En pleine confiance après un début de Mondial réussi, l'Italie s'avance sans complexe face au monstre néo-zélandais, ce vendredi (21h, en direct sur TF1, MYTF1 et en live commenté sur TF1info), à Lyon.Si la différence de niveau entre les deux nations parait importante, les "Azzurri" espèrent surfer sur leur forme du moment pour réussir l'exploit d'éliminer les All Blacks.Il faut dire que depuis l'arrivée de l'ancien kiwi Kieran Crowley aux commandes, les choses ont bien changé chez les Transalpins.
Le temps semble loin où l'Italie alignait 36 défaites consécutives (!) dans le Tournoi des Six Nations, enchaînant humiliations et revers historiques. Que l'on ne se leurre pas, les Transalpins, qui restent sur quatre succès de rang contre la Roumanie (57-7), le Japon (42-21), la Namibie (52-8) et l'Uruguay (38-17) - pas exactement des nations de premier plan - ne sont pas soudainement devenus les mastodontes de l'ovalie. Mais ils sont redevenus des adversaires à prendre au sérieux, sous peine de grosses frayeurs, demandez aux Bleus (courts vainqueurs 29-24 en février dernier), ou de désillusions historiques, les Australiens, battus 27-28 en novembre 2022, en sont témoins. Une renaissance à mettre au crédit d'une nouvelle génération talentueuse après de longues années à manger son pain noir, mais aussi d'un homme : Kieran Crowley.
Jeu rapide et jeunesse
Arrivé en mai 2021 au chevet d'une équipe malade, le sélectionneur néo-zélandais a totalement changé le visage de l'Italie. En l'espace de quelques mois, il a installé une philosophie de jeu moderne : plus simplement basée sur la puissance du paquet d'avants - traditionnelle force des Azzurri -, elle s'appuie sur la vivacité et la créativité de la ligne de trois-quarts. Les essais en première main ou après des relances d'envergure sont devenus de plus en plus courants au fil des matchs, signe d'un changement d'ADN qui commence à porter ses fruits. Dans le sillage d'un duo d'ouvreurs Paolo Garbisi-Tommaso Allan qui se partagent la conduite du jeu, le ballon circule davantage, et plus vite. "C’est vraiment grâce à Kieran. Il nous laisse beaucoup de liberté et nous confie de vraies responsabilités", a expliqué le second en conférence de presse.
La formazione annunciata dal CT Kieran #Crowley per il terzo match dell' #RWC2023 contro la Nuova Zelanda ➡️ https://t.co/uVXOat070v #NZLvITA 🇳🇿🇮🇹 📍OL Stadium, Lione ⏱ 29 settembre, kick off ore 21.00 📺 @SkySport ▪️ @RaiDue ▪️ streaming @NOWTV_It #rugbypassioneitaliana pic.twitter.com/ydWqflkgHM — Italrugby (@Federugby) September 27, 2023
Issu d'une famille de fermiers de la région de Taranaki, dans le sud-ouest de l'île du nord en Nouvelle-Zélande, Kieran Crowley a vécu 19 sélections entre 1985 et 1991 sous le maillot des All Blacks. L'arrière polyvalent faisait d'ailleurs partie de l'équipe qui a remporté la toute première Coupe du monde, en 1987, même s'il est resté dans l'ombre des John Kirwan ou John Gallagher. Après plusieurs années à la tête du Canada (2008-2015) et de la franchise du Benetton Trevise (2016-2021), où il a connu une bonne partie de l'épine dorsale de la sélection italienne, il est arrivé avec des idées très claires pour relancer une formation en perdition.
On a fait des progrès énormes.
Tommaso Allan
S'appuyant sur sa très riche expérience, il a mis en avant deux piliers : vitesse dans le jeu et jeunesse. Et même si la refonte en profondeur entamée - et qu'il ne pourra pas mener à son terme puisqu'il sera remplacé après le Mondial par l'Argentin Gonzalo Quesada - peine à se matérialiser dans les résultats (15 défaites, 10 victoires), l'amélioration n'en est pas moins tangible.
"J'ai pu constater tous les progrès que l'on a faits depuis mes débuts", assure Paolo Garbisi (23 ans, 30 sélections), l'un des fers de lance de ces Azzurri new look. "La confiance que l'on a, c'est aussi grâce à Kieran Crowley. C'est lui le premier qui a cru en nous", ajoute le joueur de Montpellier, dans les colonnes de Midi Olympique. "Ça ne fait que deux ans et demi qu’on est ensemble et on a fait des progrès énormes pour arriver jusqu’ici. Je crois que tout le monde est très content de ce qu’il a fait avec cette équipe", abonde son compère Tommaso Allan.
L'Italie sans pression, pas sans ambition
Forts de leurs certitudes, de leurs nouvelles convictions et de la confiance accumulée en ce début de compétition (10 points au compteur grâce à des victoires contre la Namibie et l'Uruguay avec le bonus offensif), l'Italie rêve désormais d'accomplir le plus grand exploit de son histoire contre la Nouvelle-Zélande. Sans réelle pression - la troisième place synonyme de qualification pour la Coupe du monde 2027 étant assurée -, mais avec une immense ambition. "On ne vient pas pour obtenir un petit score, ça, c’est sûr", plaisante le technicien kiwi, en conférence de presse. "On va vraiment tenter le coup. Et ce faisant, on risque de s’exposer dans certains secteurs", prédit-il. "Je ne vais pas me retrouver après le match à me dire 'On aurait dû'. Je préfère me dire 'On l’a fait'", lance-t-il encore.
C’est le dessert à la fin du repas, il est temps de poser la cerise sur le gâteau.
Michele Lamaro
Les chiffres sont sans pitié : 15 défaites en autant de confrontations avec un écart moyen de 48 points. Mais l'électrique Ange Capuozzo et les siens veulent enfin briser la spirale négative. "Bien sûr, ce sont les All Blacks, avec ce maillot noir et tout ce qu’il représente. Mais au bout du compte, ce sont simplement 23 joueurs qui portent ce maillot. C’est le défi qui nous attend et on s’y est préparés. On se trouve aujourd’hui dans la meilleure position possible pour les affronter", souffle le deuxième ligne Dino Lamb. "C’est le dessert à la fin du repas, il est temps de poser la cerise sur le gâteau", sourit, de son côté, le capitaine Michele Lamaro, visiblement pas effrayé par les joueurs à la fougère. "Ce groupe n'a pas peur", confirme son entraîneur.
Et mine de rien, les hommes en noir, conscients qu'un revers précipiterait leur première élimination lors d'une phase de poules d'un Mondial, sont sur leurs gardes. "Par rapport à l’Italie d’il y a deux ou trois ans, [...] c’est beaucoup plus dur de se préparer à les affronter et, bien entendu, ils sont beaucoup plus durs à prendre", expose Jordie Barrett, de retour dans le XV de départ.
Même son de cloche du côté de Ian Foster, très critiqué depuis son arrivée sur le banc néo-zélandais. "Depuis deux ans, leur jeu progresse. Après le Tournoi des Six Nations, j’ai trouvé qu’ils étaient une des meilleures équipes. Ils ont été compétitifs à chacun de leurs matchs", estime-t-il. Au point de faire basculer le rapport de force en leur faveur ? Peut-être. Les coéquipiers de Sam Cane, qui ont perdu contre les Bleus le premier match de leur histoire au premier tour d'une Coupe du monde, ne devront, en tout cas, pas se reposer sur leur lustre d'antan. "L’histoire ne veut rien dire. L’histoire est dans le journal d’hier, dans pas celui de demain", prévient le technicien.