Sept à huit

VIDÉO - Fesses XXL : l'enquête de "Sept à Huit" sur les risques du "Brazilian Butt Lift"

par M.L | Reportage "Sept à Huit"
Publié le 5 février 2023 à 19h04, mis à jour le 6 février 2023 à 14h46
JT Perso

Source : Sept à huit

Pour avoir des fesses aux rebondis disproportionnées, des dizaines de milliers d'Américaines passent sous le bistouri chaque année.
Des interventions moyennant des milliers de dollars, et loin d'être bénignes : la convalescence est délicate, et les opérations peuvent entraîner des risques potentiellement mortels.
"Sept à Huit" a mené l'enquête.

"Plus tu as de formes, plus tu es belle." Installée sur une banquette blanche, au milieu d'une pool party huppé de Miami, Dheeyonce pose devant l'objectif, la taille cambrée. Suivant son mantra, cette jeune comptable de 27 ans a subi il y a six mois une opération pour augmenter la taille de ses fesses et de ses hanches. Un corps resculpté dont elle dévoile les courbes sur son compte Instagram, où elle a gagné 10.000 abonnés en un mois. 

Partout dans la ville, la silhouette en sablier, avec sa taille fine et ses fesses voluptueuses, s'est imposée comme le nouveau canon de beauté. "J'en avais vraiment besoin, ça rend les photos beaucoup plus jolies. Maintenant, on voit beaucoup plus mes formes", commente l'influenceuse dans le reportage de "Sept à Huit" en tête de cet article. 

Popularisée par des vedettes comme la femme d'affaires Kim Kardashian ou la rappeuse Cardi B, cette tendance séduit des dizaines de milliers d'Américaines chaque année et les poussent à subir un Brazilian Butt Lift, ou BBL, un lifting des fesses à la Brésilienne. Inventée au Brésil, cette technique consiste à récupérer la graisse dans certaines parties du corps, comme le ventre, pour la réinjecter dans les fesses et les hanches. À Miami, la capitale de la chirurgie esthétique aux États-Unis, des centaines de cliniques accueillent des patientes venues de tout le pays, et de tout âge. 

10.000 euros et des mois de convalescence

Viviana, 43 ans, cadre dans un laboratoire pharmaceutique et mère de famille, rêve depuis des années de remodeler sa silhouette. Dans une ville où le culte du corps est omniprésent, elle passe des heures à écumer les réseaux sociaux pour imaginer le corps de ses rêves. Elle qui a toujours complexé sur la forme de ses fesses, trop plates à ses yeux, s'est enfin décidée à passer sous le bistouri, s'en remettant à un chirurgien repéré sur le réseau social, le Dr Salama. 

En France, toute opération de chirurgie esthétique doit être précédée d'une consultation, avec un délai de rétractation possible de deux semaines, mais à Miami, pas besoin d'attendre. Sous anesthésie générale, l'opération commence par une liposuccion du ventre, des bras et du dos, pendant presque une heure. Pour éviter les infections, les antibiotiques sont mélangés à la graisse récoltée, qui est ensuite réinjectée dans les fesses, une opération particulièrement délicate puisqu'en cas d'infiltration de graisse dans le muscle, "cela risque de se retrouver dans le sang et le patient peut en mourir", explique le médecin. 

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Pour cette intervention, Viviana a cédé 10.000 euros, elle qui gagne 16.000 euros par mois avec son compagnon. Elle s'est aussi préparée à plusieurs mois de difficile convalescence. Sortie deux heures à peine après l'opération, amortie par la douleur, elle s'allonge à plat ventre sur la banquette de la voiture qui la ramène. Pendant au moins quatre semaines, elle se pourra plus s'asseoir et durant quatre mois, elle devra supporter un corset de contention. Sans aucun regret : "comme ma mère le dit, il faut souffrir pour être belle", glisse-t-elle en contemplant ses nouvelles fesses arrondies.

Cette convalescence a aussi généré un business de soins post-opératoire à Miami, en plein essor. Des sociétés accueillent des patientes qui viennent tout juste de subir l'opération, moyennant par exemple chez l'une d'entre elle 1750 euros minimum pour un package de cinq jours, comprenant un logement, des transports, des soins et deux massages thérapeutiques. 

"Il a tué cette femme sur la table d'opération"

Mais toutes les opérations ne sont pas aussi bien prises en charge. En dix ans, 25 personnes sont mortes en Floride à la suite d'une intervention de BBL. Champagne a perdu en juin dernier sa sœur Shandrannia, 33 ans. Complexée par son corps depuis ses grossesses, cette mère de famille qui vivait au Texas et travaillait dans les assurances avait choisi pour l'opération un médecin basé à Miami, qui promettait des tarifs 35% moins chers que ceux de la clinique de Viviana. Mais selon sa famille, la salle où a eu lieu le BBL "n'avait pas l'air stérilisée, ça ne ressemblait pas à un hôpital mais à une pièce en béton avec des lits"

Au bout d'une heure, la jeune mère se serait retrouvée en arrêt cardiaque, après que le chirurgien aurait lacéré son foie pendant la liposuccion. "Il a essayé de la réanimer durant 40 minutes avant d'appeler une ambulance", accuse sa sœur. "Il ne voulait que personne ne voit qu'il avait tué cette femme sur la table d'opération. Pour moi, il ne pensait qu'à l'argent qu'il pourrait se faire", poursuit la jeune femme. "Il s'inquiétait pour sa réputation, et pour lui, ma sœur n'était qu'un numéro parmi d'autres. Mais c'était une mère, une fille, une sœur, une amie." La famille de Shandrannia a porté plainte, et l'enquête est toujours en cours. Contactée, la clinique n'a pas souhaité répondre. 


M.L | Reportage "Sept à Huit"

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