Combien coûte un bon rosé ?

V. F
Publié le 19 juillet 2021 à 10h06

Source : TF1 Info

SUCCÈS - L’été, c’est bien connu, pas de barbecue ou d’apéritif en terrasse sans un rosé bien frais. Les Français en sont de fervents consommateurs avec plus de 15 litres par an et par habitant.

Désormais débarrassé de son image de vin de piètre qualité par rapport à ses concurrents rouge ou blanc, le vin rosé a ces dernières années acquis ses lettres de noblesse. Résultat, il est désormais sur toutes les tables. Notamment le temps de la pause estivale. Et ce sont justement les vacanciers qui en parlent le mieux. "Le rosé, c’est l'évasion, l'été, le plaisir", justifie l'un d'eux dans la vidéo en tête de cet article. "Il vaut mieux un rosé bien frais, à bonne température et surtout pas de glaçons", renchérit un autre. C'est vrai que l'eau des glaçons risque de diluer le vin et donc lui faire perdre de son goût.

Chaque année, les Français consomment un tiers de la production mondiale de rosé. Alors l'été les rayons des supermarchés lui font la part belle. Les étiquettes sont attrayantes et les prix font le grand écart pouvant aller de 2 à 19 euros la bouteille. Il est donc difficile de choisir. Le JT de 20H a demandé l'avis de Bruno Guarnieri, caviste au "Décanteur" à Montrouge, en lui posant d'abord une question : "Que peut bien valoir un rosé à 2 euros ?" D'abord gêné : "sur la bouteille, je n'ai pas l'appellation, ni la région", lance-t-il. Il se reprend ensuite : "en revanche, si je la retourne on s'aperçoit que nous avons un vin issu de l'Union européenne, donc je peux sûrement avoir un rosé très compétitif du fait que j'assemble des vins qui sont peut-être en provenance d'Espagne ou d'Italie", dit-il. Vient ensuite le temps de la dégustation, mais à voir sa grimace, pas de bonne surprise à l'arrivée.

Ce vin n'aime pas vieillir

Passons maintenant au vin à près de 19 euros. Le packaging est parfait, la bouteille élégante, c'est le rosé qui a la cote sur les terrasses de Saint-Tropez. "Le consommateur veut une couleur claire, ça le rassure", poursuit notre spécialiste. Mais une fois débouché, mérite-t-il son prix élevé ? "C'est un vin qui est calibré, bien formaté, mais qui manque de fond, de profondeur et de complexité", avance-t-il, ajoutant que pour le coup, le prix est surestimé. Pour ce professionnel, si vous cherchez un bon rosé, il faut plutôt aller vers une gamme de prix oscillant entre 8 et 10 euros. 

Quant à l'origine, mieux vaut se tourner vers la Provence, la première région productrice. Et ne croyez surtout pas qu'il suffit de mélanger du rouge et du blanc. Pour faire du rosé, c'est même interdit. Il a en fait cette couleur particulière, car le temps de vinification est raccourci. Ce vin n'aime pas vieillir. "On dit généralement que le rosé on le boit dans l'année, pour toute la fraîcheur, pour tout ce joli fruité qu'on a cherché pendant la vinification", confirme Nathalie Millo, maîtresse de chai au domaine viticole "Clos des Roses" à Fréjus (Var).

Les vins clairs sont à la mode

Et pour toucher la perfection, le centre de recherche et d'expérimentation du vin rosé, situé à Vidauban, analyse le rosé de Provence.  Dans ce site unique au monde, les spécialistes sont capables de modifier les teintes du vin de manière 100% naturelle. La couleur ne change rien au goût, mais ces dernières années, les vins clairs sont à la mode. "La couleur, c’est important, c'est le premier contact avec le consommateur, donc ça va dépendre du temps de macération, du cépage aussi. Si vous avez une Syrah qui est assez rose vif, si vous la faites macérer un peu plus de temps, vous obtiendrez vraiment un rose intense", explique Aurélie Chevallier, responsable de ce laboratoire.

Autre test, le goût. Ici, des jurés professionnels évaluent de nouveaux vins issus de cépages plus résistants ou de récoltes avancées entre autres. L'objectif est là encore de trouver la formule qui plaira le plus au consommateur. "C'est eux qui achètent le vin et donc qui vont nous dire s'il l'aime ou pas. Donc on cherche à améliorer la qualité pour être au plus proche de leur goût", souligne Clémence Salou, responsable des dégustations. Le rosé se réinvente tout le temps et ça marche. En dix ans, il a vu ses ventes augmenter de plus de 20%. 


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