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Interview

Gaël Fickou, vice-capitaine du XV de France : "C'est à la France que je dois tout"

Publié le 29 mai 2023 à 16h30, mis à jour le 18 juillet 2023 à 14h31
JT Perso
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Source : TF1 Info

Vice-capitaine des Bleus aux 79 sélections, Gaël Fickou sera l'un des hommes forts du XV de France lors de la Coupe du monde, qui s'ouvrira le 8 septembre.
Avant la grande échéance mondiale, le centre tricolore a relevé le pari de se dévoiler avec son autobiographie "Derrière l'armure", parue début mai.
Un ouvrage, empli de tolérance, dans lequel il déclame son amour pour la France.

Il fend l'armure. Littéralement. À 29 ans, Gaël Fickou va vivre sa troisième Coupe du monde de rugby, chez lui, en France. Pour l'occasion, le vice-capitaine du XV de France a choisi de sortir de son confort habituel. Référence mondiale au poste de centre, le trois-quarts centre du Racing 92, qui a grandi dans un quartier populaire de La Seyne-sur-Mer, dans le Var, au sein de la cité Berthe, se livre sans fard dans une autobiographie intitulée Derrière l'armure, parue début mai aux éditions Solar. 

Plus jeune international de l'histoire à étrenner le maillot frappé du Coq (en 2013, à 18 ans et 11 mois), le Bleu en activité le plus capé (79 sélections, 14 essais) raconte son parcours singulier. Un parcours de vie qui a enseigné la tolérance au colosse - discret mais solaire - d'1,90 mètre pour 100 kilos. À 100 jours très exactement du coup d'envoi de la Coupe du monde, le 8 septembre avec le match d'ouverture contre la Nouvelle-Zélande (à 21h, en direct sur TF1, MYTF1 et en live commenté sur TF1info), le patron de la défense tricolore fait une déclaration d'amour à la France, "à qui (il) doit tout". 

Ma double culture franco-sénégalaise est ma grande force

Gaël Fickou, trois-quarts centre du XV de France

Il est rare pour un sportif de publier son autobiographie lorsqu'il est encore en activité. Vous avez pris le contrepied, à 29 ans, en couchant sur papier votre parcours atypique. Pourquoi vous êtes-vous dévoilé si tôt ?

Gaël Fickou : Je ne pensais pas un jour raconter mon histoire, et encore moins l'écrire. Max (Maxime Raulin, journaliste à L'Équipe et co-auteur, ndlr), avec qui je m'entends très bien, m'a contacté pour faire ce livre. Lors de nos échanges, je lui ai dit que je ne me sentais pas légitime, mais il m'a répondu que j'avais tort, que mon parcours de vie méritait d'être raconté et que le grand public aimerait sûrement savoir qui je suis. Dans la vie de tous les jours, je suis quelqu'un de très discret. Personne ne connaît le vrai Gaël, mis à part mes proches. Il m'a convaincu que ce serait intéressant de retracer mon histoire, dire d'où je viens, comment je me suis construit et quelles sont les valeurs qui m'animent. C'est comme ça que tout a commencé. 

Vous l'avez dit, on ne sait presque rien de vous. Vous ne vous épanchez ni dans les médias ni sur les réseaux sociaux. Pour ce livre, vous vous révélez sous votre vrai jour sur plusieurs centaines de pages. Était-ce compliqué ?

Ce n'est jamais simple de parler de soi. Raconter mon histoire, ça a fait remonter énormément d'émotions, de souvenirs. Il y a plein de choses que j'avais oubliées. Max, que je connais très bien, a su me mettre à l'aise. On s'est vu une dizaine de fois, plusieurs heures à chaque fois. J'ai pris beaucoup de plaisir à me replonger dans mon passé et à raconter qui se trouve "derrière l'armure". Dans ce livre, je ne parle pas que de rugby, ça n'aurait pas eu un grand intérêt. Je voulais qu'il y ait un côté social. Je voulais évoquer mes origines, ma double culture, la vie avec deux religions... C'était le but recherché. 

"Derrière l'armure", l'autobiographie de Gaël Fickou.
"Derrière l'armure", l'autobiographie de Gaël Fickou. - ÉDITIONS SOLAR

Vous avez un parcours singulier. Vous avez grandi dans la cité Berthe, un quartier sensible de La Seyne-sur-Mer. Vous avez commencé le rugby sur le tard, à 13 ans. Comment le ballon ovale s'est-il imposé à vous ?

Quand j'étais gamin, j'étais à fond dans le foot. C'était mon sport de prédilection. Les mecs de mon quartier disaient que j'allais devenir footballeur professionnel. Mais j'ai tout arrêté avant que ça n'aille plus loin. Le déclic, ça a été de voir jouer mon grand frère, Jérémie. Le rugby m'a attiré. J'ai mis un pied dedans et, finalement, je n'en suis plus jamais sorti. 

Dans le monde d'aujourd'hui, il est difficile pour les jeunes de trouver leur place. Vous l'avez fait, en revendiquant fièrement votre double culture franco-sénégalaise. En quoi cela vous a aidé à vous construire ?

La double culture franco-sénégalaise est ma grande force. Ça l'a été et ça l'est encore aujourd'hui. J'ai en moi une diversité, une ouverture d'esprit, qui m'a appris à m'adapter aux aléas de la vie. Le Sénégal est mon pays d'origine, c'est là où mon père (Sana) est né. J'ai du sang sénégalais qui coule dans mes veines, j'en suis fier. Même si je reste Français avant tout. 

Dans cet ouvrage, on découvre notamment l'amour inconditionnel que vous portez à la France. Vous le déclamez votre attachement à votre pays à longueur de pages. Assumez-vous, haut et fort, votre patriotisme ? 

Totalement ! Parfois, je trouve que l'on n'est pas assez patriote en France. Au rugby, on est fier de chanter "La Marseillaise" et de porter le maillot tricolore, mais, autour de moi, au quotidien, je ne ressens pas toujours cette fierté. Ce sentiment d'appartenance, c'est quelque chose que je voulais mettre en avant dans ce livre. La France, c'est le pays où je suis né, où j'ai grandi, où j'ai appris et où j'ai eu toutes ces belles opportunités. C'est à la France que je dois tout. Ceux qui ne voyagent pas à l'étranger ne voient pas ce qu'il se passe ailleurs dans le monde. C'est là qu'on se rend compte de la chance incroyable qu'on a de vivre dans ce pays. Tout n'est pas parfait, bien évidemment, mais l'herbe n'est pas forcément plus verte ailleurs. 

La religion m'a appris la tolérance

Gaël Fickou, trois-quarts centre du XV de France

Vous insistez aussi beaucoup sur l'importance de votre famille...

Il n'y a rien de plus honnête et sincère que la famille. C'est grâce à elle qu'on garde les pieds sur terre. Ce sont mes proches qui me motivent à repousser mes limites tous les jours, à les rendre fiers, même s'ils ne sont pas trop fans de rugby. Pour ne rien vous cacher, ils s'en foutent un peu (rires). Ils regardent les matchs à la télévision, mais vous ne les verrez presque jamais au stade. C'est déjà comme ça quand j'étais plus jeune. Pour eux, tant que je réussis ma vie et que je suis heureux, ça leur va. 

Hors des terrains, pour eux, vous êtes avant tout un fils et un frère.

Vous avez tout compris. Avec eux, je suis juste Gaël ou Gaëlou le frérot.

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Vous levez aussi la barrière de votre rapport à la religion, un sujet tabou chez les sportifs...

En France, on évite de parler de beaucoup de sujets. On a tendance à dire que tout est tabou, mais il n'y a pas de tabou. Mon père est musulman, ma mère (Annie) était chrétienne. J'ai grandi au contact de ces deux religions, ça m'a appris la tolérance. À la maison, quand j'étais petit, il y avait du porc à table. On vit en parfaite harmonie. Mon père nous a laissé choisir si on voulait être musulman ou chrétien. Mes sœurs sont musulmanes, moi et mon frère sommes chrétiens. C'est la preuve qu'on peut avoir des croyances différentes et vivre ensemble. Tout se passe très bien, tant qu'il y a le respect et le savoir-vivre.

Votre foi vous aide-t-elle à mieux vivre au quotidien ? 

Totalement. Elle me pousse à être une meilleure personne. À la base, les religions ont été créées pour bien vivre ensemble. On en a fait des guerres et des problèmes, mais la religion est faite pour rassembler, unifier et fédérer le monde. Elle doit avoir plus de bienfaits que de méfaits. Pour moi, elle enseigne le savoir-vivre, le savoir-être et la bienveillance envers autrui.


Yohan ROBLIN

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