Hausse des prix : la brique de lait va, elle aussi, coûter plus cher

TF1 | Reportage V. Dépret, M. Poujol, G. Vuitton.
Publié le 6 avril 2022 à 11h37, mis à jour le 6 avril 2022 à 11h42

Source : JT 20h Semaine

Le lait n'échappe pas à la flambée des prix alimentée par la guerre en Ukraine.
Chez les éleveurs, les coûts de production n'ont jamais été aussi élevés.
Si la grande distribution a retardé la hausse du prix de ses briques de lait, celle-ci est inévitable.

Encore une mauvaise nouvelle pour les ménages français. Après l'essence et le pain, entre autres, c'est un autre produit du quotidien qui devrait subir les conséquences économiques du conflit russo-ukrainien. Les briques et les bouteilles de lait, dont le prix a déjà augmenté de 2 à 5 centimes en trois mois selon les marques, devraient en effet s'acheter encore plus cher d'ici à quelques semaines dans les grandes surfaces de l'Hexagone. 

En cause : de nouveaux surcoûts à répercuter pour les agro-industriels avec la guerre en Ukraine, producteur agricole de premier plan empêché d'exporter.

Des coûts de production toujours plus élevés

Chez les éleveurs, les coûts de production n'ont jamais été aussi élevés. Ne serait-ce que pour remplir le réservoir de son tracteur, Vincent Villemont, éleveur de vaches laitières à Valençay (Indre) a vu ses dépenses s'envoler. Ce dernier explique devoir aussi faire face à l'augmentation du prix du fourrage, des engrais et des céréales pour nourrir ses 120 vaches : plus 25% par exemple pour le colza. Face à ces hausses de charge, la grande distribution a accepté de lui verser 3 centimes de plus par litre.

Mais ce n'est pas le cas pour tous. À Val-Fouzon (Indre), Philippe Leseure, directeur des filières du groupe la Laiterie de Saint-Denis-de-l'Hôtel (LSDH) a obtenu 2 centimes de plus par bouteille au lieu des 4 centimes demandés. Selon le responsable, c'est insuffisant pour couvrir le coût des emballages qui lui aussi a explosé ces derniers mois.

Pénuries d'emballages

"Par la combinaison de la désorganisation des chaines d’approvisionnement et de l’envolée des cours du pétrole, les prix des emballages poursuivent inexorablement une hausse historique, imposée et incontrôlée", détaillait ainsi dans un communiqué Syndifrais, organisation professionnelle des fabricants de produits laitiers frais (Lactalis, Yoplait, Eurial...) il y a quelques jours. Le polystyrène "qui représente environ 70% des emballages plastiques" a ainsi augmenté de 38% en un an, le polyéthylène téréphtalatede de 52%, et le polypropylène de 36%. S’agissant du carton, plat ou ondulé, la hausse est comprise entre 40 et 60% sur un an. Quant à l’aluminium, son prix a bondi de 57% sur un an.

Face à cette flambée des prix du lait, des emballages et de l'énergie, l'organisation professionnelle réclame à la grande distribution une hausse des prix "d'au moins 14 à 16% par rapport à 2021". 

Une hausse inévitable

Son président, Patrick Falconnier, évoque une "situation inédite pour toute l’industrie des produits laitiers frais, pour les marques nationales comme pour les marques de distributeurs." Et de détailler : "Si en septembre nous pensions que la crise était conjoncturelle, elle est aujourd’hui clairement structurelle. Nous sommes entrés dans une ère d’incertitude maximale qui nécessite des renégociations régulières pour tenir compte des évolutions des marchés, et ce, dans des délais très courts. Nous sommes aujourd’hui très inquiets pour la pérennité de nos entreprises qui ne sont actuellement plus en mesure de couvrir leurs coûts. Il y a urgence !".

Mais alors pourquoi la grande distribution tarde-t-elle à augmenter le prix de ses briques de lait ? Selon les explications du directeur filières de la LSDH, chaque enseigne craint de perdre des clients si elle augmente ses prix en premier. Pour autant, la hausse sera inévitable dans les prochains mois et devrait se situer autour de 10 centimes.


TF1 | Reportage V. Dépret, M. Poujol, G. Vuitton.

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