Inflation : ruée sur les discounters, qui n’échappent pas à la flambée des prix

Publié le 26 octobre 2022 à 18h03

Source : JT 20h Semaine

Face à une hausse des prix généralisés, qui touche particulièrement l'alimentaire, les Français font évoluer leurs habitudes de consommation.
De plus en plus se tournent vers les produits premier prix et les discounters.
Mais ces distributeurs ne sont pas épargnés non plus par l'inflation.

Les discounters ont la cote. Les enseignes spécialisées du petit prix voient leur fréquentation augmenter alors que les Français sont confrontés à une hausse des prix généralisés qui touchent en particulier l'alimentaire. Inquiets pour leur pouvoir d'achat, les ménages n'hésitent pas à faire évoluer leurs habitudes et tentent de profiter des promotions et des prix plus bas de ces magasins.

Les discounters en pleine expansion

En septembre, les enseignes Lidl comme Aldi occupaient à elles-deux 10,2% des parts de marché de la grande distribution en France, comme le souligne l'étude sur les tendances consommation et enseignes réalisée chaque mois par Kantar. La tendance sur l'année montre l'ancrage de ces marques dans le secteur.

Le mois dernier, Lidl a ainsi gagné 0,1 point et représentait 7,4% des dépenses de produits de grande consommation / frais et libre-service. Sur la même période, Aldi a capté 2,7% des dépenses des Français, soit +0,2 point par rapport à 2021. Une progression que Kantar explique par l'arrivée dans ses magasins de 386.000 nouveaux acheteurs.

Autre acteur en progression dans le secteur des enseignes de discounts, la chaîne néerlandaise Action, qui s'est fortement déployée en France depuis son arrivée en 2012. Ces dernières années, son expansion a même explosé, avec l'ouverture de 80 à 90 magasins tous les ans. L'Hexagone est même devenu pour l'enseigne son premier marché avec en tout 670 magasins sur plus de 2000 au total dans dix pays européens.

Moins le produit est cher, plus il prend de l'inflation
Yves Puget, expert du secteur de la grande distribution

Cette expansion pourrait se poursuivre cette année, puisque face à l'inflation, la demande en prix bas est forte. Une étude sur le coût de la vie menée par l'IRI montre que les ménages sont beaucoup plus regardants sur leurs dépenses, notamment alimentaires, pour limiter l'impact de l'inflation. Les consommateurs n'hésitent pas à se tourner vers les discounters "qui ont étendu leurs magasins dans les centres-villes et les zones résidentielles en proposant une gamme de produits restreinte, mais à des prix inférieurs à ceux des grands distributeurs", explique la société d'études. Autre habitude, le report sur des marques de distributeurs ou premiers prix.

Pour autant, l'inflation n'épargne pas ces enseignes, comme ces types de produits. "Moins le produit est cher, plus il prend de l'inflation", souligne même Yves Puget, expert du secteur de la grande distribution. Le rédacteur en chef du magazine spécialisé LSA-Conso rappelle effectivement que les produits vendus dans les magasins discounts sont moins chers, notamment parce qu'il y a moins de marketing ou de dépenses pour l'emballage. "Dans ce cas-là, ce qu'on appelle le coût matière première est plus important et les prix montent plus vite", démontre-t-il.

Or ce coût est forcément répercuté sur le prix en magasin et donc sur les consommateurs, les distributeurs pouvant difficilement l'intégrer dans leurs marges, juge le spécialiste. Si les prix continuent à augmenter, les consommateurs pourraient par conséquent être amenés à réduire leurs dépenses alimentaires, voir à complètement se restreindre sur les aliments les plus chers comme la viande ou les légumes. Au Royaume-Uni, où l'inflation en septembre était près du double qu'en France (10,1% contre 5,6% en France), ce sont des millions de ménages qui ont déjà annoncé devoir faire l'impasse sur certains repas.


Aurélie LOEK

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