INTERVIEW - Alors que les marchés boursiers sont plus que fébriles depuis le début de la semaine, que risquent les petits épargnants ? Un spécialiste du secteur nous explique pourquoi ce krach a en fait un impact marginal sur les Français. Que vous disposiez d'une assurance vie ou d'un PEA, voici comment réagir sans céder à la panique.
Baisse de plus de 8% lundi à la Bourse de Paris, décrochages des bourses du monde entier ce jeudi... le coronavirus et l'effondrement du cours du pétrole soufflent un vent de panique sur les places financières.
Quelles conséquences pour les petits épargnants, ceux qui détiennent un contrat d'assurance vie et éventuellement un plan d'épargne entreprise, voire un plan d'épargne en actions ? Afin d'évaluer les risques et de recueillir des conseils, LCI a sollicité Marc Fiorentino, spécialiste des marchés financiers et co-fondateur de la société de conseil en investissements financiers MeilleurPlacement.
LCI : Peut-on parler d'un véritable krach boursier ?
Marc Fiorentino : Oui. Il s'agit bien d'un krach boursier car il y a une vent de panique sur les marchés, ce qui a entraîné notamment en début de semaine un effondrement rapide des cours. Lundi, la Bourse de New York a même interrompu les cotations. Et à Paris, entre le point le plus haut du 19 février (CAC 40 à 6.111 points) et le plus bas de mardi (4.615 points), la baisse est de 25%. On se situe donc au-delà de la correction en bourse, qui se définit comme une baisse de 10%, ou d'une entrée en territoire baissier, qui se caractérise quant à elle par une baisse de plus de 20%.
Concrètement, la baisse affecte-t-elle l'épargne des Français ?
Au global, l'impact macro-économique de la baisse des marchés est marginale sur l'épargne des Français car ils investissent très peu dans des actions. Au contraire des États-Unis, en France, la très grande majorité de l'épargne financière n'est pas placée en bourse [NDLR : le livret A et les fonds en euros de l'assurance vie - dont le capital est garanti - ont en revanche les faveurs des épargnants].
Quelles conséquence pour l'assurance vie, le plan d'épargne en actions (PEA) ou l'épargne salariale que détiennent les petits épargnants ?
Pour l'assurance vie, la tendance depuis quelques mois à pousser les épargnants à souscrire des contrats en unités de compte [NDLR : qui ne garantissent pas de retrouver sa mise] va s'accompagner de pertes. Ces unités de compte, présentées comme davantage rentables, ont été proposées au détriment des fonds en euros, présentés comme des produits sur la fin. J'espère que la baisse de la bourse va entraîner un retour à la réalité et permettre aux assureurs et aux vendeurs de produits de revenir à la raison en arrêtant de suggérer des produits risqués à des personnes qui n'ont justement pas le profil de risque pour les rembourser. À noter toutefois que dans le cas des unités de compte immobilières et des sociétés civiles de placement immobilier (SCPI), l'impact reste marginal.
De son côté, le PEA, par nature, monte et baisse. Ceux qui en détiennent un ont donc conscience de se trouver dans un marché qui peut décrocher, car ils ont déjà vécu des variations à la hausse et à la baisse. N'oublions pas que le CAC 40 a progressé de 26% l'année dernière. La baisse actuelle vient donc d'effacer toute la hausse de 2019. Quant à l'épargne salariale, c'est du temps long : ce placement est donc très peu impacté par la baisse actuelle.
Nous conseillons à nos clients d'augmenter un peu leur part de risque, progressivement
Marc Fiorentino, co-fondateur de MeilleurPlacement
Faut-il profiter de la forte baisse actuelle pour acheter un maximum d'actions ?
Non. Il ne faut céder ni à l'euphorie quand les cours sont hauts, ni à la panique quand ils sont bas. D'autant que l'on ne sait pas encore si le plus bas a été atteint. Nous savons seulement que les cours sont 25% moins élevés qu'il y a quelques jours. Nous conseillons donc à nos clients de ne pas se précipiter, ne pas paniquer et commencer à augmenter, un peu, leur part de risque, mais progressivement. Il ne s'agit pas de se ruer sur les marchés. Nul ne sait en effet combien de temps durera la crise et si une deuxième vague de baisse pourrait arriver.
Pour ceux qui peuvent se constituer un portefeuille sur le long terme, nous conseillons d'appliquer la "règle des tiers". C'est-à-dire, par exemple pour une personnes qui souhaite investir à terme 10.000 euros en actions, de commencer à en acheter pour 3.300 euros maintenant.
Les actionnaires doivent-ils s'attendre à ce que les dividendes versés en fonction des résultats de l'entreprise s'effondrent ?
Cela dépendra de la durée de la crise. Il est clair que si elle à un impact sur les résultats des sociétés, celles-ci vont probablement avoir une politique de dividendes un peu moins généreuse. Mais pour l'instant nous ne disposons pas d'indicateurs à ce sujet. Il trop tôt.
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