Comparateurs en ligne : qui se cache derrière les tests et avis d'experts ?

M.D. | Reportage Tiphaine Leproux, Alix Ponsar, Chantal Sebire, E. Duboscq, J. Cassard
Publié le 4 mai 2022 à 12h10, mis à jour le 4 mai 2022 à 14h26

Source : JT 20h Semaine

De plus en plus de sites web proposent de vous aider à choisir le meilleur produit.
Derrière ces comparateurs, un business lucratif qui flirte parfois avec la publicité mensongère.

Il en existe pour tout et n’importe quoi. Depuis quelques années, les sites proposant une sélection des meilleurs produits fleurissent sur la toile. Ils prétendent s’appuyer sur des tests ou des avis d’expert pour vous aider à faire le bon choix. Mais peut-on vraiment leur faire confiance ? Qui se cache derrière ces sites ? Et surtout, comment savoir lesquels sont les plus fiables ? Pour mener l'enquête, une équipe de TF1 s’est rendue à Liège, en Belgique, pour rencontrer l’un des acteurs de ce marché. 

Chez "Selectos", six salariés au total, avec chacun sa spécialité, réalisent les tests. Ce jour-là, Guillaume Meirsschaut, responsable de contenu high-tech, met à l’épreuve une trottinette électrique. "On teste [l’appareil] en conditions réelles", assure-t-il. 

Robot-aspirateur, baume à lèvres, cordes à sauter… En tout, quelque 800 produits sont référencés. Du design au prix, en passant par les performances, chaque testeur passe tout au crible. Et, en fonction de ces critères, attribue une note pour chacun des modèles. Les produits sont loués parfois par l’équipe. Mais, le plus souvent, ce sont les marques elles-mêmes qui les envoient. De quoi poser la question de l'impartialité des notes qui leur sont attribuées. "Selectos" assure pour sa part que les tests sont réalisés en toute indépendance. "On a eu des marques qui nous ont envoyé des produits. On les a testés et on a trouvé qu’ils n’étaient pas bons. On a mis une mauvaise note, la marque était déçue mais tant pis", relate Robin Lespagnard, le fondateur du site. 

Une commission pouvant aller jusqu'à 8%

Mais est-ce le cas de tous les comparateurs ? Pas vraiment, selon l'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir, dont une enquête sur le sujet, intitulée Comparateurs en ligne, c’est le grand bazar, a été publiée la semaine dernière. Exemple avec un site qui compare des matelas. En regardant dans les mentions légales, en bas de la page, on s’aperçoit qu’il est en fait exploité par une grande marque française qui fabrique... des matelas. Sans surprise, le modèle qui arrive en haut du classement est le sien. Idem sur une autre plateforme où un certain Armand, cette fois-ci, fait office d’expert. Pour les abris de jardin, il se dit charpentier. Pour des jeux de fléchette, il devient propriétaire de bar. Responsable commercial, enseignant… Bref, un CV étonnant. Contactée, la plateforme n’a pas répondu aux sollicitations de TF1. 

"C’est devenu un vrai business, souligne le journaliste Cyril Brosset, qui a enquêté pour le magazine UFC-Que Choisir. "Bien souvent, on peut imaginer que le produit qui est le plus mis en avant n’est pas le meilleur, mais celui qui permet aux comparateurs de toucher la plus grosse commission", explique-t-il. 

Capture TF1

Et pour cause. En cliquant sur le produit, l'internaute est généralement redirigé vers un site marchand. Et, en cas d’achat, le comparateur en ligne touche une commission, pouvant aller jusqu'à 8% du prix de vente.


M.D. | Reportage Tiphaine Leproux, Alix Ponsar, Chantal Sebire, E. Duboscq, J. Cassard

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