Le 20h

"Révoltant" : ces clients du site en faillite Made.com ne verront jamais leurs meubles

par M.L | Reportage TF1 Sylvain Millanvoye, David de Araujo
Publié le 8 février 2023 à 11h55, mis à jour le 8 février 2023 à 18h32
JT Perso

Source : JT 20h Semaine

L’enseigne de vente de meubles en ligne Made.com a fait faillite en novembre 2022.
Des centaines de clients qui avaient passé commande et payé ne seront jamais livrés, et découvrent même qu’une chaîne de déstockage cherche à revendre leurs meubles.
Certains d'entre eux vont poursuivre le site en justice.

Le canapé n’est jamais arrivé. Le studio de photographie Harcourt, à Paris, avait acheté cette banquette à l'automne 2022 au site anglais Made.com, mais au même moment, celui-ci s'apprêtait à déclarer faillite et à être placé en liquidation judiciaire. "Le jour de la livraison, le livreur nous a dit qu'il ne pouvait pas le faire, qu'il était obligé de renvoyer tous les meubles au stock", explique dans le reportage du 20H de TF1 ci-dessus Catherine Renard, directrice générale du studio. 

Elle n'est pas la seule cliente lésée : le site de vente en ligne, qui a fait faillite début novembre, a ainsi laissé sur le carreau plusieurs centaines d'autres personnes en France. "Ce qui est révoltant, c'est que cela fait trois mois que l'on se bat pour que les banques ou l'assurance de carte bleue nous remboursent", s'indigne l'une d'entre elles, Julie. "Made nous a clairement arnaqués lors de sa faillite, il y a une partie du stock qui m'appartient aujourd'hui. Au quotidien, c'est une somme assez conséquente qui me manque."

"La vraie colère, c’est ce vide législatif"

Car Made a fait payer la totalité des achats aux clients, qui se retrouvent aujourd’hui désarmés. La société anglais Next Retail Limited a racheté le site, mais elle n'est pas dans l'obligation d'honorer les commandes déjà passées, relève le Centre européen des consommateurs sur son site. Seules certaines commandes en cours ont pu être livrées, tandis que les autres n'ont pas été remboursées. 

Plusieurs options s'offrent aux clients : parmi elles, invoquer le droit de rétraction ou la garantie légale de conformité et demander à la banque d'annuler les prélèvements, dans le cas de paiements en plusieurs fois. Quant à la déclaration de créances, des informations doivent être bientôt publiées à ce sujet, mais "les clients ne sont pas des 'créanciers privilégiés" et "les chances d’obtenir un remboursement pour une commande non livrée sont donc minces", explique le réseau européen. Il est également possible de faire opposition au paiement, tant que le compte n'a pas été crédité. Or, il faut pour cela qu'une décision de liquidation judiciaire soit publiée, ce qui n'est pas encore le cas concernant Made.com.

Face à ces nombreuses difficultés, une plainte en action collective sera déposée par plusieurs clients cette semaine. "La vraie colère, c’est ce vide législatif, ce manque de garanties qui a été imposé aux consommateurs, qui se retrouvent sans assurance, sans fond de garantie. C’est vraiment une difficulté dans ce dossier", explique Me Emma Leoty, leur avocate.

Des stocks revendus et bradés

À cela s'ajoute une autre problématique : la liquidation. Pour éponger les dettes de Made, 141.000 pièces de stock de la société, conservées dans un entrepôt d'Anvers, ont été vendues tout à fait légalement par un liquidateur judiciaire à un acheteur français, le destockeur Noz. Depuis samedi, dans certains de ses magasins, on retrouve les colis de Made. Plusieurs d'entre eux ont donc déjà été vendus une première fois sans jamais être livrés aux acheteurs. 

L'entreprise veut pourtant se dégager de toute responsabilité sur ces lots. "Même si nous le voulions, il serait logistiquement impossible d'identifier les produits concernés. Nous n'avions pas connaissance, au moment du rachat du stock, de cet historique avec les clients de Made.com qui attendaient d'être livrés", expose Noz dans un communiqué transmis à TF1. 

Lire aussi

Ces meubles sont désormais vendus avec 70% de rabais par le destockeur, des prix attractifs. "Bien sûr que je suis gênée, mais en même temps, je suis bien contente d'avoir trouvé ce meuble", confie une cliente sur le parking d'un des magasins de l'enseigne, un carton Made aux pieds. De la même façon, Noz avait revendu en octobre dernier dans ses magasins les stocks du groupe Camaïeu, également en faillite. 


M.L | Reportage TF1 Sylvain Millanvoye, David de Araujo

Tout
TF1 Info