Un tiers de Français se retrouvent en général avec moins de 100 euros sur leur compte en banque dès le 10 du mois.Un budget si serré que nombreux sont ceux à rogner sur des dépenses essentielles, notamment alimentaires et de santé, révèle un sondage.Ces sacrifices ont des conséquences inquiétantes sur le corps mais aussi la santé mentale, une alarmante "face cachée de l'inflation".
Alimentation, santé, sport... L'inflation pèse lourd sur les ménages des Français, qui se résignent pour nombre d'entre eux à sacrifier des postes de dépenses essentiels, révèle une étude de l'Ifop* publiée ce jeudi 1er juin pour le site MonPetitForfait, comparateur de forfaits mobiles et de box Internet. Ces sacrifices quotidiens, et plus largement l'insécurité financière, ont des effets psychologiques inquiétants : parmi les plus précaires, nombreux sont ceux à souffrir d'anxiété et même d'épisodes de dépression et de pensées suicidaires.
Un constat d'autant plus alarmant, que la part de Français touchés de plein fouet par l'inflation, qui s'établit à 5,1% sur un an en mai, est vertigineuse. Dès le 10 du mois, juste après le paiement des charges prélevées, il reste en général moins de 100 euros sur le compte en banque d'un tiers des sondés (31%), révèle cette enquête. À cette date, une personne sur dix se retrouve même déjà à découvert.
Plus largement, ce sont plus de la moitié des personnes interrogées (56%) qui reconnaissent avoir des difficultés à vivre avec les revenus de leur foyer. Deux tiers constatent par ailleurs une baisse de leur pouvoir d'achat, soit 7% de plus qu'en 2007, lors de la précédente crise d'inflation. Quant au logement, 34% des Français n'arrivent pas toujours à payer à l'heure les charges qui y sont liées, une hausse de 5% en deux ans. Autant de pressions sur le budget qui les forcent à rogner sur des dépenses quotidiennes essentielles, allant jusqu'à mettre leur santé en danger.
La moitié des Français ont déjà renoncé à des soins médicaux faute d'argent
Plus d'un Français sur deux a ainsi réduit ses dépenses alimentaires faute de moyens au cours des douze derniers mois : 58% des sondés sont concernés, un chiffre qui a doublé en une quinzaine d'années. Trois personnes sur quatre renoncent parfois à acheter des aliments, et une personne sur deux en vient même à "sauter des repas" de façon régulière ou occasionnelle, une hausse de 7% en un an. Pour cause, selon les personnes interrogées, les produits alimentaires sont ceux qui ont le plus augmenté pendant les douze mois qui viennent de s'écouler, devant l'essence et l'énergie.
Face à la hausse des prix, nombreux sont ceux à vouloir sacrifier des dépenses de santé : c'est le cas de 41% des Français, qui ont eu tendance à les reporter au cours des douze derniers mois, soit près de deux fois plus qu'en 2007. Un sondé sur deux a même tout simplement renoncé à des soins médicaux ou dentaires, régulièrement ou occasionnellement.
Les Français rognent aussi sur des frais liés à leur bien-être physique. S'ils le pouvaient, ils résilieraient en premier lieu leur abonnement à une salle de sport. Par ailleurs, deux personnes sur trois renoncent parfois à aller chez le coiffeur. Quant aux loisirs, près de trois quarts des sondés ont réduit leurs sorties, les occasions d'aller au restaurant, au cinéma... Ils sont aussi 78% à avoir déjà renoncé à partir en vacances.
La santé mentale mise à rude épreuve
Ces sacrifices financiers au quotidien ont un effet direct sur la santé mentale des Français. L'insécurité financière alimente l'anxiété et la détresse psychologique : ceux "qui ont le plus de difficultés financières sont ceux qui souffrent le plus de troubles psychologiques", note l'étude. Une majorité des personnes qui souffrent de troubles graves rognent ainsi sur leurs dépenses, que ce soit au niveau de la santé, de l'alimentation, des sorties et loisirs...
Parmi les personnes touchées par des pensées suicidaires par exemple, près de la moitié d'entre elles (47%) comptent parmi ceux qui ont moins de 100 euros sur leur compte le 10 du mois. Soit deux fois plus que chez les sondés qui ne souffrent jamais de ce type de pensées. Autre indicateur frappant : les personnes qui sont "très souvent" dans l'incapacité de payer les charges de leur logement sont trois fois plus exposées au risque suicidaire que celles qui ne sont jamais en difficulté à ce niveau-là.
Les Français qui ont souffert d'épisodes de dépression au cours de l'année écoulée sont aussi surreprésentés parmi ceux qui sont les plus en difficulté financière. C'est notamment le cas pour 37% des personnes qui se retrouvent "très souvent" à ne pouvoir payer les charges de leur logement. L'on retrouve également une majorité de sondés qui ont connu des épisodes de stress et d'anxiété parmi les plus précaires : près de deux tiers de ceux qui n'arrivent "très souvent" pas à payer les dépenses de logement, plus de moitié de ceux qui vivent très difficilement avec les revenus du foyer... Quant aux troubles du sommeil, s'ils sont fréquents au niveau de la population globale, ils restent en général plus marqués chez les plus précaires.
Face à toutes ces difficultés, près de trois quarts des sondés (73%) estiment que le gouvernement n'agit pas suffisamment pour contrer la flambée des prix, un chiffre toutefois en léger recul par rapport à l'an dernier (82%). Certaines actions ne sont pas suffisamment bien identifiées, comme la résiliation de contrats d'assurance en ligne "en trois clics", mise en œuvre dès ce jeudi 1er juin, que près de la moitié des Français ignorent.
* Étude Ifop pour MonPetitForfait réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 5 au 9 mai 2023 auprès d’un échantillon de 1525 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
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