Les lingettes nettoyantes sont plébiscitées en France : plus de 7 milliards sont utilisées chaque année.Si elles sont incontestablement pratiques, elles sont aussi un fléau pour nos canalisations et pour l’environnement.Les fabricants ne pourront bientôt plus apposer la mention biodégradable sur les emballages.
Le geste est devenu banal, complètement entré dans les pratiques ménagères des Français. Une lingette est extraite de son paquet, et nettoie en un instant toutes sortes de surfaces. En 2021, vous n’avez jamais autant consommé de lingettes : 230 toutes les secondes, plus de 7 milliards sur l'année. "On sort le paquet de lingettes, et c'est prêt à l'emploi, c'est plus rapide", témoigne une consommatrice rencontrée dans le reportage du 13H de TF1 en tête d'article.
Le problème des lingettes ne commence qu'après l'usage auquel elles sont destinées : lorsqu'on les jette. "A la poubelle", assurent en chœur les clients d'un supermarché interrogés par notre équipe. Cette unanimité ne reflète pourtant pas la réalité observée à l'autre bout des canalisations : un grand nombre d'utilisateurs de lingettes préfèrent les jeter... aux toilettes.
Un surcoût exorbitant pour les stations d'épuration
C'est ce qu'on observe dans une station d’épuration à Toulouse, où les lingettes représentent 40% des déchets quotidiens. D'un tube sort une montagne des lingettes usagées méconnaissables, qui rempliront une benne par jour. Si un dispositif existe pour les extraire des canalisations, le dégrilleur, il est insuffisant à tout filtrer. Sur le seul réseau toulousain, les lingettes causent, en moyenne, deux pannes par jour de matériel, mobilisant matériel et main d'œuvre. Le problème n'est pas spécifiquement français : le surcoût européen dû à l'encombrement des lingettes est estimé à 100 millions d'euros par an.
Si les consommateurs sont tentés de les jeter dans la cuvette, c’est parce que certaines mentions sont trompeuses, comme celle qui clame : "100% biodégradable". Élu de Toulouse-Métropole, Robert Médina explique le malentendu : "Elles sont bien biodégradables, mais en 90 jours, alors qu'elles arrivent en quelques heures à la station d'épuration". La mention "biodégradable", source de malentendu, devrait disparaître de l'ensemble des marques d'ici à la fin de l'année, mais un travail de pédagogie restera nécessaire.
En dehors de l'engorgement des canalisations, les lingettes désinfectantes auraient-elles aussi un impact sur notre santé ? Une association de consommateurs a analysé une douzaine de modèles, et affirment que les deux tiers contiennent des substances toxiques. Des alternatives simples et moins coûteuses existent, comme les chiffons en microfibres que l'on peut imbiber de savon noir ou de vinaigre blanc.
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