Boîtes noires bientôt obligatoires dans les voitures : quelles données seront enregistrées ?

MM
Publié le 27 mai 2021 à 11h15

Source : JT 13h Semaine

SÉCURITÉ ROUTIÈRE - Dès mai 2022, une boîte noire devra être installée sur tous les véhicules neufs, et sur ceux d'occasion deux ans plus tard. Voici ce qu'il faut savoir sur ce dispositif d'enregistrement.

Les uns y voient un moyen d'épargner des vies quand les autres craignent un contrôle des faits et gestes des automobilistes. Les boîtes noires qui équiperont nos voitures dans les années à venir ont pourtant déjà montré leur efficacité.

En Europe, elles devront être installées sur tous les véhicules neufs - voitures, camions et bus - à partir de mai 2022, tel que voté par le Parlement européen il y a deux ans. Les véhicules d'occasion, eux, devront être munis du dispositif dès mai 2024.

Ce dernier se présente sous la forme d'une puce électronique disposée dans votre voiture et qui relèvera "à l'instant T les informations dans le véhicule et la façon de conduire de l'utilisateur, notamment le point de freinage, le point de braquage", explique à TF1, dans la vidéo en tête de cet article, Jean-François Evrard, dirigeant du groupe de concessions automobiles Polmar à Caen (Calvados). 

Automobile : des boîtes noires bientôt obligatoires dans nos voituresSource : JT 20h Semaine

La boîte noire enregistrera également la vitesse du véhicule ou encore l'effectivité ou non du port de la ceinture de sécurité, mais pas les conversations des occupants. Les données conservées ne concerneront en revanche que les 30 secondes précédent une collision, le moment de l'impact et les 30 secondes suivantes. Ces informations pourront ensuite être utilisées par les forces de l'ordre  - les assurances n'y auront pas accès - en cas de sinistre. Objectif : connaître les circonstances d'un accident et inciter les automobilistes à respecter le code de la route. À noter qu'il leur sera impossible de désactiver leur boîte noire.

C’est un élément essentiel de prévention des accidents
Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière

"Cette législation va permettre de sauver des milliers de vies dans les années à venir", avait estimé, en 2019, l'eurodéputée Roza Thun, rapporteure de ce texte. Chantal Perrichon, la présidente de la Ligue contre la violence routière, abonde aujourd'hui, dans les colonnes du Parisien : "C’est un élément essentiel de prévention des accidents et le meilleur moyen de connaître les circonstances exactes d’un sinistre, car la boîte noire est en quelque sorte l’ADN de l’accident". Et d'ajouter : "Alors qu’il faut parfois des mois ou des années pour prouver la responsabilité d’un conducteur dans un accident mortel, avec ce boîtier, on saura tout de suite si les phares étaient allumés, le clignotant déclenché et si l’automobiliste roulait trop vite".

Une statistique accrédite l'argument sécuritaire : aux États-Unis, où la plupart des véhicules sont déjà équipés, les boîtes noires auraient permis de réduire le nombre d'accidents de 20% en cinq ans. 

Ça entraîne des couts supplémentaires
Daniel Quéro, président de l'association 40 millions d'automobilistes

Du côté des automobilistes, d'aucuns sont favorables à la mesure. "J'approuve ! Ça permet de voir s'il y a des fautifs et de relever leurs fautes", juge, dans le reportage de TF1 en tête de cet article, un conducteur. "Je ne me sentirai pas visée ou fliquée", souligne une autre.

Mais le dispositif serait-il "intrusif", comme l'estime une autre conductrice ? C'est la position de l'association 40 millions d'automobilistes, dont le président assure que ces puces "ne vont pas réduire la mortalité." "Je pense que ça n'apporte pas une contribution intéressante à la sécurité routière. Ça entraîne des couts supplémentaires et ça donne toujours l'impression aux automobilistes qu'ils sont sans cesse surveillés, radarisés, contrôlés et, quelque part, infantilisés", poursuit Daniel Quéro.

Chez Ford, le coût de la boîte noire "sera ajouté au coût de revient du véhicule"

Les constructeurs automobiles, eux, se préparent déjà à l'impératif légal. Du côté de Ford, on assure que le système sera déployé "dès qu’il sera obligatoire en Europe. Son coût sera ajouté au coût de revient du véhicule, comme précédemment pour les coussins gonflables de sécurité, le système de blocage de freins ABS, le contrôle de stabilité ESP ou les systèmes de dépollution", rapporte Le Parisien.

Renault, pour sa part, précise auprès du journal francilien qu'il n'installera pas de boîte noire à proprement parler, mais utilisera à la place les systèmes de prélèvement de données déjà en place. "Nous le ferons sans aucune difficulté ni technique ni financière. Il suffit de modifier les logiciels. Il n’y a pas besoin d’installer des capteurs spécifiques. Cela n’aura aucun impact de prix sur le client", assure l'entreprise française.

Les quelque 100 euros que coûte le dispositif pourraient donc être à la charge des automobilistes, en fonction des constructeurs. Pour Le Parisien, Olivier Moustacakis, directeur général du comparateur Assurland, nuance la position de Renault, et résume : "Les constructeurs ont d’ores et déjà annoncé que le prix à l’achat serait plus élevé." 

Dès lors, les assurances pourraient, elles aussi, être plus onéreuses, explique le spécialiste : "La logique est implacable : si la valeur du véhicule est plus importante, il pourrait être plus onéreux de l’assurer".


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