Comme de nombreuses autres fournitures scolaires, l'agenda voit son prix augmenter en cette rentrée.La conséquence de l'envolée du coût des matières premières, dont la pâte à papier.Décryptage.
Une mauvaise nouvelle, quoique pas vraiment surprenante, pour les parents d'élèves. Selon une enquête de l'association Familles de France, le coût de la rentrée scolaire a nettement augmenté d'une année sur l'autre. Ainsi, la somme moyenne à débourser pour un élève entrant en classe de sixième en septembre 2022 est de 208,12 euros. C'est 4,25% plus cher qu'en 2021. "Depuis 2017, nous n’avons jamais vu une augmentation aussi importante", alerte Jamy Belkiri, présidente du pôle consommation de 60 millions de consommateurs, sur le site de l'association. La papeterie "sera le poste de dépense le plus important à cause de la hausse du prix de la pâte à papier", souligne-t-elle. Une tendance particulièrement visible pour les agendas, comme le montre la vidéo du 20H de TF1 en tête de cet article.
Le marché de la pâte à papier sous haute tension
Cet outil, indispensable pour les élèves et même certains adultes, a vu son prix croitre de 5 à 10 % en un an. Le marché mondial de la pâte à papier, matière première indispensable, a été bouleversé par la crise du Covid-19, et plus particulièrement par la reprise de l'activité économique. Le regain soudain du côté de la demande a entraîné, mécaniquement, une augmentation des prix. C'est d'autant plus vrai que le secteur est sous la menace de pénuries, les besoins étant de plus en plus importants. Avec la fin du "tout plastique", dans une optique de transition écologique, certains secteurs se tournent par exemple vers le papier pour fabriquer gobelets, couverts et autres emballages.
Cela explique que le prix de la pâte à papier ait explosé. "On était aux alentours de 500 euros la tonne au début de l'année 2021. Actuellement, on est plutôt dans les 900 euros la tonne", confirme auprès de TF1 Jean-Marie Nusse, président directeur général délégué du groupe Clairefontaine-Exacompta. Chaque année, dans les Vosges, l'entreprise en importe 120.000 tonnes par an. "Nous utilisons des sortes de pâte à papier venant du monde entier. À peu près 60% vient de France et Belgique, 10% du reste de l'Europe et 30% d'Amérique du Sud", indique le professionnel. Quelle que soit la provenance, la poussée est sensiblement la même.
Et plus de 80% de hausse, cela se répercute forcément sur toute la chaîne. Pour produire 100 kg de papier blanc, il faut, en effet, 80 kg de pâte que l'on mélange à de l'eau et des colorants. Cela donne une matière visqueuse, un début de feuille. "On va retirer l'eau, presser la feuille, la sécher pour obtenir une feuille finie à la fin de la machine", détaille au micro de TF1 Armando Coelho, directeur technologique au sein de Clairefontaine. En ressortent d'immenses bobines de papier enroulé, que le fabricant vend à ses clients 40 % plus chères qu'il y a un an. Ces dernières représentent 20% du coût de production d'un agenda. Le reste des coûts étant représentés par le carton - qui sert pour la couverture -, les encres, la colle, ou encore les fils de couture. Autant de matériaux dont le prix a, pour la plupart, également enflé.
L'équipe de TF1 s'est rendue dans les locaux du leader français de l'agenda, Quo Vadis. "Tous les ans, on sort près de 8 millions d'agendas, dont des agendas scolaires. Cela correspond à 200.000 agendas par semaine", expose Jérôme Nusse, président de la firme. Particularité notable, ici, les modèles scolaires ont été produits il y a six mois. À l'époque, le prix du papier, mais aussi celui du carton, des encres, de la colle, et même des fils de couture avaient déjà augmenté. De quoi expliquer que ces agendas se vendent 50 centimes de plus qu'il y a un an, soit 8,50 euros en moyenne. Pour tenter de rester compétitifs, certains fabricants tentent de nouvelles méthodes. Pas toujours à succès. "C'est vrai que l'on voit de plus en plus d'agendas où il n'y a pas de coutures. C'est sûrement pour gagner au niveau du prix, mais cela se fait aux dépens de la qualité", juge Jérôme Nusse.
Ce n'est pas parti pour s'arranger...
La conjoncture ne devrait pas s'améliorer dans les prochains mois, la guerre en Ukraine et la hausse des tarifs de l'électricité - qui alimente toutes les machines de production - n'ayant pas encore été intégrées dans les prix. Dans ce contexte, Quo Vadis et ses concurrents doivent trouver des solutions pour continuer de vendre. C'est là qu'intervient l'équipe marketing. Celle-ci mise beaucoup sur les licences : un héros, un jeu vidéo ou un club sportif. Ils font partie du top des ventes. "Avec des produits licenciés, on va être entre 3 et 5 euros plus chers qu'un produit classique", confie Cecile Lechanteur, responsable marketing et communication du groupe. Le gain de l'entreprise sur chaque vente n'a pas été communiqué. Mais elle doit reverser une commission aux licences exploitées. En tout cas, chez les distributeurs, ces modèles représentent 50% du chiffre d'affaires.
Heureusement, l'heure n'est pas encore à l'urgence et à l'alarmisme. Dans une société où le numérique prend de plus en plus de place, une vingtaine de millions d'agendas continuent de se vendre chaque année dans l'Hexagone. Un motif d'espoir pour l'avenir du secteur.
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