Réacteurs à l'arrêt : y aura-t-il assez d’électricité cet hiver ?

Publié le 9 février 2022 à 13h05, mis à jour le 9 février 2022 à 14h33

Source : JT 20h Semaine

EDF a annoncé mardi l'arrêt de 3 réacteurs nucléaires supplémentaires pour des contrôles.
Au total, 12 réacteurs sur 56 sont ont été mis hors service.
Selon le gestionnaire du réseau électrique RTE et la ministre de la Transition écologique, la France ne court cependant pas de risque de "black out".

Pour EDF, c'est la loi des séries. Alors que 12 des 56 réacteurs du parc nucléaire français sont déjà à l'arrêt, le principal fournisseur d'électricité en France a annoncé mardi que 3 réacteurs supplémentaires - Chinon 3, Cattenom 3 et Bugey 4 - allaient être mis au repos les 19 février, 26 mars et 9 avril. "On va les arrêter pour effectuer des contrôles", a expliqué un porte-parole à l'AFP. Confrontée à des problèmes de corrosion identifiés ou soupçonnés sur un circuit de sécurité, EDF doit en effet jouer la carte de la sécurité. "Nous avons poursuivi les investigations sur les réacteurs" et "cela nous amène à anticiper certains arrêts et à en poursuivre d'autres", précisait lundi ce porte-parole à l'AFP.

En raison de ces fermetures, le groupe a donc de nouveau abaissé sa prévision de production nucléaire pour cette année. "Dans le cadre de son programme de contrôles sur le parc nucléaire (...) EDF ajuste son estimation de production nucléaire 2022 à 295–315 TWh, contre 300–330 TWh (térawattheures)", indique-t-il dans un bref communiqué. EDF, qui visait initialement une production de 330 à 360 TWh, avait déjà abaissé sa prévision le 13 janvier. Ces nouveaux arrêts pourraient-ils provoquer un déficit d'électricité pour cet hiver ?

Un risque "maîtrisé"

Si le gestionnaire du réseau électrique RTE a indiqué vendredi maintenir sa "vigilance sur la fin de l'hiver", il semble néanmoins plutôt optimiste. Selon le groupe, "les annonces récentes d’EDF n’invalident pas les conclusions de l’analyse du 4 février pour la fin de l’hiver, la disponibilité de la filière nucléaire restant dans le cône de prévision de RTE pour cette période". La disponibilité prévisionnelle du parc nucléaire anticipée par RTE sera ainsi proche "des niveaux de l'hiver dernier", est-il noté dans un communiqué.

"On est sur un risque qui est maîtrisé, pour autant il faut bien se dire que la disponibilité de notre parc de production pendant cet hiver de manière générale est extrêmement contrainte", a néanmoins souligné vendredi Thomas Veyrenc, directeur de la stratégie et de la prospective de RTE, à l'occasion d'une présentation à des journalistes.

De plus, rien n'indique pour le moment une prochaine flambée de la consommation, une de vague de froid (de l’ordre de 4 °C en dessous des normales) sévère apparaissant à ce stade "peu probable", au moins pour le début du mois de février, fait savoir RTE. "La consommation des entreprises et des ménages se situe dans la continuité des observations de la première moitié de l’hiver, malgré les niveaux de prix observés sur les marchés de l'électricité", constate par ailleurs le groupe.

Le recours aux centrales à charbon et à divers mécanismes

"Il n’y a pas de risque de black-out en France parce que nous avons mis en place un certain nombre de mécanismes pour éviter cela", a également assuré mardi la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili sur France Info. Pour se donner un peu de marge, le gouvernement a notamment prévu d'assouplir les limites d'utilisation de ses dernières centrales à charbon très polluantes cet hiver.

Le groupe rappelle de plus que plusieurs mesures sont prévues en cas de grand froid, de très faible production éolienne en Europe ou de nouveaux gros problèmes sur les capacités de production : interruption de grands consommateurs industriels, baisse de la tension sur les réseaux. Mais malgré une situation tendue en janvier, il n'avait pas été nécessaire de recourir à ce type de mesure exceptionnelle.

RTE précise aussi que "des coupures ciblées" restent toujours possibles en dernier ressort pour soulager le réseau en cas d'aggravation des difficultés, mais juge cela "peu probable pour l’essentiel du mois de février". D'éventuelles alertes ou appels à des gestes d'économie seront diffusés au grand public via le site Ecowatt.

Ces derniers déboires d'EDF, qui s'ajoutent aux nouveaux retards de l'EPR de Flamanville (Manche), interviennent alors qu'Emmanuel Macron est annoncé ce jeudi à Belfort pour une visite sur le thème de l'énergie et notamment "sur la relance du nucléaire français".

En novembre, le président avait annoncé son intention de construire de nouveaux réacteurs en France, mais sans donner plus de précision. La filière, qui propose de construire six nouveaux EPR, espère des annonces dans ce sens.


La rédaction de TF1info

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