RETOUR DE BÂTON - Les consommateurs vont devoir prendre en charge le déploiement des compteurs Linky à partir de 2022. Une mauvaise nouvelle, puisque la gratuité de son installation avait été l'un des arguments phares lors de sa mise en chantier.
"Le déploiement du nouveau compteur sera gratuit pour le consommateur." Telle était la promesse d'Éric Besson, alors ministre de l'Industrie et de l'Énergie, le 28 septembre 2011. À l'époque, dans une interview au Parisien, il avait assuré que le compteur Linky ne coûterait "pas un centime aux particuliers", car intégralement financé par ERDF. Les associations de consommateurs UFC-Que-Choisir et CLCV (Consommation Logement Cadre de vie) doutaient de cette gratuité, jugeant que le dispositif pourrait coûter "très cher" aux consommateurs dans le futur. Dix ans plus tard, leur prémonition s'avère exacte.
Alors qu'Enedis avait, dans un premier temps, annoncé prendre à sa charge la majeure partie du coût (5,39 milliards d'euros), les plus de 32 millions foyers équipés d'un petit boîtier communiquant vont finalement devoir passer à la caisse, rapporte Le Parisien, lundi 31 mai. Le montant de la facture se chiffre à 5,7 milliards d'euros, selon la Cour des comptes. Chaque compteur vert pomme coûte la bagatelle de 130 euros, fabrication et pose comprises, auxquels il faut rajouter les frais annexes.
15 euros de plus par an sur la facture ?
Les particuliers devront commencer à rembourser cette somme dès 2022, en raison du mécanisme de "différé tarifaire" mis en place par Enedis. Les sommes seront directement ponctionnées sur la facture des clients, année après année, pour un total de 2 milliards d'euros en 2030. Dans son rapport, la Cour des comptes a estimé le taux d'intérêt appliqué au remboursement à 4,6%. Cela représenterait une marge de 2,8% pour Enedis, soit un demi-milliard d'euros d'intérêts supplémentaires. Il restera encore 3,7 milliards d'euros à régler. À la charge du consommateur ? "Comme avec le différé, cela sera compensé par les économies générées grâce au compteur. Avec des relevés désormais réalisés à distance par exemple", a répondu le gestionnaire.
Si Enedis met en avant que le compteur permet de mieux maîtriser sa consommation, cela pourrait représenter au total une hausse de 15 euros par an "pour les sept ou huit prochaines années", a nuancé Anne-Sophie Dessillons, directrice adjointe des réseaux à la Commission de régulation de l'énergie (CRE), auprès du Parisien. Un chiffre déjà avancé par l'association de consommateurs UFC-Que Choisir.
"Tout le monde devait être gagnant dans cette histoire", a rappelé Jean-Luc Dupont, vice-président et porte-parole de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR). "Il semble pourtant bien que le compteur profitera uniquement au distributeur. Auquel cas le consommateur n'a pas vocation à le financer."
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