En Amérique latine, Carrefour développe son format à succès brésilien Atacadão, qui propose à la fois du "maxi discompte" et de la vente de gros.Un premier magasin doit ouvrir en Seine-Saint-Denis en janvier 2024.Le 20H de TF1 vous explique ce qu'il faut en attendre.
C'est un "cash and carry" que le groupe Carrefour souhaite développer dans l'Hexagone. Un hypermarché discount brésilien baptisé "Atacadão" ("achat en gros", en portugais) qui propose à la fois du "maxi discompte" et de la vente de gros. La transformation d'un hypermarché Carrefour en magasin 100% discount Atacadão est prévue en janvier 2024 dans la zone commerciale d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et, à juger les réactions des consommateurs dans le reportage en tête de cet article, elle est attendue. Cette arrivée "peut m'aider, car actuellement, c'est un peu dur à la fin du mois", assure l'un d'eux. "Vu l'inflation actuellement, acheter en gros et partager entre familles, ce n'est pas négligeable", déclare une autre.
Très en vogue au Brésil, à 9000 kilomètres de là, Atacadão consiste en une offre large de produits alimentaires et non alimentaires "à prix de gros" vendus directement sur palettes, à l'unité ou en gros conditionnement, à destination des professionnels comme des particuliers. Le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, décrit l'implantation du discounter comme "probablement la meilleure solution anti-crise". Et son développement comme l'une des priorités stratégiques du distributeur pour les prochaines années.
"On s'adaptera à la clientèle française"
Alors, concrètement, à quoi ressemble alun magasin Atacadão, ce concept qui cartonne au Brésil, avec une vingtaine d’ouvertures par an ? Comme on peut le voir dans la vidéo de TF1, à l’intérieur d'une enseigne se trouvent tous les codes du discount, des marchandises sur palettes, des allées aux allures d’entrepôts et des produits vendus par lots. La farine s’achète par sac de 25 kilos, ce qui est stratégique pour faire baisser le prix. Le fournisseur a donc "tout intérêt à vendre directement des quantités très importantes qui peuvent aller de 5, 10 à 12% de réductions tarifaires", explique à TF1 Stéphane Maquaire, directeur exécutif de Carrefour Brésil.
Si l'on devait énumérer des griefs à son encontre, ils porteraient sur l'absence de variété des choix, finalement très limités. Il y a, en tout, trois fois moins de références que dans une grande surface classique. Il y a principalement des produits de première nécessité, mais au final, très peu de produits bio.
Faut-il y voir un hypermarché au rabais ? Non, assure à TF1 l’équipe chargée du projet en France. L’enseigne a d’ailleurs changé de logos, comptant faire un effort sur la qualité des produits proposés : "On s'adaptera à la clientèle française avec des produits frais et des produits bio", rassure Laurent Vallée, secrétaire général du groupe Carrefour. Soit "un magasin français, mais inspiré d'une méthode expérimentée au Brésil", dit-il.
Les produits changeront régulièrement, car l'enseigne veut aussi récupérer des invendus et des fins de série. Conséquence : plus de grands rayons textile, ni même de rayons jouet ou électronique, souvent peu rentables.
L'arrivée de Atacadão, si elle peut correspondre à une alternative salutaire en pleine inflation, n'en fait pas moins grincer des dents. Début 2023, Carrefour devait ouvrir le premier magasin français de son discounter à Sevran (Seine-Saint-Denis), mais l'implantation de cette enseigne brésilienne de libre-service de gros a fait l'objet d'une levée de bouclier en mars de cette même année. Des élus locaux étaient même montés au créneau pour s'opposer à l'arrivée d'Atacadão. Une pétition "Non à Atacadão", portée notamment par le maire DVG Stéphane Blanchet et la députée LFI de la circonscription Clémentine Autain, avait été lancée, pointant du doigt une "société à deux vitesses, avec des modes de consommation pour les riches d'un côté et pour les pauvres de l'autre."
La transformation de Carrefour en Atacadão modifie par ailleurs la surface dans la zone commerciale d’Aulnay-sous-Bois. Soit une réduction de 15.000 m² à 10.000 m². Les syndicats redoutent dans le sujet de TF1 "des postes supprimés" et "des conditions de travail dégradés". Mais pour la direction, faire du discount reste la seule solution pour relancer un magasin en perte de vitesse.