Aides sociales non réclamées : qui sont ceux qui n'ont pas accès à leurs droits ?

TF1 | Reportage Gwenaelle Bellec, Corinne Chevreton, Léa Kebdani
Publié le 22 mars 2022 à 10h11

Source : JT 13h WE

Emmanuel Macron promet, s'il est réélu, de verser automatiquement les prestations sociales aux personnes qui y sont éligibles.
APL, RSA... Avec le système actuel, on estime que dix milliards d’euros d’aides ne sont pas réclamés.
Qui sont ceux qui ne font pas valoir leurs droits ?

Davis Mouyal, ancien chauffeur de taxi sans activité, est resté sans aucune aide sociale pendant de longues semaines : il avait une sorte de "gêne" à demander. Finalement, une application lui a permis de connaître ses droits, notamment le RSA qu’il va toucher pendant cinq mois. "J'ai eu une petite traversée du désert, c'était un peu compliqué. Au lieu de vous mettre la tête sous l'eau, ça vous la maintient", témoigne-t-il dans le reportage de TF1 en tête de cet article. 

Mais dans l’Hexagone, près d’un tiers des personnes éligibles ne perçoivent pas les prestations sociales : c'est le cas de 36% de ceux qui peuvent en principe toucher le RSA, 61% pour l'allocation adulte handicapé, 27% pour la prime d'activité, ou encore 21% pour la couverture mutuelle universelle.

Qui sont ces personnes qui n'ont pas accès à leurs droits ? Selon Jean Merckaert, directeur de l'action et du plaidoyer au Secours catholique, "ce sont souvent des personnes qui sont abîmées par la vie, soit qu'elles ont perdu récemment leur emploi, soit qu'elles vivent dans un logement particulièrement précaire, en squat ou à la rue, soit que ce soit des personnes ou des personnes étrangères qui n’ont pas connaissance de leurs droits". "Les facteurs, ajoute-t-il, c'est à la fois l’ignorance, mais aussi la complexité des démarches". 

Beaucoup sont en effet dépassés par la paperasse ou l’accès au numérique, avec des conséquences qui peuvent être lourdes. "Des impayés de loyer, un surendettement, des expulsions, mais aussi des problématiques de non recours aux soins, des problématiques de santé physique ou psychique", énumère Nadia Okbani, professeure en science politique à l'université de Toulouse.

Le versement à la source des aides sociales, de façon automatique, comme le propose aujourd'hui le candidat Emmanuel Macron, permettrait de lutter contre ce phénomène. Mais de façon incomplète. "Les publics potentiellement les plus marginalisés ou les plus précarisés, souligne Nadia Okbani, ne pourraient pas entrer dans ce système-là, et cela supposerait surtout que les services sociaux locaux puissent les identifier et les accompagner dans ces démarches".

Le non-recours aux aides est évalué à plus de dix milliards d’euros. C’est largement plus que la fraude, estimée de son côté à quatre milliards d’euros.


TF1 | Reportage Gwenaelle Bellec, Corinne Chevreton, Léa Kebdani

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