En 2021, les ventes de fruits et légumes biologiques ont baissé de 11%, alors que dans le même temps, la production française augmente.Le 13H de TF1 a rencontré certains des agriculteurs qui ont choisi ce type de cultures.Certains envisagent aujourd'hui de faire machine arrière.
L'alimentation bio n'a plus le vent en poupe. En attestent les chiffres pour l'année dernière : les ventes de fruits et légumes biologiques ont baissé de 11%. Alors, pour certains agriculteurs qui avaient fait ce choix, c'est la douche froide.
Ainsi, dans les bocages normands, Yves Sauvaget élève ses 80 vaches laitières. En 2010, après 15 ans de métier, il se lance dans le 100% bio : "Pas d'engrais, pas d'herbicides, pas de pesticides", détaille-t-il face à la caméra du 20H de TF1, dans le reportage en tête de cet article. Une décision écologique, qui s'avère payante au début : il vend son lait plus cher et écoule facilement les stocks. Mais depuis l'année 2021, son activité s'essouffle et les prix chutent. "Pour 2021, la baisse des prix qu'on a subie, additionnée à la baisse des aides aux maintiens à l'agriculture biologique, c'est 20.000 euros en moins. On est capable de passer une année comme ça, mais pas deux", souligne-t-il.
"Ça crée un déséquilibre"
Une situation qui est loin d'être singulière. Par exemple, Biolait, une entreprise qui collecte le lait bio, travaille avec 1400 fermes dans toute la France. Et partout, le constat est le même : la production de bio augmente, mais avec la crise du pouvoir d'achat, les Français en consomment de moins en moins. "Ça crée un déséquilibre qui nous pose problème pour la valorisation de notre lait. On a entre 20% et 30% du lait bio qui est déclassé - donc n'est plus labellisé en bio - pour être vendu sur le marché classique", explique Ludovic Billard, président de Biolait. Or, ce lait non bio est vendu jusqu'à 20% moins cher.
Même problème pour Thierry Baillet, cultivateur d'oignons et de pommes de terre dans le Pas-de-Calais. Sur ses parcelles bio, tout se fait à la main, jusqu'au désherbage. Un travail fastidieux qui ne lui rapporte plus assez. Or, l'agriculteur a déjà converti un tiers de son exploitation en bio, avec l'objectif d'atteindre 100%. Mais cette année, il a choisi d'en rester là. "On préfère attendre, voir si le marché se relance. Et on verra à ce moment-là", précise-t-il à TF1.
Le producteur se dit même prêt à envisager une déconversion, c'est-à-dire, abandonner le bio, pour retourner à l'agriculture conventionnelle.