Plus gras et moins bons pour la santé : les fausses promesses des produits "sans sucres ajoutés"

Publié le 24 janvier 2023 à 12h58

Source : JT 13h Semaine

Près de 5% des Français déclarent suivre un régime "sans sucres ajoutés".
Une façon de se nourrir très en vogue qui pousse les consommateurs à privilégier l'achat de produits allégés.
Des aliments pourtant pas toujours bons pour la santé.

Les promesses sont souvent alléchantes : consommer vos produits préférés, le tout avec moins de sucre à l'intérieur. Des aliments qui séduisent particulièrement les Français : selon un sondage de l'UFC-Que Choisir publié en avril 2021, près de 5% des personnes interrogées affirmaient avoir adopté un régime spécifique "sans sucres ajoutés". Face à ces données, l'association de consommateurs s'est penchée sur les produits qui prétendent appliquer ce concept. "Pas forcément une bonne solution", prévient-elle dans une étude publiée dans son magazine de janvier 2023.

+91% de sucre pour du chocolat allégé

Depuis quelques années, les entreprises de l'agroalimentaire surfent sur la volonté des Français de réduire leur consommation de sucre et multiplient les offres avec la mention "réduit en sucre" ou "sans sucres ajoutés". Des produits qui rapportent gros, souligne l'UFC-Que choisir, indiquant que ceux étudiés ont coûté, en moyenne, 30% plus cher que les 14 versions classiques achetées pour comparaison. "Or, ce surcoût n'est pas toujours justifié. Les denrées censées renfermer moins de sucres ne sont pas forcément plus saines, ni même moins caloriques que les versions classiques", précise l'association.

Pour arriver à ce constat, elle a passé au crible des centaines d'articles proposés dans les rayons des supermarchés. Conclusion : "Nos observations indiquent que rares sont les produits prétendument allégés réellement recommandables", avance l'association de défense des consommateurs. Nombreux sont ceux qui sont en réalité constitués d'ingrédients qui regorgent naturellement de sucre comme le jus de raisin dans des conserves de fruits, les dattes séchées ou encore les céréales.

Et l'UFC-Que choisir d'indiquer quelques exemples : le chocolat Poulain "avec moins de sucres" en contient en vérité... 91% de plus que le classique. Des barres de céréales de la marque Nakd qui se vantent "sans sucre ajouté" en contiennent 94% de plus que des barres de céréales de la marque U en raison d'une recette comprenant 53% de dattes. Même chose sur une boisson Carrefour à l'épeautre censée être, elle aussi, "sans sucre ajouté" mais qui en renferme presque autant qu'un soda, soit 492% de plus que la plupart des laits de soja.

Des matières grasses et du sel pour compenser

Pour un produit de bonne qualité, le sucre est donc loin d'être le seul composant à surveiller. Certains industriels le remplacent par d'autres nutriments, comme le gras, tout aussi mauvais pour la taille et la santé. "Et justement, en ce qui concerne les aliments à la fois gras et sucrés, tels que les gâteaux, les biscuits ou les viennoiseries, un grand nombre de références compensent l’allègement en sucres par un apport en matières grasses plus élevé. Ce qui est problématique quand on sait qu’un gramme de lipides fournit deux fois plus d’énergie qu’un gramme de glucide !", prévient l'UFC-Que choisir.

Par exemple, la pâte à tartiner Jardin Bio Étic réduite en sucre en contient 37% de moins que la moyenne, mais voit sa teneur en matières grasse supérieure de 19% par rapport, notamment, à un pot de Nocciolata classique. Sur le pain de mie, celui de la marque La Boulangère contient 121% de matières grasses en plus que d'autres produits à la recette non modifiée, c'est presqu'autant qu'un liégeois au chocolat. 

Enfin, certains produits qui se vantent allégés en sucre compensent avec des taux de sel plus importants, alors que les Français en absorbent déjà 7 grammes par jour quand l'OMS en recommande un maximum de 5 grammes. C'est le cas notamment de la mayonnaise Jardon Bio Étic étudiée par l'UFC-Que choisir qui contient 0,49 gramme de sucre en moins, mais 0,14 gramme de sel en plus. Enfin, l'association alerte sur la présence de nombreux additifs présents pour compenser la réduction de sucre, particulièrement dans les sodas, les sirops et les desserts, à commencer par les édulcorants, "dont certains comme le sucralose, l’acésulfame K ou l’aspartame sont suspectés d’effets délétères sur la santé, particulièrement au travers d’une perturbation de la flore intestinale", détaille l'association de défense des consommateurs.

L'effet halo

Autre effet indésirable des produits allégés en sucre : ils peuvent entraîner une augmentation de la taille des portions ingurgitées. Selon une étude publiée par le chercheur en santé publique de l'université Deakin (Australie), Gary Sacks, quand les consommateurs pensent consommer des sucreries allégées, leur consommation peut augmenter jusqu'à 28%. Une hausse particulièrement marquée chez les personnes en surpoids et qui porte un nom : l'effet de halo. 

Ces mentions qui peuvent s'avérer plus dangereuses qu'utiles sont pourtant contrôlées : un règlement européen adopté en 2006 prévoit d'interdire les promesses de composition nutritionnelle améliorées ou de bénéfices pour la santé sur les emballages de produits déséquilibrés. Mais 17 ans plus tard, le texte n'a toujours pas été appliqué. 


Annick BERGER

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