Huile de tournesol : faut-il craindre une pénurie dans les supermarchés ?

Publié le 14 avril 2022 à 11h45, mis à jour le 14 avril 2022 à 11h50
JT Perso
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Source : JT 13h Semaine

L'huile de tournesol commence à se raréfier sur le territoire français et dans les rayons alimentaires.
Si le marché est chahuté par la guerre en Ukraine, le pays étant l'un des plus gros producteurs de tournesol au monde, la tentation du surstockage exacerbe le phénomène.
Outre l’huile pure, de nombreux produits sont concernés par le risque de pénurie.

La crainte d'une pénurie d’huile de tournesol, croissante depuis le début du conflit russo-ukrainien, est-elle en train de se confirmer en France ? Dans les rayons de certains supermarchés du territoire, ce produit de consommation courante, essentiellement produit en Ukraine mais aussi en Russie, commence effectivement à se raréfier. 

Mais de l'avis de certaines enseignes de la grande distribution, ce sont davantage les achats anticipés des consommateurs qui expliquent les ruptures de stocks temporaires auxquelles ces dernières sont déjà confrontées. En conséquence, elles demandent à leurs clients de limiter leurs achats. 

Le comportement des consommateurs en cause ?

Par peur de manquer ou de payer beaucoup plus cher leur bouteille d'ici peu, de plus en plus de Français reconnaissent ces jours-ci faire le plein. "On dit et répète de ne pas s'inquiéter, qu'il n'y a pas de pénurie, mais le fait d'en parler attire l'attention de certains consommateurs, qui au lieu d'acheter un litre d'huile vont en acheter trois", explique auprès de l'AFP Thierry Desouches, porte-parole de Système U. "Or, la chaîne d'approvisionnement est dimensionnée pour un certain volume, et si ce dernier est démultiplié, il peut y avoir ce genre de rupture" alors qu'il n'y a pas de problème de stock. "Les gens font des stocks et c'est ce qui peut vider les rayons actuellement, mais il y aura de nouveau de la marchandise. Pas forcément toutes les marques, mais il y aura des produits, pas de panique", a expliqué de son côté le patron du groupe, Dominique Schelcher, au micro de Radio Classique. "Il y a un peu d'achats de précaution mais on n'est pas en pénurie complète de l'approvisionnement", a-t-il ajouté.

"Des consommateurs commencent à surstocker, ce sont eux qui provoquent le non-réassortiment des rayons", avait déjà averti dimanche sur BFMTV Michel-Édouard Leclerc, le patron du distributeur du même nom, soulignant que "la France est quasiment auto-suffisante, sauf pour l'alimentation animale". Et de préciser : "Pour l'huile de tournesol, elle a été fabriquée avec du tournesol de l'année dernière. Nous avons des stocks d'huile jusqu'au mois de juin"

Une "vraie" problématique après l'été ?

"En France, aujourd'hui, il n'y a pas de pénurie pour la consommation courante et il n'y en aura pas jusqu'à l'été", assure enfin Michel-Édouard Leclerc. Le problème de pénurie pourrait donc se poser d'ici quelques mois. "On sait très bien que d’ici six mois, il n’y aura plus rien. Le problème en Ukraine, c’est qu’à cette période de l’année, on devrait semer les plantes pour pouvoir récolter le tournesol et aujourd’hui, ça ne se fait pas donc il va y avoir des conséquences importantes dans les mois futurs", commente de son côté Christophe Tripodi, grossiste en produits alimentaires et directeur de Cash Alimentaire Sud-Est.

Fin mars, le ministre ukrainien de l'Agriculture avait estimé que l'invasion russe risquait de diviser par deux la prochaine récolte de céréales. Les Ukrainiens "vont semer partout où c'est possible" mais seulement "50% à 75% des territoires" vont pouvoir être exploités, soulignait Mykola Solsky, qui indiquait en outre que nombre d'agriculteurs avaient "rejoint l'armée ou la défense territoriale", créant une pénurie de main d’œuvre. Les semis ont bien commencé en Ukraine, mais si les volumes de tournesol ne sont pas au rendez-vous, "cela posera problème pour l'huile de tournesol et pour l'industrie agro-alimentaire", reconnaît Thierry Desouches. Même s'ils sèment, il faudra en outre sortir la marchandise d'un pays aujourd'hui coupé des routes commerciales, du fait notamment de l’arrêt du trafic maritime. "D’ici quinze jours environ, les réserves de tournesol seront épuisées en Europe, préviennent industriels et autorités", expliquait de son côté l’ONG Foodwatch, le 1er avril dernier. 

Un problème de prix déjà palpable

En revanche, concernant les prix de l'huile de tournesol, Michel Berio, le patron France des magasins Lidl, est catégorique : ils vont bien augmenter. La hausse est d'ailleurs déjà amorcée puisque le litre est passé de 1,79 euro à 2,10 euros en trois mois, a expliqué dimanche ce dernier dans une interview au Parisien. Quant au prix de la tonne, il a doublé en un peu plus d’un mois. À titre de repère, entre avril et octobre, la tonne pour la récolte 2021 s’échangeait entre 460 et 550 euros. Celle de la récolte 2022 a dépassé les 1 000 euros la première semaine d'avril. Par conséquent, les prix de l’huile de tournesol devraient plus que doubler. Et se répercuter aussi bien dans les bouteilles en vente dans les supermarchés que dans les plats et aliments.

"Avant, pour remplir une friteuse de 25 litres, il fallait 40 euros à peu près. Maintenant, il en faut presque 60-70", a déjà pu constater il y a quelques jours au micro de TF1 un professionnel venu se fournir ans un magasin Métro. Et de préciser : "J’en mets de côté de plus en plus pour éviter les augmentations."

De nombreux produits impactés

De fait, les conséquences de la guerre en Ukraine sur l'huile de tournesol, bouleverse par ricochet l'ensemble du marché de l'huile alimentaire, utilisée dans de nombreux produits transformés tels que les frites et les chips donc, mais aussi les margarines, les pâtes industrielles, les sauces, les poissons panés, les biscuits et gâteaux ou encore les plats préparés. Au total, des milliers de références pourraient être concernées à terme. 

Pour pallier cette pénurie, l’industrie agroalimentaire a commencé à chercher des solutions de substitution. "A priori, nos industriels sont couverts en huile, au moins jusqu'à cet été", assure Bertrand Ouillon, délégué général de l'Interprofession française de la valorisation de la pomme de terre (UGPT), citant "des disponibilités en colza" et expliquant que les professionnels travaillent "sur des alternatives au tournesol, des panachages d'huiles".

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"Les fabricants se tournent donc vers des ingrédients de substitution, comme l'huile de colza, l'huile de palme et les tourteaux de soja OGM en provenance d'Amérique latine", a détaillé vendredi l'ONG Foodwatch, spécialisée dans la défense des consommateurs, réclamant une "totale transparence" sur les étiquettes d'huiles, alors que les fabricants ont d'ores et déjà demandé aux autorités des "dérogations" pour vendre des produits "revisités" sans changer les étiquettes.


Audrey LE GUELLEC

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