Oublié du groupe de départ des Sud-Africains pour la Coupe du monde, Handré Pollard a été rappelé après la blessure de Malcolm Marx.En manque de rythme mais titulaire contre les Tonga (21h, en direct sur TF1) avec les quarts de finale en ligne de mire, l'ouvreur pourrait se révéler la pièce manquante d'un collectif en quête d'un retentissant doublé.
Handré Pollard est de retour. Laissé de côté pour le Mondial, en raison d'une blessure persistante à un mollet, l'ouvreur des Leicester Tigers a été rappelé par les Springboks après la blessure du talonneur Malcolm Marx. Un changement stratégique également induit par les piètres performances des botteurs sud-africains dans l'exercice du tir au but (10/20, 50% de réussite) depuis le début de la compétition. Contre l'Irlande, cette faiblesse (1/5 en face des perches) s'est révélée criante et a précipité la perte des champions du monde en titre.
Un profil précieux... et même indispensable ?
Aussi, la réintégration de Handré Pollard, réputé pour sa grande fiabilité au pied, apparaît nécessaire. "Je ne pense pas qu'ils (les buteurs) aient fait du mauvais boulot. En treize mois sans Handré, nous avons remporté 75% de nos 16 test matchs, tempére le sélectionneur Jacques Nienaber. Nous n'avons perdu que quatre fois, dont deux contre l'Irlande". Reste que sans bon buteur, capable de sanctionner les fautes adverses, difficile d'envisager la victoire finale dans une compétition aussi exigeante que la Coupe du monde.
Le comeback de Pollard sonne comme une bonne nouvelle pour les Boks : meilleur réalisateur du précédent Mondial (69 points), avec notamment 22 unités contre l'Angleterre en finale, l'ancien joueur de Montpellier s'est affirmé comme l'un des grands atouts de la campagne victorieuse des "Boks". Bon gestionnaire et défenseur correct, son profil semble indispensable dans un effectif pléthorique mais sans réelle alternative équivalente à ce poste (Manie Libbok et Damian Willemse sont plus créatifs). Du haut de ses 29 ans et 65 sélections, le N.10, qui évolue désormais dans le championnat anglais, dispose en plus d'une expérience des plus précieuses. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard s'il demeure, à ce jour, le meilleur réalisateur de l'histoire de sa sélection en Coupe du monde (162 points).
Attention au manque de rythme...
Pour autant, son manque de rythme, même s'il a déjà repris la compétition en club, rend le pari risqué. L'Afrique du Sud ne dispose plus que d'un match pour se jauger et affiner ses automatismes avant les quarts de finale : contre les Tonga (ce dimanche (21h), en direct sur TF1, MYTF1 et en live commenté sur TF1Info). Non seulement la défaite est interdite, après le court revers contre l'Irlande, mais ne jouer que 80 minutes au niveau international avant des matchs couperets peut se révéler insuffisant au moment de disputer ces rencontres. "Il y a de fortes chances qu'il ait des crampes", reconnaît d'ailleurs Jacques Nienaber, laissant entendre que Pollard ne tiendrait pas tout le match. "Je vais être réaliste. Après avoir joué 30 minutes en Premiership Rugby Cup, il y a quelques semaines, disputer un match en Coupe du Monde, c'est un grand saut", ajoute ce dernier.
Une grande responsabilité qu'on lui a confiée
Siya Kolisi, le capitaine des Springboks
Logiquement, l'encadrement n'attend pas monts et merveille – du moins pas immédiatement – de cet ajustement en cours de route. "Qu'attendons-nous de lui ? Une performance réaliste. Je pense que nous devons tous rester mesurés", juge le sélectionneur, qui s'est illustré depuis le début du tournoi par ses étranges signaux lumineux. "C'est un joueur de rugby de grande qualité, tout le monde le sait. (Mais) il n'a pas joué avec les Boks depuis fin août 2022, et (jusqu'à son retour mi-septembre) n'avait plus joué au haut niveau mondial depuis la première semaine du mois de mai", rappelle-t-il.
Même son de cloche du côté du capitaine Siya Kolisi, lui aussi à la recherche de rythme après une grosse blessure. "Toute l'équipe veut qu'il joue sans pression et qu'il prenne du plaisir, mais c'est une grande responsabilité qu'on lui a confiée. Il peut monter en puissance avec un match comme celui-ci et c'est bon de le voir revenir dans l'équipe", a-t-il estimé en conférence de presse.
Le principal intéressé, lui, profite de l'opportunité inespérée qui s'offre à lui. "C'est incroyable d'être de retour dans ce contexte, c'est un environnement unique en son genre. C'est vraiment bien d'avoir une deuxième chance et je vais essayer d'en profiter chaque jour", se réjouit-il. "Ce que j'attends de moi, c'est que je m'exprime et que je prenne du plaisir, tout en sachant que ce ne sera pas parfait", continue-t-il. Il faudra, par contre, élever le curseur par la suite, vraisemblablement contre le XV de France, si les Sud-Africains veulent espérer conserver leur titre.