Une huître sur trois est "artificielle"... les ostréiculteurs traditionnels montent au créneau

Publié le 30 décembre 2016 à 15h36, mis à jour le 31 décembre 2016 à 14h59
Une huître sur trois est "artificielle"... les ostréiculteurs traditionnels montent au créneau

ALIMENTATION - L'association "Ostréiculteur Traditionnel" lance une pétition adressée à la ministre de l'Ecologie pour que les huîtres de laboratoire "triploïdes" soient signalées ainsi sur les étals.

Huîtres quatre saisons : une jolie appellation qui cache peut-être une bombe à retardement, notamment en termes de santé. L'association "Ostréiculteur Traditionnel-huîtres nées en mer" vient de lancer, comme l'a repéré Le Parisien, une pétition contre ces produits de laboratoire qui voient le jour depuis les années 2000 dans des écloseries... et représentent désormais un tiers  du marché. Elles sont modifiées génétiquement : les scientifiques - sur une idée originale de l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) ajoutent un quatrième chromosome au mâle pour que sa progéniture soit stérile, donc non laiteuse. Avantage : elle est consommable toute l'année. Et ce alors que les huîtres naturelles ne peuvent pas être consommées pendant leur période de reproduction, de mai à août. 

En l'absence d'étiquetage obligatoire, ces coquillages dits "triploïdes" (ils naissent avec trois chromosomes au lieu de deux) sont à ce jour auréolés sur les étals d'une "image traditionnelle", selon les éleveurs. Ils demandent à nouveau à la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal "un étiquetage clair indiquant si l'huître est d'origine naturelle (née en mer, respectant un cycle naturel lié à la saisonnalité) ou d'origine artificielle (née en laboratoire/écloserie, standardisée, modifiée, industrialisée)", peut-on lire dans leur pétition. 

A ce jour, ces produits étant des Organismes vivants modifiés (OVM) et non des OGM (auxquels on ajoute des caractéristiques nouvelles), il n'y a pour l'heure aucune obligation d'information du consommateur. En janvier 2016, lors du projet de loi biodiversité", le sénateur Joël Labbé avait présenté un amendement pour l'étiquetage des huîtres. Il avait été rejeté. 

La stérilisation du cheptel, la perte de ses défenses immunitaires, sa dégénérescence, sont des perspectives peu réjouissantes qui entraîneront la disparition de l’huître traditionnelle
Association Ostréiculteur traditionnel - huîtres nées en mer

Les éleveurs considèrent de leur côté que le consommateur "doit avoir le choix entre une huître issue du milieu naturel ou une huître stérile issue de laboratoire", peut-on lire sur leur site. Plus grosses, "elles ventilent plus et accumulent donc plus de polluants" dont on ne connaît les effets sur la santé, prévient par exemple Jean-Charles Massabuau, chercheur au CNRS, auprès du Parisien

Enfin, et c'est le principal grief des éleveurs, les conséquences sur la bio-diversité et accessoirement leurs exploitations. Car si les mâles - qui donnent naissance aux triploïdes - se propagent dans l'environnement, ils peuvent entraîner une stérilisation massive dans les exploitations voisines. Nées dans des bassins à terre, les huîtres mutantes y sont nourries avant d’être, en effet, immergées dans le milieu naturel. Or, "la stérilisation du cheptel, la perte de ses défenses immunitaires à cause des antibiotiques, sa dégénérescence, sont des perspectives peu réjouissantes qui entraîneront la disparition de l’huître traditionnelle et la dépendance des ostréiculteurs vis-à-vis des écloseurs", martèle l'association.  

JT WE - Huîtres, truffes : avec ces producteurs qui font votre réveillonSource : JT 13h WE
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La rédaction de TF1info

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