CASSE-TÊTE - Au nom de l'équité et de la sécurité sanitaire, le gouvernement a décidé de fermer les rayons "non essentiels" des grandes surfaces plutôt que d'autoriser des petits commerces à rouvrir. Dans un magasin Auchan de Faches-Thumesnil, dans le Nord, on a déjà trouvé la parade.
Une situation ubuesque. L’interdiction pour les supermarchés de vendre des "produits non essentiels", décidée par l’exécutif pour rétablir une "équité" avec des petits commerçants contraints de fermer, tourne au casse-tête. Dans un hypermarché Auchan de Faches-Thumesnil (Nord), où 40% des rayons, de la culture aux jouets, sont dorénavant inaccessibles, les clients ont toujours la possibilité de les commander sur le site internet de l'enseigne, par mail ou téléphone, et même... devant le rayon fermé, comme le montre la vidéo ci-dessus.
Afin de limiter la casse et la perte de chiffre d'affaires, les responsables ont en effet fait installer à la hâte des comptoirs "retrait et commande" faits maison. "Le client nous indique le produit qu’il recherche, et s’il est disponible en rayon on lui remet au bout d’une heure à l’espace dédié au retrait des commandes en ligne", explique Sébastien Leclercq, responsable commercial des rayons non-alimentaires de cet hypermarché. L'objectif est d'écouler les produits invendus, car il est impossible de vider tous ses rayons et de stocker autant de marchandises, justifie la direction.
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Les supermarchés ont-ils le droit de mettre en place un tel ystème de "click and go" ou "click and collect" (retrait en magasin) ? Le gouvernement a consenti une tolérance jusqu'à ce mercredi soir pour laisser aux grandes surfaces le temps de réorganiser leurs rayonnages. Passé ce délai, et pour la durée du confinement (avec un point d'étape le 12 novembre prochain), ils ne pourront vendre qu'une catégorie limitée de produits, l'alimentaire, bien sûr, mais aussi les journaux et papeterie, les matériaux de construction ou la quincaillerie, les "produits de toilette, d'hygiène, d'entretien et de produits de puériculture. Cependant, comme l'ensemble des acteurs peut vendre en livraison ou en "click and collect", rien n'est interdit à la vente en ligne.
Un mini Amazon local à Limoges
De l'autre côté du problème, il y a les petits commerçants. Depuis vendredi, de nombreux maires ont pris des arrêtés symboliques pour leur permettre de rester ouverts durant le reconfinement. Les préfectures concernées ont annoncé les unes après les autres déférer ces décisions municipales au tribunal administratif pour les faire suspendre. Afin de répondre aux problèmes de concurrence entre petits commerces de proximité et grandes surfaces, l'exécutif doit préciser jeudi les solutions existantes pour permettre aux premiers de réaliser leur transformation numérique.
Né en avril dernier lors du premier confinement, tout en restant au stade embryonnaire, le concept de "supermarché virtuel" pourrait être l'une des solutions pour assurer l'avenir, voire la survie, des petits commerces délaissés des centres-villes. L'idée ? Se regrouper pour bénéficier d'une plus grande visibilité sur Internet. Un peu partout en France, des initiatives sont lancées.
À Limoges (Haute-Vienne), un supermarché virtuel, sorte de mini Amazon local, réunissant une quarantaine de commerçants, va être lancé ce jeudi pour aider les commerces pendant le confinement. Intitulé “Shop in Limoges”, ce service réunit des métiers de bouche mais également des commerces qualifiés de "non essentiels" comme des fleuristes, des coiffeurs ainsi que trois librairies indépendants. Ce type d'initiative devrait se multiplier dans les semaines à venir, alors que les fêtes de fin d'année approchent à grand pas.