Quelles sont les substances toxiques que l'on retrouve partout dans les produits du quotidien ?

Maëlane Loaëc | Reportage TF1 Delphine Sitbonn, Chloé Brel et Mickaël Merle
Publié le 27 avril 2022 à 18h52, mis à jour le 27 avril 2022 à 19h00

Source : JT 13h Semaine

Elles sont omniprésentes dans de nombreux produits, des poêles aux couches pour bébés en passant par les chaussures.
Les substances chimiques toxiques existent en petite quantité, mais cela suffit à représenter un danger pour la santé.
La Commission européenne prévoit de s'en débarrasser complètement d'ici à 2030.

Quel est le point commun entre une poêle, une veste imperméable et un jouet en plastique ? Tous peuvent contenir, en fonction de leur mode de fabrication, l'un des polluants bientôt interdits dans l'Union européenne. Un plan dévoilé lundi par la Commission européenne s'attaque en effet à des familles entières de substances chimiques ultra-répandues mais nocives, un tournant sans précédent dans la lutte pour la préservation de la santé mais aussi contre la pollution.

Lorsque l'on touche, que l'on respire ou que l'on ingère ces substances, elles s'accumulent dans notre organisme et représentent une menace. Dans le cadre d'une vaste révision de la législation européenne sur les produits chimiques, Bruxelles et les États membres planchent actuellement sur des restrictions pour limiter ce risque. À l'échelle européenne, quelque 300 millions de tonnes de substances chimiques sortent des usines chaque année selon Eurostat, l'office statistique de l'UE. D'après l'Agence européenne de l'environnement, 74% d'entre elles sont "dangereuses pour la santé ou l'environnement"

Une nouvelle méthodologie de gestion des substances chimiques en Europe est attendue à partir de 2025. Mais avant cela, de premières restrictions pourraient voir le jour dès 2024 : un projet d'interdiction progressive est déjà sur les rails pour six familles de substances. Et la liste noire est longue. 

Jusqu'à 12.000 substances à bannir d'ici 2030

Parmi ces substances, on trouve la famille des PVC (polychlorures de vinyle), un plastique très peu recyclable mais présent partout : dans les jouets, les meubles, les textiles, ou encore les chaussures et même les poêles. Aux côtés de leurs additifs, comme les métaux lourds, ils sont accusés d'être liés à des cas de cancers ou d'obésité. Autre famille ciblée : les retardateurs de flammes, qui sont pour leur part intégrés aux matelas ou aux sièges auto pour les empêcher de prendre feu en cas d'incendie. Quant aux bisphénols, considérés comme des perturbateurs endocriniens, ils sont omniprésents dans les emballages alimentaires. 

Ces emballages, à l'instar des cartons de pizzas, peuvent aussi contenir des PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées), une autre famille de substances toxiques qui se situe aussi dans le viseur de la Commission européenne, et que l'on retrouve également dans des peintures, vernis et des enduits. 

Même les produits pour enfants ne sont pas épargnés. Les couches, entre autres, peuvent contenir des dizaines de substances cancérogènes ou toxiques. Les jeux en plastique ne sont pas non plus en reste. "C'est inquiétant, surtout pour les enfants, quand cela concerne des jouets, des produits qu'ils peuvent être amenés à porter à la bouche...", déplore un consommateur dans le reportage du 13H de TF1 en tête d'article. En tout, ce sont jusqu'à 12.000 substances qui pourraient être interdites d'ici à 2030. 

Trouver des alternatives inoffensives, un défi pour les industriels

Jusqu'alors, les industriels étaient parvenus à faire reporter à maintes reprises la feuille de route européenne. Mais désormais, ils devront se plier au défi d'adapter leurs produits et trouver de nouveaux matériaux sans danger pour l'organisme et non polluants.  

Dans le cas de la poêle par exemple, "les revêtements anti-adhésifs représentent un risque pour la santé humaine lorsqu'on les chauffe trop", explique Laura Verdier, ingénieure-conseil en environnement, sécurité et développement durable. "On commence donc à demander aux industriels de les changer, par exemple en revenant à des revêtements la fonte, qui marchent très bien et n'auront pas d'impact sur la santé humaine", poursuit-elle. 

La liste de l'Union européenne pourra évoluer, en intégrant de nouvelles substances au gré des recherches scientifiques ou des suggestions des États membres eux-mêmes. Mais avant que l'interdiction ne rentre en vigueur, il reste encore de nombreuses étapes et des négociations. En attendant, plusieurs habitudes peuvent déjà permettre de limiter son exposition à ces substances toxiques. Le site gouvernemental Santé.fr recommande par exemple d'éviter les emballages en plastique pour les fruits et légumes, mais aussi de laver systématiquement un vêtement après l'achat, avant de le porter pour la première fois.

Les femmes enceintes, plus vulnérables face à ces substances, sont invitées à ne pas utiliser trop de produits cosmétiques, qui peuvent aussi contenir des éléments dangereux, et préférer des plats en verre plutôt que des récipients en plastique pour les plats chauds ou à réchauffer. Quant aux enfants, il est conseillé de privilégier les couches sans parfum et sans lotion, et de faire attention à la qualité de leurs matières premières. Les labels sont à ce propos de bons indicateurs pour se repérer. 


Maëlane Loaëc | Reportage TF1 Delphine Sitbonn, Chloé Brel et Mickaël Merle

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