ECONOMIES - La ville de Narbonne a mis au point un dispositif pour inciter les clients à acheter chez les commerçants du centre-ville. L'agglomération se satisfait des résultats. Mais comment cette application fonctionne-t-elle concrètement ? Et en existe-t-il d'autres ailleurs ?
On pourrait croire que le "cash back", qui propose des réductions en ligne chez des commerçants partenaires via des remboursements effectués au consommateur, est né au détour des années 2010, avec le développement des achats sur Internet. Que nenni. Dès le XIIIe siècle, des marchands ont introduit le principe, en offrant à leurs clients de petits jetons en cuivre, qu'ils pouvaient ensuite utiliser pour obtenir des réductions ou des produits spéciaux. Plus tard, ces jetons sont devenus des coupons. Et aujourd'hui, ces bons d'achat, dématérialisés, arrivent directement sur votre smartphone.
A Norbonne, 30% de réduction sur tous les achats
Signe de ces temps de pandémie de Covid-19 : la ville de Narbonne (Aude) a récemment misé sur ce système pour inciter les consommateurs à se tourner vers les commerces du centre-ville, plutôt que d'acheter en ligne. Concrètement, avec l'application dédiée, Keetiz, un Narbonnais peut ainsi bénéficier de 30% de réduction sur tous ses achats, à condition de ne pas dépenser plus de 15 euros par jour, et de payer exclusivement par carte bancaire. Tout se fait automatiquement, les sommes remboursées apparaissant quelques jours plus tard dans l'application, et il suffit alors d'un clic pour qu'elle soit virée sur votre compte bancaire, démonstration à l'appui dans la vidéo en tête de cet article.
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"On voit qu'il y a un peu plus de dépenses grâce à ce dispositif. Là par exemple, j'ai eu une cliente qui est venue rajouter la pose d'ongles, parce qu'elle avait récolté 50 euros sur Keetiz", explique à TF1 Céline Garcia, gérante du salon de coiffure et d'esthétique Beauty Lounge à Narbonne. Toutefois, le système a une grande faille. "A partir du moment où une partie de la clientèle n'est pas au courant de l'opération, ou qu'elle est mal informée, par exemple sur la sécurité du dispositif, elle ne vient pas davantage, pas même pour se renseigner", témoigne, de son côté, Marie-Andrée Petitjean, gérante de la boutique de vêtements Etiquette, qui n'a pas encore vu les retombées économiques de cette initiative.
Le piège de l'abonnement caché
L'agglomération du Grand Narbonne, qui a financé l'opération, se satisfait cependant du résultat. "La première semaine (à partir du 13 juillet, ndlr), il y a eu dans les 2.000 euros de cash restitué et là, on est passé à 53.000 euros, sur le montant total de la subvention qui est de 400.000 euros, un très gros chiffre pour soutenir l'économie locale", argue Jean-Michel Alvarez, le vice-président du Grand Narbonne en charge de l'Economie. Plusieurs autres communes, notamment en Occitanie, comptent lancer un dispositif similaire dans les prochains mois.
Il convient enfin de préciser que des applications de ce type existent partout, et n'ont pas toujours vocation à soutenir les circuits courts et le commerce local, parmi lesquelles iGraal, le n°1 du marché, ou Poulpeo, pour citer les plus connues. Un classement des applications de "cash back" les plus fiables est d'ailleurs à découvrir sur ce site. Des enseignes bien connues, du reste, proposent ce service, à l’image de la Fnac, de Darty, de Cdiscount, mais aussi de OUI.SNCF.
Mais en France, les principales associations de consommateurs relèvent depuis plus de dix ans maintenant les témoignages de clients prélevés sans avoir pris conscience d'avoir souscrit à un abonnement tout en utilisant certaines applications. Un article de 60 Millions de consommateurs mentionne ainsi, dès 2009, les plaintes visant ces offres "Remises et Réductions". Un autre a été publié en 2013 sur le site de l'UFC-Que Choisir, avec des témoignages de la même nature.