ARGENT - Le secteur de l'immobilier est l'un des seuls qui n'a pas souffert de la crise sanitaire. De plus en plus de Français s'orientent notamment vers le financement participatif. Focus sur cette épargne collective, devenue souvent indispensable pour les promoteurs qui veulent lancer des constructions.
Le financement participatif, ou crowdfunding, dans l'immobilier a fait son apparition en France en 2016. Il s'agit d'un placement à court terme, pouvant facilement rapporter 10% de sa mise. Il est néanmoins considéré comme "à risques", car directement dépendant de la solvabilité du promoteur.
Pour les particuliers, il est surtout plus accessible qu'un placement classique, les montants investis pouvant se réduire à un millier d'euros, tout en culminant parfois à une dizaine de millions. En 2020, ce système, dont l'essor n'a jamais cessé, représente une nouvelle source de financement, autre que les banques, pour les promoteurs immobiliers.
Nous avons démocratisé un produit d'investissement auparavant réservé à des investisseurs experts ou institutionnels.
Grégoire Linder, co-fondateur de la plateforme Raizers
C'est, du reste, l'un des rares secteurs que la crise sanitaire et économique aura épargné : la pierre est en effet restée, jusqu'à ces dernières semaines, une valeur refuge pour les investisseurs. Les prix ont même continué à augmenter, à hauteur de 5,1% en un an. Dans ce sillage, le crowdfunding a attiré toujours plus d'adeptes sur la trentaine de plateformes dédiées qui réunissent des PME, mais surtout de nombreux particuliers, afin de réunir des fonds visant à lancer des constructions.
Sous le regard des caméras de TF1 (voir la vidéo en tête de cet article), dans les locaux de la société d'investissements Raizers, on peut constater que moins de quinze minutes peuvent suffire à réunir ainsi un millions d'euros. "Nous avons démocratisé un produit d'investissement auparavant réservé à des investisseurs experts ou institutionnels", formule Grégoire Linder, co-fondateur de cette plateforme de crowdinvesting. Concrètement, on parle de prêts à taux élevé : 10%, remboursables en seulement 24 mois pour le promoteur qui reçoit cet argent.
Dix fois plus rentable
Jean-Noël est l'un des particuliers qui investissent de cette manière dans l'immobilier. Il a participé à 20 projets de construction. A chaque fois, il mise entre 1.000 et 3.000 euros. Et au bout de deux ans, il récupère la somme, plus les intérêts. Un placement qui lui convient parfaitement : "Pour l'instant, ça reste sûr. Après, ce n'est jamais garanti à 100%. C'est comme pour les assurances-vie ou n'importe quel placement en fait, il y a toujours des plafonds et des limites. Mais 8% sur les placements à court ou long terme, c'est vraiment très bien, en ce moment."
Ce qui séduit, principalement, c'est que ce système s'avère dix fois plus rentable que les placements bancaires classiques. Mais il n'y a pas que le rendement qui attire les investisseurs. A titre d'exemple, Adam Cellier, jeune médecin, se montre sensible aux projets immobiliers respectueux de l'environnement. En l'occurrence, le financement participatif rejoint ses convictions. "Je suis contre la bourse, je suis contre la finance, affirme-t-il. Là, ces placements, ce sont des murs, qui souvent existent déjà, qui sont concrets. Ça m'intéresse plus que le prix du baril je ne sais où, que je ne comprends pas."
L'avertissement de l'autorité des marchés financiers
Le reportage de TF1 montre aussi un chantier à Vernon (Eure), qui aurait sans doute difficilement vu le jour sans l'aide d'investisseurs particuliers. Pour le promoteur, cet apport d'argent frais, débloqué en moins de trois semaines, est un ballon d'oxygène. Il représente en fait une partie de l'apport personnel exigé par sa banque. "Nous avons besoin aujourd'hui d'être très réactifs. Il faut pouvoir mobiliser rapidement des fonds. Et grâce à ce système, nous évitons d'emprunter un peu plus aux banques", synthétise Christophe Joubeaux, promoteur du groupe portant son nom, à l'initiative dudit chantier.
Le revers de la médaille, c'est que l'investisseur peut tout perdre, en cas de faillite du promoteur, de retard dans les travaux, de logements invendus... "Perte tout ou partie du capital investi ou des sommes prêtées, difficulté de revente de titres, absence de garantie de la bonne affectation des sommes collectées. Investissez donc uniquement des sommes dont vous êtes certain ne pas avoir besoin à court terme", prévient, dans l'avertissement mis en bonne place sur son site Internet, l'autorité des marchés financiers. Laquelle n'ignore pas qu'un individu averti en vaut deux.
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