POINT DE VUE - Depuis le début de la crise, les aides pour soutenir les ménages et les entreprises en difficulté se sont multipliées. Le prix Nobel américain Joseph Stiglitz les estime cependant insuffisantes sur le long terme. Il propose d'autres solutions pour redonner l'envie aux ménages de consommer et aux entreprises d'investir.
"L'austérité ne fonctionne pas" : Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie en 2001, s'inscrit dans la tendance entamée par John Maynard Keynes selon laquelle la relance est le médicament à tous les chocs et crises économiques. Dans la presse étrangère, notamment l'Independent, le néo-keynésien salue notamment l'effort des gouvernements du monde entier qui n'ont pas hésité à fournir un effort monétaire et budgétaire considérable pour limiter les conséquences des difficultés découlant de la pandémie. Selon lui, les dépenses engagées équivalent déjà à presque 10% du PIB mondial.
Pourtant, l'Onu s'inquiète d'une potentielle inefficacité de ces mesures, ou du moins de résultats qui seraient moins positifs qu'attendu. L'organisation a notamment précisé que "la leçon [...] tirée de la dernière crise est que les mesures de relance budgétaire et monétaire ne stimulent pas nécessairement les investissements productifs. Les gouvernements doivent encourager les entreprises qui reçoivent son aide financière à investir dans les capacités de production." Joseph Stiglitz partage le même constat et suggère des solutions qui vont plus loin qu'une relance traditionnelle.
Un obstacle économique à la relance ?
Pour rappel, le but d'un plan de relance économique réside dans la création d'un effet multiplicateur. Dans les faits, le versement de liquidités supplémentaires aux ménages et entreprises doit générer une consommation supplémentaire de leur part. Cela est supposé créer un cercle vertueux qui doit permettre à terme de faire redémarrer l'économie. Mais, en l'occurrence, Stiglitz s'inquiète aujourd'hui que les tentatives de relance se heurtent à "la trappe à liquidité", ce qui en diminuerait alors l'efficacité.
Ce concept keynésien part du postulat suivant : lors des périodes d'incertitude, l'épargne de précaution des agents économiques augmente. Les ménages et entreprises mettent des fonds de côté dans la perspective des difficultés potentielles qui les attendent. Concrètement, cela signifie qu'ils restreignent leur consommation et augmentent leur épargne. Selon le prix Nobel, les primes reçues à la suite de la crise pourraient donc servir davantage à alimenter l'épargne plutôt que la consommation. Conséquence : l'effet multiplicateur supposé découler de la relance échoue.
Des solutions concrètes
Pour contrer ces effets indésirables et réussir à dynamiser de nouveau l'économie, Stiglitz fait des propositions pour réduire les risques et pousser les ménages à dépenser. Il retient principalement deux solutions. Tout d'abord, l'émission par les Etats de bons d'achat ou plutôt des "bons de dépense". Ces derniers remplaceraient en partie ou totalement les différentes primes et aides distribuées pour amortir les difficultés liées au coronavirus. Cette méthode permettrait d'assurer que ces fonds soient réinjectés rapidement dans l'économie et non pas épargnés. Il précise qu'elle est déjà utilisée en Chine où plus de 50 villes émettent des coupons numériques à durée limitée qui peuvent être utilisés pour l'achat de différents produits.
Parallèlement, il préconise aussi l'emploi de "titres Arrow-Debreu" (du nom des nobélisés Kenneth Arrow et Gérard Debreu). Ces titres deviendraient payables sous certaines conditions prédéterminées. A titre d'exemple, le gouvernement pourrait garantir qu'en cas d'achat d'une voiture par un ménage aujourd'hui et si la courbe épidémique demeurait à un certain point dans six mois, ses paiements mensuels seraient suspendus.
Selon Joseph Stiglitz, ces solutions permettraient de minimiser le risque dans l'esprit des ménages et les inciteraient donc à consommer, ce qui créerait un effet multiplicateur pour redémarrer l'économie.
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