Gaspillage : faut-il supprimer les dates de péremption des yaourts ?

Benoit Leroy | Reportage : Cyril Adriaens-Allemand, Elise Stern et L. D'Hallivilee
Publié le 2 mai 2022 à 10h02

Source : JT 20h WE

L'une des principales marques britanniques de yaourts a décidé de supprimer les dates limites de consommation.
En France, les industriels s'y opposent au nom de la "sécurité alimentaire".
Pourtant, plusieurs experts assurent qu'il n'y a aucun danger.

La révolution anglaise pourrait-elle se propager jusqu'aux rayons des supermarchés français ? Depuis ce dimanche 1er mai, l'une des principales marques de yaourt anglais a décidé de supprimer la mention "use by" ("à consommer avant le", en anglais) par une autre, plus permissive, "best before" ("à consommer de préférence avant le", en anglais). L'objectif de l'entreprise est de limiter le gaspillage de ces produits. 

Dans ce cas, le consommateur doit juger par lui-même si le produit est encore bon après la date inscrite. De l'autre côté de la Manche, en France, le chemin semble encore long. En effet, quel que soit le fabricant, vous retrouvez sur l'ensemble des yaourts disponibles la même inscription : "À consommer jusqu'au". Au-delà, les industriels ne garantissent plus ni le goût, ni la sécurité alimentaire.

Cette date, ce sont les fabricants eux-mêmes qui sont chargés de la déterminer. "Il faut qu'on valide à la fois les critères de goûts et que l'on valide une sécurité sanitaire. Il faut que l'on s'assure, en tant que conditionneur, que les consommateurs peuvent manger en toute sécurité le produit", explique Édouard Chedru, dirigeant d'une usine produisant des yaourts, dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article. En moyenne, la date de péremption intervient 30 jours après la fabrication.

Pourtant, vous pouvez y ajouter 21 jours supplémentaires. Seule condition : bien maintenir la chaîne du froid. " La texture peut avoir été altérée et la saveur peut être complètement différente. C'est le choix du consommateur de se dire 'je le consomme ou non'", explique Géraldine Melgazza, diététicienne nutritionniste.

Une logique économique qui empêche cette "révolution"

La question est donc la suivante : pourquoi les entreprises agro-alimentaires ne font-elles pas la même demande que leurs homologues britanniques ? "Si on allonge cette date de consommation, on risque d'avoir un surplus de stocks. Mais ce surplus est de toute manière moins onéreux que le gaspillage alimentaire", estime Gaëlle Pantin, professeur de marketing. Chaque année, près de 10 millions de tonnes de nourriture consommable sont gaspillées, selon l'Ademe. Dans 20% des cas, selon la Commission européenne, les dates de consommations sont en cause.

Un autre impondérable est aussi à prendre en compte. Un stock plus important dans votre grande surface favorite est souvent synonyme de moins de commandes pour les industriels. Résultat, c'est le statu quo.

Attention toutefois, seuls les yaourts sont concernés pas une telle flexibilité concernant le délai de consommation. Pour tous les autres produits lactés frais, avec de la crème, il est préférable de suivre à la lettre les indications, comme le précise l'Agence nationale de sécurité alimentaire. 


Benoit Leroy | Reportage : Cyril Adriaens-Allemand, Elise Stern et L. D'Hallivilee

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