VIDÉO - Fruits et légumes : face aux pratiques trompeuses, comment être sûr d'acheter français ?

Déceler le vrai du faux. À la suite d'un contrôle inopiné sur un marché de fruits et légumes à Marseille, les agents de la concurrence et de la répression des fraudes ont saisi 4,5 tonnes de fruits et légumes. Ces produits sont soupçonnés d'avoir été "francisés". Cela consiste, pour un professionnel, à faire passer des produits achetés à l’étranger pour français, ou à prétendre faussement qu’il en est le producteur.

Sept procédures pénales ont été ouvertes par le parquet à l'encontre de producteurs pour non-respect des règles d'étiquetage ou de facturation. Si la fraude est établie, ils risquent deux ans de prison et 300.000 euros d'amendes. Problème : lesdits propriétaires sont, pour l'heure, inconnus. Les vendeurs, "sans doute en difficulté pour justifier l'origine des produits, ont délibérément abandonné leur marchandise" sur place, a expliqué la préfecture des Bouches-du-Rhône dans un communiqué. Or les cagettes qui les contenaient ne portaient "aucune mention". Des investigations complémentaires pour retrouver les suspects et déterminer s'il s'agissait, ou non, d'une francisation vont être lancées. Elles pourraient durer plusieurs mois. Les denrées vont, elles, être redistribués dans le circuit de l'aide alimentaire. 

Toutefois, sur place, le mal est déjà fait. Bien que les fruits et légumes incriminés aient été saisis avant qu'ils ne soient exposés à la vente, pour certains, la confiance est rompue. "On m'a trompé si on marque que c'est 'made in France' et que ça vient d'ailleurs", relève une cliente au micro de TF1, dans le reportage en tête de cet article. "Sur les étals, on les (les produits "francisés", ndlr) retrouve au même prix que les produits français", se désole une autre. 

Ce genre de pratiques commerciales trompeuses semble gagner du terrain. En juillet 2021, une vaste enquête avait d'ailleurs été ouverte par le parquet de Tarascon (Bouches-du-Rhône) à la suite de la "francisation" de fruits et légumes venus d'Espagne. "La Fraude est partout, parce que derrière, il y a des marges et beaucoup d'argent à se faire", souligne Yves Jégo, fondateur de la certification "origine France garantie". Mais alors, comment y échapper ? 

Plusieurs solutions sont envisageables pour diminuer le risque d'être victime de ces pratiques, ou du moins diminuer l'impact de ces dernières. "Je plaide, par exemple, pour qu'il y ait une législation qui interdise l'apposition du drapeau français sur les produits qui ne le sont pas", confie Yves Jégo. De même, il est possible de demander à un primeur un document qui garantit la provenance de ses produits. Celui-ci se présente sous la forme d'une liste. "Ici, vous avez les cerises. C'est marqué FR. Cela veut dire provenance France", expose une vendeuse dans le reportage en tête de cet article. 

Autre technique complémentaire, juger la maturité des produits. Pour François Pipitone, primeur sur le marché du 14e arrondissement de Marseille, plus le fruit ou le légume est mûr, plus il a de chance d'avoir été cultivé dans l'Hexagone. "Si je vois que ça se décolle, qu'il y a une petite entaille, c'est que c'est de Provence", lance-t-il en montrant certains de ses melons. "Les Espagnols les coupent verts. Ils ont quatre ou cinq jours pour que leurs fruits arrivent aux étales. C'est pour éviter qu'ils s'abiment", précise-t-il.