GASTRONOMIE - Les labels garants de la qualité des produits alimentaires sont de plus en plus nombreux dans les rayons des supermarchés français. Parmi eux : l'étiquette bleue et jaune "Indication géographique protégée" (IGP). Que désigne-t-elle et quelles garanties offre-t-elle aux consommateurs ? Et aux producteurs ?
Sel de Guérande, pruneaux d'Agen, cidre de Bretagne... Au total, 145 produits alimentaires français, dont la moitié sont des vins, bénéficient du label "Indication géographique protégée" mis en place au niveau européen en 1992. Un logo parmi beaucoup d'autres dans les rayons, tous rassurant les consommateurs. "Ça nous sécurise au niveau alimentaire, on sait qu'on mange des bonnes choses", confie une consommatrice au micro de TF1. "J'ai l'impression que c'est une meilleure qualité donc je vais m'orienter vers ce genre de produit", poursuit une dame, panier de courses à la main.
L'IGP, lui, certifie la qualité, l'origine géographique et la bonne réputation d'un produit. Texture, couleur, goût ou encore taille du produit : de nombreux critères - déterminés par le producteur et contrôlés par un organisme indépendant agréé par l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) - garantissent sa qualité ainsi que sa régularité. Objectif ? Que le consommateur retrouve le même produit dans tous les magasins d'une fois à l'autre.
Un atout indéniable pour les producteurs
Ce label pousse les producteurs à proposer des produits plus qualitatifs, mais aussi permet de les distinguer de la concurrence et ainsi d'augmenter leur prix. L'activité de François-Xavier Ceccoli, producteur de clémentines Corses, a en effet explosé en 2007 lorsque l'étiquette IGP y a été a posée. Alors qu'elles devaient batailler avec celles produites en Espagne sur les étals des supermarchés, ce label en a fait "un produit bien spécifique", souligne-t-il. Côté prix, il a bel et bien pu les vendre plus cher. "Le producteur percevait comme rémunération environ 15 à 20 centimes d'euros. Vingt ans après, nous sommes entre 1 et 1,50 euros. Vous voyez la différence", s'exclame Jean-Paul Mancel, président de l'association pour la promotion et la défense de la clémentine Corse.
Un autre produit très apprécié pourrait bientôt bénéficier d'une meilleure visibilité grâce à l'étiquette bleue et jaune : la cancoillotte, ce fromage à la pâte fondue dont les habitants de Franche-Comté raffolent. Depuis cinq ans, les producteurs de cette région travaillent d'arrache-pied pour obtenir le label IGP. Ils ont ainsi déposé un dossier de candidature auprès de l'Union européenne et sont en train de définir les règles immuables de fabrication. Ce fromage composé principalement de sel, de beurre et d'eau"doit avoir une texture filante, pas trop ferme, avec une couleur un petit peu jaune", indique Jean-Noël, salarié de la fromagerie Marcillat Loulans, en plongeant une grande cuillère dans la matière dégoulinante. Pour l'heure, "75% à 80% des ventes se font dans la grande consommation régionale, donc le produit est très consommé localement. Notre attente avec l'IGP est de faire connaître le produit au-delà de la région", espère Didier Humbert, le directeur de la fromagerie.
Des produits pas systématiquement artisanaux et locaux
Seul hic ? Les produits au label IGP ne sont pas forcément 100% locaux. "Une indication géographique pour un produit transformé, ce n'est pas forcément une origine géographique des matières premières, explique Benjamine Vandeputte, consultante en appellation Produit-origine.com. Mais si on a obtenu une indication géographique, c'est bien que la réputation est justifiée par une qualité particulière et que tous les producteurs introduits sur le marché avec cette indication géographique sont contrôlés en respectant un cahier des charges. C'est un grand gage de qualité". C'est le cas du célèbre jambon de Bayonne, dont le porc ne provient pas uniquement du Pays Basque. Les produits IGP ne sont pas non plus forcément artisanaux : la cancoillotte est ainsi produite par le géant mondial Lactalis.
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Certains labels comme l'Appellation d'origine protégée-contrôlée (AOP-AOC) vont plus loin avec des étapes de production qui, elles, doivent obligatoirement être locales.