Plusieurs joueurs disputant la Coupe du monde 2023 évoluent sous les couleurs d'un pays... sans forcément en avoir la nationalité.La France est notamment concernée, avec son pilier droit Uini Atonio, natif de Nouvelle-Zélande.Et pour cause, les règles du rugby permettent des naturalisations sportives. Explications.
Uini Atonio avec la France, Toa Halafihi avec l'Italie, Michael Leitch avec le Japon, Samuel Marques avec le Portugal... Tous ces joueurs ont un point commun : celui d'être né dans un autre pays que celui dont ils défendent les couleurs dans cette Coupe du monde. Certains n'ont même pas la nationalité. Uini Atonio, le pilier droit du XV de France, né en Nouvelle-Zélande et qui avait porté les couleurs des Samoa en équipes de jeunes, avait ainsi fait parler de lui en juin dernier, lorsqu'il avait directement demandé au président de la République Emmanuel Macron de "faire avancer (son) passeport".
Au rugby, plusieurs règles permettent de jouer sous le maillot d'une sélection. Et disposer d'une carte d'identité du pays concerné n'est pas la seule possibilité. Bien sûr, la nationalité en est une : 32 des 33 joueurs sélectionnés par Fabien Galthié pour le Mondial sont nés en France. Mais les origines comptent aussi : avoir "un de ses parents ou de ses grands-parents" nés dans un pays suffit à le représenter, peut-on lire dans le règlement officiel de World Rugby.
5 ans de résidence nécessaires
Et ce n'est pas tout. Un joueur peut représenter un pays sans aucun lien familial, s'il y habite depuis plusieurs années. "Résider soixante mois (cinq ans, contre trois ans avant 2021, ndlr) consécutivement" ou "pendant une période cumulée de dix ans" suffit à être sportivement naturalisé, est-il expliqué sur le règlement. C'est pour cela qu'Atonio, arrivé à La Rochelle en 2011, a pu être sélectionné sous le maillot frappé du coq dès 2014. Ou que deux Italiens nés en Nouvelle-Zélande ont été alignés vendredi 29 septembre avec la Squadra Azzura pour affronter les All Blacks, ayant évolué dans le championnat transalpin.
Une particularité du rugby, qui suscite parfois la controverse, y compris parmi les dirigeants. L'ancien président de la Fédération française, Bernard Laporte, s'était ainsi levé contre cette règle. En 2016, au début de son mandat, il avait "pris la décision politique de ne plus faire jouer de joueurs étrangers en équipe nationale". C'est la raison pour laquelle le Sud-Africain d'origine Paul Willemse, cadre des Bleus forfait pour ce Mondial, a dû attendre 2019 pour porter le maillot tricolore, tant que son passeport français n'avait pas été accordé.
Ces règles sont toutefois à jeter aux oubliettes dès lors qu'un joueur honore sa première sélection. À partir de cet instant, il ne peut modifier sa nationalité sportive qu'à une seule reprise, seulement s'il n'a pas été convoqué avec son équipe depuis au moins trois ans.
Cette fois, les possibilités sont plus limitées : il doit impérativement être né (ou l'un de ses parents ou grands-parents) dans son nouveau pays. Ce qui permet notamment aux "petites sélections" de récupérer des joueurs partis vers d'autres horizons, mais qui n'ont pas forcément confirmé au plus haut niveau.