Chauffage collectif : le gouvernement appelle à individualiser davantage les frais

Maëlane Loaëc | Reportage TF1 : Elena Despatureaux, Gaëtan Lecointe et Armelle Hanout
Publié le 6 octobre 2022 à 19h10, mis à jour le 6 octobre 2022 à 19h22

Source : JT 20h Semaine

Des millions de Français habitent dans des copropriétés équipées de chauffage collectif.
Souvent, ils ne peuvent pas faire d'économies, même s'ils abaissent la température de leur appartement.
C'est pourtant ce que prévoit la loi, pour les immeubles qui consomment le plus.

Dans l'immeuble de région parisienne où Marvin s'est installé, le chauffage est collectif : ce locataire paie 80 euros de charge par mois pour se chauffer, mais il aimerait que son propriétaire passe au chauffage individualisé pour faire baisser sa facture. "Comme le chauffage est collectif, peut-être que certains vont consommer plus, ne pas faire attention", déplore-t-il dans le reportage du 20H de TF1 en tête d'article. "C'est vrai que l'individualiser rendrait peut-être les choses plus justes."

Dans l’immeuble, la facture est mutualisée, et ne prend pas en compte la consommation réelle de chacun. En clair, si un ménage abaisse la température à 19 degrés dans son propre logement, tandis que son voisin chauffe le sien à 26 degrés, ils paieront le même montant. Ce qui peut entraîner de larges surcoûts, quand on sait que le chauffage représente 66% des consommations d’énergie dans un logement, selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).

Dans son plan de sobriété dévoilé ce jeudi, le gouvernement incite à adopter davantage l'individualisation des frais de chauffage, pour "connaître la consommation énergétique de chaque logement et d'ajuster en conséquence le montant de la facture de l'occupant". L'objectif est de viser "une plus grande équité entre les habitants", qui seraient alors encouragés à diminuer leur consommation d'énergie et donc leur facture, précise l'Élysée dans un communiqué.

15% de consommation d'énergie en moins par foyer

Selon le gouvernement, l'individualisation des frais de chauffage permet de réaliser un gain énergétique de 15% par foyer. Les habitants des immeubles concernés ont aussi adopté de meilleures habitudes de consommation : 75% d'entre eux ont changé leur comportement, rapporte l'Ademe sur son site

Le gouvernement appelle en fait à ce que soit davantage respectée une obligation réglementaire qui existe déjà. Les immeubles qui consomment annuellement plus de 80 kWh par mètre carré de surface habitable doivent normalement se soumettre à cette individualisation, rappelle l'agence publique. Des dérogations sont toutefois possibles lorsque la mise en place d'appareils de mesure est techniquement impossible, ou lorsque que cette méthode est trop coûteuse. 

Mesurer la température effective, pour ne payer que ce que l'on consomme vraiment

Des méthodes qui passent par la mise en place de petits compteurs sur les radiateurs, permettant par ailleurs de moduler la température par pièce, ou encore de boîtiers connectés. "Ils vont prendre la température ambiante de la pièce et vous allez payer exactement ce que vous consommez", explique Axel Gagnant, technicien à l'entreprise de diagnostic énergétique Idex. Le coût du dispositif grimpe à 400 euros par logement, un montant relativement cher, mais rentable, selon le directeur stratégie marketing de la société : "Les économies générées vont couvrir largement le coût payé par chaque locataire ou chaque copropriétaire", affirme Nicolas Daniel. 

Certains frais restent toutefois communs, précise l'Ademe : ceux de combustibles (qui correspondent à 30% de la consommation totale d'un immeuble), répartis équitablement entre les occupants, et d'autres factures comme celles de maintenance ou de la consommation électrique de certains appareils (comme les pompes ou les instruments de régulation), qui sont répartis entre les foyers en fonction des règles adoptées dans la résidence. 

Mais passer au chauffage individualisé ne fait encore pas l’unanimité. "Il y a des débats, tout le monde n'est pas d'accord : certains pensent que les technologies ne sont pas assez au point, pour d'autres, ça ne les arrange pas forcément de payer ce qu'ils consomment dans l'appartement", explique Renaud Lerooy, cofondateur du syndic de copropriété Homeland Immo. Pour dépasser ces réticences, "les syndicats de copropriété seront sensibilisés à l’intérêt de programmer l’individualisation des frais de chauffage à l’occasion de l’élaboration des plans pluriannuels de travaux (PPT), dont l’élaboration sera obligatoire dans toutes les copropriétés entre 2023 et 2025", a annoncé le gouvernement.


Maëlane Loaëc | Reportage TF1 : Elena Despatureaux, Gaëtan Lecointe et Armelle Hanout

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