L’association de défense animale L214 a diffusé ce jeudi soir des images tournées dans un élevage de poulets, avant une action nationale dans une trentaine de supermarchés de France ce week-end.Objectif : alerter sur les pratiques consistant à sélectionner génétiquement les volailles pour les faire grandir.
Le Mans, Orléans, Auxerre, Valence, Montpellier, Perpignan... Dans le cadre d'une action nationale en cours, des bénévoles de l'association de défense animale L214 ont mené des opérations distinctes dans une trentaine de supermarchés de l'Hexagone durant le week-end. Objectif : sensibiliser les consommateurs sur les pratiques consistant à sélectionner génétiquement les poulets d'élevage pour les faire grandir via le réétiquetage de barquettes en rayon et le tractage.
Cette mobilisation sur le terrain faisait suite à une campagne choc de l'association qui a diffusé jeudi soir des images tournées dans un élevage ayant recours à cette manipulation génétique pour obtenir ce que L214 appelle des "frankenchickens" ou "turbo-poulets".
"Leur croissance est quatre fois plus rapide qu’en 1950"
Dans cette nouvelle enquête, tournée au sein d'une ferme d'Ille-et-Vilaine, L214 cible particulièrement le groupe LDC, leader français du poulet, plus connu pour ses marques Le Gaulois et Maître CoQ. On y découvre les conditions de vie des volailles issues de l’utilisation "de cette souche génétique à croissance ultrarapide", selon les termes de l'association qui estime que cette dernière "porte gravement atteinte à leur santé".
"Leur croissance est quatre fois plus rapide qu’en 1950, ce qui engendre chez eux malformations des membres, maladies cardiaques et respiratoires, ou encore développements musculaires disproportionnés", détaillent les défenseurs des animaux sur leur site. "Leur souche génétique porte un nom de code digne d’une créature de Frankenstein : Ross 3082."
À titre de repère, les volatiles concernés, décrits comme des "poussins obèses" et non des poulets, pèseraient trois kilos dès 44 jours de vie. "Les 34.000 poussins passent de 50 g à 3 kg en l’espace de 6 semaines, soit une multiplication de leur poids par 60", résume l'association. D'où le slogan brandi dans certains supermarchés de France ce week-end : "poulet manipulé génétiquement, 44 jours de souffrance". Selon L214, certains oiseaux n'arrivent pas à supporter leur poids, ayant parfois les pattes cassées, et décèdent avant ce délai.
Des images "révoltantes"
Si "les images de ces poulets mal en point sont révoltantes", l'association déplore le fait que "le consommateur ne fait pas forcément le lien au moment de son acte d’achat". D'où la nouvelle campagne de sensibilisation en cours dans les supermarchés.
"À partir du samedi 18 novembre, dans plusieurs régions de France, L214 va réétiqueter les barquettes de poulet Le Gaulois dans les rayons avec un sticker explicite sur cette sélection génétique", prévient-elle, rappelant que plus de 120 marques se sont engagées à respecter l'European chicken commitment (CEE), une norme européenne qui assure une meilleure qualité des produits.
Sollicité par France 3, le groupe LDC dénonce des propos "caricaturaux" de la part de L214, sans pour autant contester les images publiées par l'association. "Je ne dis pas que cela n'existe pas, mais dans tous les élevages vous pouvez trouver des animaux qui boitent", rétorque Dylan Chevalier, le responsable développement durable et communication du géant du poulet. "Est-ce que ces images montrent les volailles qui vont bien ? Est-ce que cela montre le travail des agriculteurs ? Cela ne reflète pas la réalité de la filière."
Selon lui, l'entreprise répond à la foi à "une demande des consommateurs" et du marché : "Il y a une nécessité d'accessibilité des prix. Sans cela, c'est du poulet importé du Brésil ou d'Ukraine qui sera dans les rayons alors même que les conditions d'élevage sont bien moins bonnes qu'en France."