Papier, inox, consignes... quelles solutions pour remplacer le plastique à usage unique ?

V. F
Publié le 23 février 2021 à 7h30

Source : TF1 Info

ENVIRONNEMENT - Depuis le 1er janvier, les pailles, couverts et autres touillettes en plastique à usage unique, si compliqués à recycler, sont définitivement interdits. Les industriels ont commencé à s'adapter pour trouver des alternatives, avec parfois beaucoup d'imagination.

Après les assiettes, couverts, verres, gobelets en plastique, cotons-tiges, voilà que les pailles, les touillettes ou encore les boîtes en polystyrène expansé sont définitivement supprimés depuis le 1er janvier dernier. Et même si un délai de 6 mois est prévu afin de permettre aux entreprises d'écouler leurs stocks, les industriels vont devoir rapidement se réorganiser. Tandis que le consommateur va devoir changer ses habitudes pour éviter d'utiliser cette matière très polluante. Le défi est donc immense puisqu'on en consomme 70 kg par habitant et par an.

"L'interdiction des plastiques à usage unique fait que notre activité s'est vraiment ralentie, voire même arrêtée. Et les machines sont maintenant à vendre", reconnaît ainsi Pierre Le Gendre, le directeur général d'APS. Impossible par ailleurs de concurrencer le marché asiatique avec le bois. Alors pour s'en sortir, ce chef d'entreprise a misé sur le papier pour produire ses 750 millions de touillettes par an. Un million d'euros a été investi dans de nouvelle machines sur lesquelles les salariés ont dû se former. "Notre personnel était exclusivement dans le monde de la plasturgie donc ils ont dû se réadapter en catastrophe pour se former au métier du papier qui n'est pas un métier simple. Il a fallu qu'ils réapprennent leur façon de travailler", poursuit-il. Mais ce n'est qu'une étape, car l'État veut considérablement réduire notre consommation de plastique estimée aujourd'hui à 4,2 millions de tonnes par an. 

Une consommation estimée à 4,2 millions de tonnes par an

Pour y arriver, le gouvernement a d'ailleurs fixé un calendrier. Les cantines scolaires vont par exemple devoir faire disparaître le plastique de leur chaîne de production d'ici 2025. Un changement déjà amorcé dans cette immense cuisine centrale où l'on prépare chaque jour près de 20.000 repas pour les écoles. Les contenants en inox remplacent progressivement les barquettes mais ils sont vingt fois plus lourds, et pas adaptés aux machines qui traitent le plastique. Là encore, il va falloir investir. "Aujourd'hui on les remplit de manière manuelle mais demain, il va falloir trouver une façon de le faire de manière automatisée. Le principe est le même, mais ce contenant va pouvoir être réemployé par la suite", explique Frédéric Souchet, le directeur général des services du syndicat intercommunal pour la restauration collective (SIRESCO). 

Sauf qu'avant d'être réutilisés, ces nouveaux contenants vont être nettoyés et désinfectés. À quelques kilomètres de la cantine scolaire, une autre entreprise va donc gérer cette étape grâce à d'immenses lave-vaisselle capables de tout laver en deux minutes et d'éliminer toutes les bactéries à 85°. "On est passé à une société du tout jetable, très clairement plus pratique, et du tout plastique, et nous on va remettre avec une vision très industrielle, pour pouvoir faire que ce soit facile et sans trop de contraintes, ces systèmes de réemploi qu'on avait par le passé mais on les réinvente complétement", analyse Emmanuel Auberger, le fondateur d'Uzaje, une société spécialisée dans la réutilisation des contenants.

Simple, pratique, c'est aussi ce que réclament les particuliers au moment d'aller faire leurs courses. La coopérative "Scarabée Biocoop" à Rennes propose par exemple un système de consigne. "On a fait ce test depuis cinq mois. On s'était fixé un objectif de 10.000 contenants ramenés et on a largement dépassé les 10.000, donc le test est plus que positif", se félicite Isabelle Baur, la présidente du directoire. Ici 130 produits sont disponibles, faciles à repérer avec une étiquette orange sur lequel est inscrit : "Rapportez-moi". D'autres alternatives existent déjà pour remplacer les tubes de dentifrice, les films alimentaires, ou encore les bidons de lessive car tous ces emballages en plastique doivent progressivement disparaître d'ici fin 2040.


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