En France, 50.000 personnes bénéficient des conseils de coachs en budget."Sept à Huit" en a rencontré plusieurs.
Ils sont retraités, mère ou père isolés et divorcés et vivent en ville ou à la campagne. Laëtitia, Gabriel, Lionel et Paul ont tous fait face à des revers. Accident de la vie, suicide d'un enfant, fin d'activité professionnelle. Tous ont également demandé l'aide de coachs en budget afin de faire face à la précarité. Dettes, crédits... ces Français se sont retrouvés dans un engrenage, qui a empiré à cause du contexte économique actuel d'inflation galopante. Afin d'offrir leur aide à ces citoyens qui souffrent de la baisse de leur pouvoir d'achat, des coachs sillonnent les routes pour aller à leur rencontre. Les équipes de "Sept à huit" les suivent dans le reportage à retrouver en tête d'article.
Une vie au centime près
"Je n'ai jamais demandé d'aide à personne. Je me suis toujours débrouillée. Je ne connaissais pas tout ça", confie Laëtitia, divorcée et mère de deux enfants. Elle a créé il y a quatre ans une ligne de vêtements et accessoires qui fait travailler des personnes handicapées. Entre ses revenus, l'allocation logement, la prime d'activité et la pension alimentaire, ses ressources s'élèvent au total à 2580 euros. Mais cette somme ne suffit pas face à des charges qui s'accumulent : crédit immobilier, assurances, impôts, frais de cantine, mutuelle, facture téléphonique, carburant. L'essence, précisément, "ça va augmenter, ça va bientôt passer à 300 euros par mois", déplore Laëtitia, qui déboursait habituellement 200 euros à la pompe. En fin de compte, il lui reste 362 euros par mois de reste à vivre pour les loisirs, le sport, la culture ou les vêtements de ses enfants. Résultat, elle vit désormais dans un lotissement solidaire et renonce à certains aliments comme la mangue ou les avocats, trop onéreux pour elle.
On ne vit plus
Gabriel Ladouce, père de famille
Toujours dans le Var, Gabriel, à Toulon, ne parvient plus à payer les 840 euros de loyer de son logement social. Ce papa de deux enfants en garde alternée est fonctionnaire dans un collège. Il essaie d'obtenir un appartement moins cher mais son bailleur fait, selon lui, la sourde oreille. Si son salaire est de 1700 euros et s'il bénéficie, certes, d'une aide sociale de 200 euros, il cumule toutefois 30.000 euros de dettes, soit deux ans d'impayés. Un abysse qui se creuse davantage chaque mois en raison des charges courantes de Gabriel.
"Quand on a un salaire minimum par rapport au coût de la vie, on ne vit plus", révèle Gabriel. Depuis qu'il a notamment fait un arrêt cardiaque l'an dernier, son salaire a diminué de 400 euros et il a peur d'être expulsé. À ses tracas quotidiens, s'ajoute "l'angoisse de la boîte aux lettres" pleine de factures et de relances. "Je n'ai pas perdu d'amis mais je me suis refermé", confie Gabriel.
Je descends encore dans la spirale
Lionel, technico-commercial
Une situation de précarité également partagée par Lionel, qui vit à la campagne. Ce père divorcé est technico-commercial dans la sécurité-incendie. Depuis qu'il est en arrêt maladie longue durée pour un accident du travail, il ne touche plus que 80% de son salaire, soit 1500 euros, sur lesquels 260 euros sont saisis chaque mois pour rembourser ses dettes. "Je n'ai pas touché ma carte bleue depuis le mois de décembre, je descends encore dans la spirale", confie Lionel. Devant sa conseillère, il lâche qu'il a des "moments suicidaires".
J'avais honte
Paul, retraité
À Arcachon, Paul, retraité, a travaillé 40 ans dans la publicité. À ce titre, il reçoit 1500 euros de pension, pour un loyer de 500 euros dans un logement de 25 mètres carrés. Il accumule toutefois les factures d'énergie impayées et profite des repas que la mairie prend en charge. Grâce à sa conseillère Caroline, il remonte la pente. "J'avais honte", explique le retraité.
Laëtitia, Gabriel, Lionel et Paul ont tous trois fait appel à des coachs expertes en gestion du budget. Cet accompagnement au long cours devient également une aide psychologique pour ces bénéficiaires. Depuis que le mouvement des Gilets jaunes a révélé au grand jour le cri de désespoir des foyers les plus précaires, plusieurs dispositifs, peu connus, ont été créés. Parmi eux : les points conseil budget (PCB).
Accompagnement gratuit
Le coaching en pouvoir d'achat permet aux bénéficiaires d'éplucher leurs allocations logement, leur prime d'activité et leur pension alimentaire. Une épreuve intrusive mais nécessaire pour faire en sorte que les plus précaires puissent, in fine, rebondir. Au PCB, Caroline et Lucie, salariées de l'association "Familles rurales", épaulent 400 naufragés du pouvoir d'achat. Cette aide confidentielle et gratuite est une bouée de sauvetage pour les 50.000 personnes en situation de précarité qui en bénéficient. Une situation pour le moins alarmante car la moitié d'entre eux sont des actifs.
Partout, les coachs dispensent gratuitement des conseils adaptés aux individus qui en ont besoin. Parmi celles-ci : le fait de constituer une liste avant de faire ses courses, éviter les têtes de gondole et les fausses promotions. Laëtitia, Gabriel, Lionel et Paul ont, par ailleurs, tous quatre ont abandonné certains plaisirs quotidiens afin de restreindre les dépenses inutiles. "Ce qui me manque, c'est le parfum, le prix du café, boire un café avec des amies, prendre un journal au tabac", se désole Laëtitia. Gabriel, le père de famille au bord de l'expulsion, a lui, décidé, de faire ses courses seuls. Afin de ne pas subir la pression des enfants. "Je vis une semaine sur deux. La semaine où je suis sans mes enfants : c'est plus de la survie", détaille-t-il.
L'inflation a atteint 4,5% en mars, selon les dernières estimations de l'Insee. En cause notamment, la reprise économique après le coup d'arrêt du Covid et les conséquences de la guerre en Ukraine.
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