L'histoire d'amour entre les Français et les producteurs locaux est-elle en train de s'essouffler ?Le secteur avait pourtant profité des confinements successifs liés au Covid-19.
Il est loin le temps du confinement. Il manquerait presque à Jean-Paul Rivière, éleveur de vache laitière près de Nantes (Loire-Atlantique). Ses clients venaient nombreux à sa ferme pour acheter ses fromages. "Ils avaient besoin d’un retour au terroir […] et de retrouver, peut-être, la nature", souligne-t-il. Mais depuis le début de l’année 2022, le rythme des passages a chuté près de moitié. "Samedi matin, on pouvait retrouver jusqu’à 25-30 personnes. Aujourd’hui, on serait plutôt sur 7-8-12. On se demande où sont passés nos consommateurs".
Un secteur touché de plein fouet
Plus généralement, après deux ans de croissance, les circuits courts semblent subir un coup de frein. Ce magasin de producteur s’était développé sur le succès de la proximité. Aujourd’hui, il enregistre une perte de 20% de sa fréquentation. La faute au coût de la vie qui augmente. "On a le sentiment qu’il y a un arbitrage qui est effectué dans les foyers", plaide Thierry Maréchal, gérant du magasin de produits locaux Marché des terroirs, à Basse-Goulaine (Loire-Atlantique). Selon lui, beaucoup de consommateurs seraient revenus aux grandes surfaces pour regrouper les achats et limiter les frais de carburant.
Si les circuits courts passent au second plan en temps de crise, le grand perdant reste le marché bio. En 2021, il a franchi pour la première fois après des années de croissance.