Le XV de France échoue en quarts de finale de la Coupe du monde

"Un casse-tête tous les jours" : la difficile gestion des pelouses en pleine Coupe du monde de rugby

Publié le 3 octobre 2023 à 10h00

Source : JT 20h WE

La Coupe du monde de rugby a mis à rude épreuve les pelouses des différents stades qui ont accueilli la compétition.
Celles-ci sont pourtant surveillées de près, tant elles sont une vitrine de la bonne organisation du Mondial.
Plusieurs exploitants reviennent sur la préparation et les ajustements qui ont été nécessaires pour garantir la bonne tenue des terrains.

Des pelouses qui auront été mises à rude épreuve. Alors que la phase de poules de la Coupe du monde se termine, certains entraîneurs de clubs de Ligue 1 se sont plaints de l'état des terrains après le passage des rugbymen. Il faut dire que ce sport de contact n'est pas tendre avec les rectangles verts, principalement habitués à accueillir des matchs de football.

Comme lors du match qui a opposé le XV de France à l'Uruguay (27-12), au stade Pierre-Mauroy, dans la banlieue lilloise, ce sont parfois des rouleaux d'herbe qui ont été soulevées par les poussées lors des mêlées. En plus de ces phases de jeu rudes, les matchs de rugby mobilisent plus de joueurs. Les rencontres peuvent également être précédées des Captain's run, des entraînements d'une heure, la veille du rendez-vous. "Il y a de très belles pelouses pour la Coupe du monde de rugby, mais après match, il y a toujours des détériorations d'aires de jeu et on a globalement quelques jours pour tout remettre en état", explique auprès de TF1info la métropole de Saint-Étienne, responsable d'exploitation du célèbre "Chaudron" de Geoffroy-Guichard.

La pelouse du stade Pierre-Mauroy, à Villeurbanne, a souffert lors de la rencontre qui a opposé la France à l'Uruguay.
La pelouse du stade Pierre-Mauroy, à Villeurbanne, a souffert lors de la rencontre qui a opposé la France à l'Uruguay. - FRANCK FIFE / AFP

Le rugby maltraite la pelouse plus que le football
Toulouse Métropole, exploitant du Stadium

Cette problématique a pourtant été anticipée par les exploitants de stade en amont du tournoi. "Le rugby maltraite plus la pelouse que le football, c'est une évidence. Mais c'est bien pour cela qu'aujourd'hui, il y a des entreprises qui proposent des pelouses hybrides, censées résister à la fois au rugby tout en restant droite et verte pour le foot", fait savoir à TF1info Toulouse Métropole, actuel exploitant du Stadium, qui a notamment accueilli la démonstration des All Blacks (71-3) contre la Namibie. 

Un investissement qui s'est avéré payant puisque la pelouse, installée au début du mois d'août dans "la Ville rose", a tenu jusque-là, avant un dernier match de poule qui doit opposer les Fidji au Portugal, dimanche 8 octobre. "L'enracinement a très bien pris. Le TFC (club de football de Toulouse, ndlr) a déjà joué dessus, ils étaient ravis. Quand on a eu le match des All Blacks, il y a eu quelques mêlées douloureuses, mais elle a bien résisté", se prévaut-on encore du côté de Toulouse.

Pour accueillir du rugby, Nice a, pour sa part, fait le choix d'une épaisseur de tapis plus importante, "qui garantit normalement un certain poids et une certaine tenue", a indiqué à Nice-Matin Patrick Florence, directeur général de Nice Eco Stadium, qui gère l'Allianz Riviera. Cela n'a pas empêché que quelques morceaux de gazon se décrochent lors de la rencontre entre l'Angleterre et le Japon (34-12), le 17 septembre dernier.

On est sur une gestion très précise, bande par bande
Saint-Étienne Métropole, exploitant du stade Geoffroy-Guichard

Car l'entretien d'une pelouse dépend de nombreux paramètres, notamment climatiques. "Il ne suffit pas de poser la pelouse, d'arroser un peu, de prier le soleil et puis de souffler dessus. C'est un casse-tête chinois tous les jours", souligne-t-on du côté de la métropole toulousaine. Au point qu'au stade Geoffroy-Guichard, à Saint-Étienne, hôte du rugby dès les premiers jours du mois d'août, avec le match de préparation du XV de France contre l'Écosse, un travail de "couture" a parfois été effectué pour que les rouleaux de pelouse installés ne se déracinent pas. "Quand on voit des zones qui sont fragiles, on renforce les jointures avec de la fibre synthétique. On coud certaines bandes entre elles quand on voit qu’elles sont un peu moins implantées que d'autres. On est sur une gestion très précise, bande par bande, de l'équipement", assure la métropole stéphanoise.

"La pelouse est notre bien le plus précieux", renchérit auprès de TF1info Martin d'Argenlieu, directeur général de Mars 360, qui gère le Vélodrome de Marseille. "Après chaque match, les jardiniers font ce qu'on appelle des opérations de reprise, d'arrachement, de ramassage des chiquettes (les bouts de pelouse arrachés)... Ils vont passer la tondeuse pour ramasser tous déchets d’après-match, refaire un beau terrain tout propre, tout de suite après le match", a-t-il décrit, alors que l'enceinte mythique de l'Olympique de Marseille doit recevoir deux quarts de finale, en plus des rencontres de phase de poule.

Un travail d'autant plus nécessaire que les pelouses installées doivent généralement tenir le reste de la saison. Après la Coupe du monde, certaines enceintes vont effectivement de nouveau accueillir du football. Dans d'autres, les calendriers du ballon ovale et du ballon rond se chevauchent, obligeant à certaines adaptations. En plus de la pelouse qui est remisée après chaque match, les perches de rugby et les cages de football sont montées et démontées, les tracés doivent être changés. Des détails qui sont également contrôlés de très près par les organisateurs de la Coupe du monde de rugby. 

"C'est un des éléments les plus visibles de la compétition", justifie-t-on du côté de Saint-Étienne. La fin de la phase de poules, le week-end prochain, devrait malgré tout soulager de nombreux terrains. Pour la phase à élimination directe, les matchs se joueront effectivement presque tous au Stade de France, qui n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet. Sa pelouse devrait alors être très sollicitée avant une longue période sans activité, pour une totale remise à neuf, avant les JO de Paris 2024.


Aurélie LOEK

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