CAS PRATIQUE - Le régime de retraite par points suivant un système de bonus-malus articulé autour d’un âge pivot existe déjà. Il s’agit des retraites complémentaires Agirc-Arrco des salariés du privé. Aujourd’hui, les syndicats qui avaient approuvé ce système en 2015 se dressent contre sa généralisation dans le cadre de la réforme d’Edouard Philippe.
C’est LA mesure qui a poussé les syndicats les moins contestataires, notamment la CFDT, à se joindre à la grève. L’instauration d’un âge pivot pour le départ à la retraite avec un système de points, proposée dans la réforme du gouvernement Philippe, fait grincer des dents.
Pourtant, ce système décrié par les organisations syndicales existe déjà. Il concerne la retraite complémentaire des cadres privés : l’Agirc-Arrco (Agirc pour Association générale des institutions de retraite des cadres- ; Arrco pour Association pour le régime de retraite complémentaire des salariés). Cette caisse de retraite est née d’une fusion adoptée en 2015 par trois organisations patronales et trois syndicats (CFDT, CFE-CGT, et CFTC). Créée pour redresser les finances de chacune des caisses, elle fonctionne par points et applique un système de bonus-malus.
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Décote et surcote autour d’un âge pivot
Dans la mesure où la retraite complémentaire représente en moyenne la moitié de la pension d’un cadre privé, le système de l’Agirc-Arrco incite le salarié à travailler plus longtemps, comme le rappelle L'Usine Nouvelle.
Concrètement, un salarié qui prend sa retraite à 62 ans, l’âge de son taux plein au régime général, va se voir appliquer une décote de 10% sur sa pension de retraite complémentaire, et ce pendant trois ans. En revanche, s’il reporte son départ à la retraite d’un an, à 63 ans, il ne se verra appliquer ni décote, ni bonus. C’est s’il travaille deux ans de plus, jusqu’à 64 ans, qu’il touchera un bonus de 10% sur sa retraite complémentaire pendant un an.
La CFDT, qui avait approuvé ce système en 2015, a voulu y mettre fin lors des renégociations de l’accord Agirc-Arrco en janvier 2019. Les caisses de retraite complémentaire ayant redressé leurs finances plus rapidement que prévu, Laurent Berger, le chef de file du syndicat, estimait alors que l’effort des salariés n’était plus justifié. Mais le Medef a refusé.
Crainte d’une décote à vie
Alors que l’Agirc-Arrco n’applique une décote sur les retraites complémentaires "que" pendant trois ans, Edouard Philippe parle lui d’une décote "viagère", qui opérerait sur toute la durée de la pension du salarié. C’est ainsi que la volonté du gouvernement d’instaurer un âge pivot de 64 ans autour de ce système de bonus-malus a mis le feu aux poudres côté syndicats.
Si Edouard Philippe semble toujours déterminé en ce début d'année à faire passer cet "âge d’équilibre", il a néanmoins ouvert la porte à de nouvelles marges de manoeuvre lors des négociations qui doivent reprendre ce mardi.