le projet. Déjà en avril, les deux associations écrivaient une lettre ouverte en demandant au Président de la République "de ne pas laisser le gouvernement suivre cet avis", qu'ils considèrent "techniquement infondé et juridiquement contestable".
Dans leur récent communiqué, ils avancent l'idée que la hausse envisagée ne correspondrait pas à la couverture des coûts de fourniture de l’électricité d'EDF mais permettrait en réalité d’augmenter "indûment" ses prix avec notamment une croissance de 87% de sa marge.
La CLCV et UFC Que Choisir saisissent le Conseil d'Etat
La réponse du gouvernement suite à l'avis de l'Autorité de la concurrence et aux interpellations des associations est arrivée par la voix du ministre de la Transition écologique. François de Rugy a d'abord déclaré le 1er avril "ne pas pouvoir repousser infiniment les choses", confirmant suivre la recommandation de hausse de la CRE d'ici cet été. Puis, le 26 avril, le ministre a ajouté qu'un "nouveau mode de calcul" allait être mis en place pour l'an prochain, admettant que l'actuel système est imparfait.
En pleine crise des "gilets jaunes", initialement alimentée par des revendications sur le pouvoir d'achat, le gouvernement avait utilisé cet hiver le délai légal de trois mois dont il dispose pour se prononcer sur la décision de la CRE. Ce faisant, il a retardé son application pendant la période la plus froide, où l'électricité est la plus utilisée par les particuliers.
Insatisfaits par la réponse de l'Etat et "face à un réel coût pour le porte-monnaie des Français", la CLCV et UFC Que Choisir s'engagent dans une couse contre la montre. Les deux associations ont indiqué aujourd'hui saisir le Conseil d’État pour demander l’annulation de la hausse des tarifs de l'électricité.