Paiement par carte bancaire : pourquoi certains commerçants maintiennent un montant minimum

par La rédaction de TF1info | Reportage : Khelian Yousfi, Coline David, Christophe Nieulac
Publié le 23 avril 2023 à 14h31

Source : JT 20h WE

Si les paiements en espèces résistent bien, les cartes bancaires les dépasseront inéluctablement dans quelques années.
Mais de nombreux commerçants continuent d'imposer un montant minimum.
Pourquoi une telle pratique ? Le 20h de TF1 est allé leur poser la question.

À la boulangerie "Roggio", à Montrouge (Hauts-de-Seine), il est impossible de payer par carte bancaire en dessous d'un montant de cinq euros. La pratique est légale, à condition de l'afficher. Les clients doivent s'adapter. "Là, il faut que je prenne un deuxième croissant pour atteindre le montant", réagit l'un d'entre eux dans le reportage de TF1 en tête de cet article. Il va donc dépenser "plus que ce qu'il avait prévu au départ", mais le point de vue du commerçant peut s'entendre également.

À chaque règlement par carte, notre boulanger paie des frais bancaires de quelques centimes. Insignifiant en apparence, mais à la fin de l'année, l'addition est salée. Yann Roggio a fait ses comptes, et nous démontre ce qu'il perd avec l'exemple d'une baguette de pain à 1,30 euro. "Pour cent 'traditions' vendues", explique-t-il, "la banque me prend 60 centimes de frais bancaires. À l'année, ça représente entre 3.000 et 3.500 euros de frais pour la carte bleue".

Jusqu'à 2% de frais par transaction

Dans le détail, on observe que les surcoûts qui touchent les paiements par carte sont l'addition de plusieurs frais bancaires. Si le commerçant et son client n'ont pas la même banque, le premier devra verser une commission d'environ 0,3 %. À celle-ci s'ajoutent les frais de réseau (jusqu'à 0,2 % par paiement), et la marge que réalise la banque (autour de 1,5 %). Au total, tous ces micro-pourcentages cumulés peuvent atteindre 2 % par transaction.

Fixer un seuil... au risque de perdre des clients

De plus en plus de commerçants appliquent donc un montant minimum pour les paiements par carte. Mais ce pari comptable est risqué, les clients rechignant désormais à payer en liquide. Dans le bar parisien visité par notre équipe, le gérant paie les mêmes frais bancaires que partout ailleurs, mais a décidé de ne pas imposer de seuil minimal. "Si on devait envoyer [les clients] à l'extérieur pour récupérer du cash, est-ce qu'ils partiraient sans payer ou pas ?", sourit Frédéric Beurq. "Nous avons une clientèle très jeune", souligne-t-il, "et les gens ne paient qu'avec leur téléphone ou leur carte bleue".

Les Français n'ont jamais été aussi peu nombreux à payer en liquide. Selon Anne-Claire Bennevault, spécialiste de l'éducation financière, les commerçants comme les banques vont devoir modifier leurs pratiques. "Pour l'avenir, l'utilisation de la carte continuant à se développer, on va voir ce type d'écriteaux disparaître des magasins", estime-t-elle, "mais les banques vont devoir s'adapter aux besoins de leurs clients, et peut-être proposer des tarifications plus adaptées". Si les de transactions par carte se multiplient, c'est aussi grâce au "sans contact" et aux smartphones. En trois ans, le nombre de paiements par application mobile a plus que doublé en France.


La rédaction de TF1info | Reportage : Khelian Yousfi, Coline David, Christophe Nieulac

Tout
TF1 Info