La grippe aviaire a totalement désorganisé la filière du canard.De nombreux restaurateurs et commerçants sont déjà en rupture de stock, y compris dans le sud-ouest.Si les fêtes de fin d'année sont encore loin, certains se demandent déjà si le foie gras sera au rendez-vous.
Comme le montrait un reportage de TF1 ce mardi (lien en bas d'article), la grippe aviaire force de nombreux restaurateurs à s'adapter à la pénurie de canard. Certains y ont même, pour l'heure, totalement renoncé. Et une question se pose déjà : y aura-t-il du foie gras à Noël ?
Car depuis cet automne, 16 millions de volailles ont été abattues, soit un tiers de la production française. Et c'est toute la filière du canard qui est touchée. Dans la conserverie Samaran, à Toulouse (Haute-Garonne), les salariés sont au chômage partiel trois jours par semaine. "Là, on est dans la salle foie gras où toute la production se fait normalement", détaille Lionel Gasc, chef de production de l'établissement, en nous présentant une pièce vide. Tout comme le sont les frigos.
"C'est du foie gras industriel qu'on va trouver à Noël"
Alors, cette année, la production devrait chuter de 50%. "Aujourd'hui, on devrait être à plein régime pour assurer les stocks", poursuit-il, soulignant qu'il est "impossible de rattraper sur trois mois ce qu'on fait habituellement en dix mois".
Dans la Ferme de Las Crabères, à L'Isle-Jourdain, dans le Gers, les canards n'ont pas été contaminés, seulement confinés. Mais Jean-Christophe Dardenne s'inquiète de son réapprovisionnement. Faute de marchandises, le couvoir qui lui vend les poussins ne le livrera pas, privilégiant les grosses structures au détriment des petits producteurs. "Beaucoup" de ces derniers, qui ne pourront pas s'approvisionner, "vont fermer". "Résultat : c'est du foie gras industriel que l'on va trouver à Noël. Le foie gras plus traditionnel, lui, se fera plus rare", déplore-t-il.
Pour ce qui est de son exploitation, Jean-Christophe Dardenne est néanmoins rassuré : deux petits couvoirs pensent pouvoir le fournir en canetons à la fin de l'été, mais le temps presse. Car il faut quatre mois pour élever un canard avant de le transformer, et les fêtes de fin d'année approchent.
Les clients, eux, s'interrogent, comme le confie Laure Simoes, vendeuse au marché Victor Hugo, à Toulouse. "Ils commencent déjà à nous demander si on aura du foie gras, des magrets, tout ce qui est à base de canard. Ils sont inquiets", indique-t-elle.
Chez ce commerçant, on assure néanmoins que les étals seront regarnis. Mais les prix risquent d'augmenter de plus de 35%.