Se rafraîchir sans (trop) polluer : le dilemme des acheteurs de clim'

TF1info | Reportage vidéo : Nicolas Robertson, Frédéric Petit
Publié le 16 juin 2022 à 9h09

Source : JT 13h Semaine

Les ventes de climatiseurs sont en forte hausse cette semaine.
Une tendance qui se confirme chaque année, avec des pics lors des épisodes de canicule.
Mais si la solution de la climatisation soulage à court terme, elle contribue aussi à aggraver le problème.

En ce moment, nous cherchons tous une petite brise bien fraîche pour soulager l'organisme face aux températures étouffantes. C'est justement ce qu'offrent les climatiseurs, dont les ventes explosent avec les grosses chaleurs. La plupart des consommateurs cherchent un équilibre entre écologie, économie et confort. C'est le cas d'Anne, venue en magasin trouver un appareil pour un ami âgé, que l'on peut voir dans le reportage du JT de TF1 en tête de cet article.

"Aujourd'hui, avec ce qu'on annonce comme température", témoigne-t-elle, "pour quelqu'un qui est âgé, c'est important". Le magasin qu'elle visite prévoit même de multiplier ses ventes par vingt par rapport à la semaine dernière. Les clients ont l'embarras du choix, notamment dans une vaste gamme de climatiseurs mobiles, plus adaptés à des clients qui vivent pour la plupart en appartement. On doit compter en moyenne 500 euros pour un climatiseur, contre 50 euros pour un simple ventilateur. 

Maintenant en plus c'est vachement écolo comme machine... enfin c'est beaucoup plus écolo qu'avant
Jules

Certains optent toutefois pour une climatisation haut-de-gamme, réputée plus économe en énergie, comme Margaux et Jules. "Maintenant en plus c'est vachement écolo comme machine... enfin c'est beaucoup plus écolo qu'avant", estime le jeune homme, "et ça ne consomme rien". Car c'est là toute la question, dont la plupart des consommateurs sont désormais conscients : si j'achète une clim, est-ce que je n'aggrave pas le réchauffement climatique ? 

Le cercle vicieux de la climatisation

C'est le "cercle vicieux de la clim'" : les installations refroidissent l'air à l'intérieur des logements, des bureaux ou des surfaces commerciales... mais rejettent de l'air chaud à l'extérieur, contribuant donc du même coup à aggraver le problème. La chaleur en ville peut ainsi monter de 1 degré du seul fait de l'usage trop répandu des climatisations. Une augmentation qui pourrait grimper à 3 degrés d'ici à 2030, si les ventes d'équipement continuent de progresser au même rythme. Le recours des particuliers à la climatisation est ainsi passé de 14% en 2016 à 25% en 2020.

Une technologie énergivore

Les climatiseurs sont par ailleurs très énergivores, et les pics de chaleur coïncident désormais avec une sur-consommation d'électricité au niveau national - un phénomène que l'on n'observait jusqu'à récemment que lors des vagues de froid en hiver. Troisième problème, inhérent à la technologie des climatiseurs : les fluides frigorigènes qu'ils contiennent, qui contribuent très fortement à l'émission de gaz à effet de serre. Si le principe de ces fluides est de fonctionner en circuit fermé, des émanations importantes sont constatées en fin de vie des appareils, ou lors de réparations. 

Des progrès sont toutefois à signaler, tant pour la consommation électrique des appareils, que pour les fluides utilisés ou la température de l'air rejeté (voir vidéo ci-dessous). Jules n'a donc pas tort de penser que "c'est plus écolo qu'avant", mais pas parfait, et pas à la portée de toutes les bourses.

Climatisation : se rafraîchir sans polluer ?Source : JT 20h WE

Mais comment se passer de climatisation, alors que les températures grimpent d'année en année, éprouvant les organismes parfois jusqu'au pire ? L'Agence de l'environnement et de la maitrise de l'énergie (Ademe), préconise notamment un usage raisonné des climatiseurs. En élevant la température que l'on demande à la machine de maintenir, de 22 degrés en moyenne à 27 degrés. Une telle mesure permettrait à elle seule de diviser par deux la consommation des appareils- et de baisser d'autant la facture. Attendre que la température dépasse 30 degrés à l'extérieur, avant de mettre en route la climatisation, au lieu de 27, diviserait la consommation par trois.

La solution du ventilateur

L'Ademe recommande également de faire entretenir son matériel par un professionnel agréé, et de bien choisir au départ son système de climatisation. Trop souvent, selon l'agence, l'acquisition d'un climatiseur dans l'urgence d'une canicule, amène des consommateurs à opter pour un matériel inadéquat pour leurs besoins. Le recours à un ventilateur, plutôt qu'à une clim, peut dans de nombreux cas suffire à faire baisser la température corporelle - sans engager d'effet pervers sur le réchauffement global. Au-delà de 37 degrés à l'extérieur, cependant, cette solution devient insuffisante pour les personnes âgées ou malades. Les rafraichisseurs d'air, dont le principe conjugue eau et ventilation, sont également une solution peu gourmande en énergie, et qui ne rejette pas d'air chaud.

Restent les consignes déjà bien connues, de ventilation naturelle des logements, et d'isolation. Si les Français sont de plus en plus vigilants à leur gestion de la chaleur chez eux, ils n'ont cependant pas tous les moyens d'agir efficacement, leur habitat n'ayant pas été conçu pour faire face aux pics de chaleur dont la récurrence s'accélère d'année en année.


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