Pénurie d'huiles : Foodwatch demande une "totale transparence" en cas de changement de recettes

C.A. avec AFP
Publié le 1 avril 2022 à 23h07

Source : JT 20h Semaine

Confrontés à une pénurie d'huile en raison de la guerre en Ukraine, les fabricants ont demandé au gouvernement des dérogations pour vendre des produits "revisités" sans changer les étiquettes.
L'ONG Foodwatch a lancé une pétition pour réclamer une "totale transparence".

Prière de ne pas flouer le consommateur. L'ONG Foodwatch a réclamé ce vendredi une "totale transparence" sur les étiquettes d'huiles, alors que les fabricants, gênés par la pénurie d'huile en provenant d'Ukraine, ont demandé aux autorités des "dérogations" pour vendre des produits "revisités" sans changer les étiquettes.

Une dérogation pour prendre le temps de modifier l'étiquettage

"Deux tiers des importations françaises de tournesol proviennent d'Ukraine, principalement pour la fabrication d'huile et de tourteaux pour l'alimentation animale", détaille Foodwatch dans un communiqué ce vendredi. "Les fabricants se tournent donc vers des ingrédients de substitution, comme l'huile de colza, l'huile de palme et les tourteaux de soja OGM en provenance d'Amérique latine".

Problème dans le cas de la distribution alimentaire, "modifier l'étiquetage prend beaucoup de temps et les produits ne pourraient plus être proposés à la vente dans l'intervalle", tant que l'emballage stipule, par exemple, "100% huile de tournesol", explique une source du secteur. Les industriels ont donc, explique encore Foodwatch, "demandé des dérogations pour vendre ces produits revisités sans changer les étiquettes"

Des réserves "au moins jusqu'à cet été"

"L'huile de tournesol utilisée en cuisson peut être de deux types : oléique et linoléique. La France produit surtout de l’huile oléique mais doit importer de l’huile linoléique", explique à l'AFP Jean-Philippe Puig, directeur général du groupe Avril, numéro un français des huiles et protéines végétales (Lesieur, Puget). Une marque comme "Lesieur n'utilise que du tournesol produit en France, mais ce n’est pas le cas des marques distributeur", précise-t-il. L'huile de tournesol vendue en grandes surfaces est de "l'huile linoléique", dont l’Ukraine est un producteur important.

"A priori, nos industriels sont couverts en huile, au moins jusqu'à cet été", assure Bertrand Ouillon, délégué général de l'Interprofession française de la valorisation de la pomme de terre (UGPT), citant "des disponibilités en colza" et expliquant que les professionnels travaillent "sur des alternatives au tournesol, des panachages d'huiles".

Les consommateurs doivent être informés de ces changements d'ingrédients.
Foodwatch

"La DGCCRF est en train de nous donner cette flexibilité pour simplement informer sur l'emballage que ces complexes de matières grasses végétales sont sujets à une évolution. C'est du déclaratif, nous avons besoin de ce fonctionnement", explique de son côté à l'AFP le président de Cérélia Guillaume Réveilhac. Si Foodwatch dit comprendre "le caractère exceptionnel de la situation", l'ONG estime que "les consommateurs doivent être informés de ces changements d'ingrédients" et a lancé une pétition "exigeant la totale transparence", via une information "en rayons" des magasins "et en ligne, pour chaque produit de façon transparente et sans délai".

Le gouvernement a récemment confirmé que les industriels ont demandé de la "souplesse" sur les règles concernant l'étiquetage. "C'est un sujet sur lequel on continue de travailler avec les associations de consommateurs et les fédérations professionnelles" pour définir les critères de telles dérogations, a déclaré jeudi une source gouvernementale.


C.A. avec AFP

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