Les bouteilles en plastique pourraient bientôt être consignées.On les paierait alors quelques centimes plus cher pour nous inciter à les rapporter.Mais cette initiative, envisagée par le gouvernement, n'emballe pas tout le monde.
Le gouvernement relance le débat sur la mise en place de consignes pour les bouteilles plastiques en France. Une initiative envisagée lors du vote de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) en 2020, mais avortée sous la vive opposition des collectivités locales. Avec ce système, une bouteille coûterait en moyenne 86 centimes d'euro, dont 15 pour la consigne, soit 17% du prix global. Alors, bonne ou mauvaise idée ?
Elle augmenterait le taux de collecte des plastiques...
Le JT de TF1 pose la question directement aux consommateurs dans la vidéo en tête de cet article. Certains s'en réjouissent : "Si ça peut motiver à recycler un peu plus, pourquoi pas", approuve ainsi une jeune femme. La perspective de ce système ne dérange pas une autre jeune femme qui achète pourtant quatre packs d'eau à chaque fois qu'elle va au supermarché, mais ne rechignerait pas à les rapporter si ce système devait se démocratiser. "Je vais faire mes courses, je les dépose et j'en reprends d'autres", dit-elle. Car pour récupérer le montant de la consigne, il faudra rapporter les bouteilles dans des bornes installées dans les supermarchés. Une retraitée acquiesce à son tour. "Je suis pour qu'on en mette partout", lance-t-elle.
La consigne a aussi des avantages. Dans les pays où elle existe, comme en Allemagne, elle augmente significativement le taux de collecte des plastiques, font valoir les professionnels. Elle intéresse aussi les distributeurs, car les automates attirent certains clients qui avaient déserté les supermarchés depuis la période Covid.
... Mais réduirait la manne des élus
Mais payer plus cher sa bouteille d'eau aboutit aussi à un surcoût alimentaire pour les imprévoyants. "C'est un coup à ne pas les ramener et perdre 15 centimes à chaque fois. Je bois deux à trois bouteilles par jour, donc imaginez, ça fait 45 centimes par jour multiplié par 365 jours", lance un père de famille. Soit 164,25 euros possiblement perdus. Tandis que d'autres n'ont pas envie de faire des allers-retours inutiles vers leur supermarché. "Je vais brûler plus de gazole que ce que ça va me rapporter. Moi, les bouteilles, je les mets dans la poubelle jaune", lâche de son côté un retraité.
Ces poubelles jaunes, ce sont elles qui vous permettent aujourd'hui de recycler. Le plastique que vous y jetez est revalorisé et revendu par les communes. Négocié entre 600 et 700 euros la tonne, le plastique PET à recycler est en effet devenu une manne pour elles. La consigne serait donc une très mauvaise idée pour certains élus, comme Nicolas Soret, le maire de Joigny (Yonne), qui prend la parole dans le reportage de TF1. "Dans ma communauté de communes, c'est 120.000 euros par an. Si demain, les habitants ne mettent plus leurs bouteilles en plastique dans la poubelle jaune où il ne restera que des choses qui coûtent et rien qui rapporte. Ça veut dire que je serai tenu d'augmenter les impôts", assure-t-il.
Par ailleurs, les automates de collecte de bouteilles se multiplient un peu partout, reconnaît-on au ministère de l'Écologie, sortes de "dépôts sauvages (...) qu'il va falloir organiser". Dans certaines villes, ces dépôts "sauvages" ont même "conduit des réseaux parallèles à mener des pillages de poubelles jaunes pour alimenter les automates", relève-t-on de même source.
Aujourd'hui, 60% des bouteilles en plastique sont recyclées. En les consignant, le gouvernement espère faire passer ce chiffre à 77% d'ici à 2025 et 90% en 2029. Or, les performances de la France plafonnent en dessous de 60% car les emballages plastiques ne sont pas suffisamment bien collectés, voire pas triés du tout dans la plupart des poubelles de rue ou sur les lieux de travail.
"Grâce au dialogue qui va s'instaurer sur plusieurs mois, nous pourrons prendre la décision qui répondra au mieux à nos objectifs principaux : atteindre un meilleur taux de collecte des bouteilles, viser 100% de plastique recyclé, développer le réemploi et lutter contre les dépôts sauvages", a déclaré la semaine dernière Bérangère Couillard, la secrétaire d'État à l'Écologie, qui a réuni lundi les parties prenantes pour lancer la concertation. Le gouvernement se donne jusqu'au mois de juin pour trancher.
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