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Embargo sur le diesel russe : vers une nouvelle hausse des prix à la pompe ?

par Benoît LEROY
Publié le 5 février 2023 à 11h14, mis à jour le 5 février 2023 à 15h02
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Source : JT 13h WE

Dès ce dimanche 5 février, essence et diesel russes sont bannis du sol européen, bien que 25% du gazole était encore d'origine russe, début 2023.
Cette interdiction fait suite à l'embargo décidé par les 27 pays européens en mai 2022.
De quoi faire redouter une nouvelle flambée des prix à la pompe.

Ce dimanche 5 février, l'Union européenne franchit une nouvelle étape dans son arsenal de sanctions contre la Russie. En parallèle de ces sanctions économiques, l'UE a décrété un embargo sur les produits pétroliers russes en mai 2022. Après le pétrole brut, en décembre, c'est au tour des produits raffinés de la Russie d'être concerné par cet embargo, dont le gazole (ou diesel) et l'essence.

Concrètement, dès ce dimanche, il est interdit à l'ensemble des acteurs économiques d'acheter un quelconque produit pétrolier à une entreprise russe. Bien qu'attendue depuis des mois, cette décision pourrait venir perturber les pays européens et, notamment, les prix à la pompe. Malgré une forte diminution depuis près d'un an, plus d'un quart des importations de gazole par l'Europe venait toujours de Russie début 2023, selon des données de suivi des pétroliers dans le monde analysées par le spécialiste S&P Global.

Selon plusieurs spécialistes du marché pétrolier, l'embargo européen pourrait ainsi entraîner une hausse des prix à la pompe en Europe. "Une hausse du prix du litre de gazole n'est pas à exclure du fait de la nervosité des marchés", prévenait, en novembre 2022, le président de l'Ufip Énergies et Mobilités, Olivier Gantois. Dans les colonnes de nos confrères d'Auto-Moto, celui-ci estimait, début février, que les "surcoûts" étaient "déjà dans les prix depuis un certain nombre de mois"

En effet, le délai d'application de la mesure européenne a permis à l'industrie pétrolière de se préparer et de trouver des fournisseurs alternatifs. Une procédure qui a pu conduire à des contrats aux tarifs plus élevés, ce qui se répercute donc déjà à la pompe. Enfin, toujours selon le même spécialiste, "le risque de pénurie devrait là aussi être écarté (...), quant au sans-plomb, la France est autosuffisante". Conclusion, bien qu'un impact soit probable au niveau des prix, les hausses devraient rester contenues.

L'Europe toujours dépendante de la Russie, mais moins qu'avant

Les capitales européennes vont devoir trouver d'autres sources d'approvisionnement, sur un marché déjà en tension. Historiquement, la France était relativement dépendante de la Russie dans ses importations de gazole. Ainsi, selon les données européennes d'Eurostat, datant de 2021, un tiers du gazole consommé par les Français était d'origine russe. Depuis février dernier, la donne pourrait avoir changé. En effet, si l'on en croit les données de S&P Global, les importations russes ont fondu comme neige au soleil : 7032 barils de produits pétroliers russes arrivaient chaque jour en France début janvier 2023, contre 167.814 en janvier 2022.

Certains pays, dont la France, ont déjà commencé à se tourner ces derniers mois vers les États-Unis, mais aussi l'Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis pour anticiper l'embargo. En un an, les Américains ont vu leurs exportations de gazole bondir de 200.000 barils par jour, deux fois plus vite que les Saoudiens. S&P Global estime que le "diesel russe représente 27% du total des importations européennes", selon des données arrêtées à janvier 2023. Si la dépendance est très loin d'être négligeable, cette part a grandement baissé par rapport à la situation avant-guerre. Début 2022, l'Europe dépendait à 46% de la Russie pour son gazole.

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Outre le diesel, d'autres produits pétroliers raffinés russes sont aussi concernés par l'embargo européen : l'essence, le bitume ou encore le fioul ne pourront plus rentrer dans l'espace européen. Noter également que cet embargo arrive en même temps qu'un plafonnement des prix des produits pétroliers russes.


Benoît LEROY

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