Poissons : à quels labels de qualité peut-on se fier ?

Publié le 7 septembre 2020 à 11h52

Source : JT 20h WE

ALIMENTATION - Comment savoir d'où vient le poisson que vous mangez ? Pour que le consommateur s'y retrouve, des labels sont apparus en rayon. Mais sont-ils vraiment un gage de qualité et de respect de l'environnement ?

Un poisson français ou bio, "c'est un premier indice de qualité du produit, et Dieu sait qu'on a besoin de savoir ce qu'on mange", confient des clients au micro de TF1 dans le reportage en tête de cet article. Oui, mais voilà, "Pavillon France", "Pêche durable" ou autre, peut-on se fier aux labels ? 

80 % de la pêche labellisée est industrielle

En France, le label le plus répandu est le label "MSC Pêche durable", géré par l'association Marine Stewardship Council (MSC) qui tente notamment de lutter contre la surpêche. Celle-ci avance sur son site qu'il s'agit du "seul programme de certification et de labellisation pour la pêche sauvage qui réponde aux meilleures pratiques exigées par la FAO", l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. Il est présent sur un quart des poissons vendus en France. 

Le label promet  de contrôler les stocks de poisson pêchés et de ne pas chambouler l’écosystème maritime. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’il s’agit de pêche artisanale. Au contraire, 80% de la pêche labellisée est industrielle, assure à TF1 Frédéric Le Manach, directeur de l'association Bloom, qui oeuvre pour la protection de l'océan et des espèces marines. 

Pour la pêche artisanale, il faut plutôt compter sur des labels plus petits, et donc rares en supermarché. Par exemple "Artysanal Pêche artisanale garantie", porté par l’association Smart, ou le label "Bar de ligne–Pointe de Bretagne", qui dépend de l’Association des ligneurs de la pointe de Bretagne.

Les techniques de pêche encore douteuses

Les labels les plus largement répandus sont régulièrement pointés du doigt par les associations de lutte contre la surpêche, qui expriment des doutes sur les techniques utilisées. En mer, un chalutier de près de 90 mètres de long et aspirant des tonnes de poissons par jour peut effectivement capturer des poissons qui seront labellisés. Mais il utilisera un énorme filet, traîné sur des kilomètres. Problème, ces filets sont accusés de capturer de nombreuses espèces sans distinction, comme les dauphins.

"On empêche toute transformation du secteur de la pêche puisque les pires méthodes de pêche sont mises en avant et récompensées", regrette le scientifique de l’association Bloom. Mais les gestionnaires de ce label se défendent : la quantité des poissons pêchés est limitée et respectée. 

Poisson français… pas vraiment

Les labels qui mentionnent la France signifient-t-ils que le poisson est pêché au large de la France ? La marque "Pavillon France", créée par des professionnels de la filière pêche, nous prouve que non. Car si le navire utilisé est forcément français, le poisson, lui, peut avoir été pêché n'importe où. Pourtant un rouget labellisé "Pavillon France" coûtera presque deux fois plus qu'un rouget français non labellisé. Ce label n'assure donc pas la durabilité de l’espèce mais garantit toutefois de bonnes conditions de sécurité et de travail pour les employés et une qualité sanitaire pour le produit.

Pour savoir d’où provient le poisson, il faut donc parfois se fier à l’étiquette plutôt qu’au prix. La zone et la technique de pêche doivent y être mentionnées. En matière d’impact environnemental, la ligne ou les casiers sont préférables à la drague et au chalut.


La rédaction de TF1info

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