L'une des conséquences du conflit en Ukraine est la probable hausse des prix des produits du quotidien.Mais également des tarifs de l'énergie, avec le gaz et le pétrole.La rédaction de TF1info fait le point sur ces nouvelles augmentations.
Blé, tournesol, nickel ou encore pétrole... la guerre en Ukraine a déjà des impacts sur le porte-monnaie des Français, la Russie et l'Ukraine jouant toutes deux un rôle clé dans l'approvisionnement mondial. Conséquence, les prix flambent et se répercutent à la pompe, dans les caddies et dans les foyers des Français. La rédaction de TF1info fait le point sur ces nouvelles augmentations dans l'Hexagone.
Les factures d'énergie
Première hausse : le pétrole. Dimanche, le prix du baril de Brent, l'une des références du marché, frôlait son record absolu (établi à 147,50 dollars) avec 140 dollars, faisant automatique monter les prix du carburant à des taux historiques. En France ce lundi 7 mars, le gazole atteint en moyenne 1,8831 € le litre et dépasse le montant du sans plomb SP95-E10 (1,8713 € le litre). Jamais le prix du carburant n'avait été aussi élevé.
Et ce n'est pas près de s'arrêter : tôt dans la matinée, sur France Info, Michel-Edouard Leclerc avertissait d'une nouvelle hausse de 8 à 10 centimes du prix du carburant "dans toutes les stations de France" cette semaine.
Pour l'instant, les sanctions économiques évitent soigneusement ce secteur, mais les États-Unis, moins dépendants que l'Europe grâce à leur production nationale, évoquent avec l'UE la possibilité d'une interdiction d'importer du pétrole russe. Pour Michel-Edouard Leclerc, ce serait une très mauvaise nouvelle pour la France. "Chez nous, par exemple, tout le gazole de la façade Atlantique vient des traders des Russes", explique-t-il, en indiquant que son groupe, E.Leclerc, vend 10 milliards de litres par an.
Tiré par le conflit entre la Russie et l'Ukraine, le prix du gaz a atteint, lui aussi, un nouveau record sur le marché européen, à près de 350 euros le mégawattheure. Avec près de 40 % de gaz russe importé en Europe en 2021, si les sanctions contre la Russie devaient être étendues à ce secteur, les Vingt-Sept "pourraient venir à manquer de gaz l'hiver prochain", avait souligné la directrice générale d'Engie, Catherine MacGregor, sur France Inter.
Le panier de courses
Au prix de l'énergie, s'ajoutent ceux des matières premières matières. Dans les caddies, les produits de boulangerie-pâtisserie, mais aussi les céréales, pourraient pâtir des plus fortes hausses en raison de la flambée du cours du blé, qui atteint ce lundi 450 euros la tonne. Pour Michel-Edouard Leclerc, les conséquences sont surtout à "attendre pour l'été prochain", une fois les récoltes faites dans les deux "grenier à céréales" de l'Europe : l'Ukraine et la Russie.
Le porc et l'huile devraient aussi voir leurs montants augmenter. Et pour cause, le maïs et le tournesol risquent de ne pas être plantés en Ukraine ces prochains mois. Le pays en est respectivement le quatrième et le premier exportateur mondial. Le lait, le beurre, la crème ou les œufs subiraient à leur tour des coûts supplémentaires pour nourrir les vaches et les poules.
De l'autre, certains secteurs comme l'automobile, les transports ou la chimie devraient être également impactés, en raison des sanctions économiques sur les métaux industriels russes par la communauté internationale. Exemple avec le palladium. Cette semaine, il décroche un record absolu à 3442,47 dollars l'once, dont la Russie contrôle 50 % du marché mondial. Problème pour l'automobile : il est utilisé pour la fabrication des pots catalytiques.
Le journal Capital Economics s'inquiète dans le même temps du nickel : 7 % de son marché mondial "pourrait être affecté". Or, ce métal, qui bat aussi des records sur les marchés, est l'un des plus demandés sur la planète dans les usines de batteries électriques, censées permettre à l'industrie automobile d'abandonner le pétrole.
Quelle réponse du gouvernement français ?
Face à la hausse des prix de l'énergie, le gouvernement français a prévu de dépenser quelque 22 milliards d'euros en mesures de soutien au pouvoir d'achat, a indiqué, ce lundi, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire. Mais "nous apporterons une réponse à tous les Français les plus touchés par la crise, (...) des réponses ciblées sur ceux qui en ont le plus besoin", a-t-il prévenu.
Le gel du prix du gaz devrait coûter "10 milliards d’euros sur l’intégralité de l’année 2022", contre 1,2 milliard d'euros budgété jusqu'ici, a-t-il expliqué sur RMC/BFM TV. "Le plafonnement des tarifs de l’électricité" a quant à lui déjà coûté "8 milliards d'euros et l’indemnité inflation 4 milliards d'euros", a détaillé le ministre. Au total, la facture s’élève "à plus de 20 milliards d'euros sur la seule protection de nos compatriotes contre la flambée des prix de l’énergie", a-t-il conclu.
Mercredi, face à l'accélération du conflit en Ukraine, le président Emmanuel Macron a demandé à Jean Castex d'élaborer "un plan de résilience économique et social" pour répondre aux difficultés à venir, notamment du côté des matières premières.